Abubakar Muhammad Shekau, l’un des trois dirigeants du groupe islamiste nigérian Boko haram, placé le 21 juin sur la liste noire anti-terroriste des Etats-unis, a dirigé dans l’ombre la principale branche de l’organisation et a même été donné pour mort il y a quelques années.
L’homme est peu connu, bien qu’il soit apparu plusieurs fois dans des vidéos sur Youtube pour dénoncer le gouvernement nigérian et l’influence occidentale ou pour lancer des menaces d’attaques. Dans l’une de ces vidéos, il a revendiqué les attentats coordonnés et les fusillades qui ont fait 185 morts en janvier dans la ville de kano, dans le nord du pays, l’attentat le plus meurtrier commis par le groupe jusqu’à présent. "J’aime tuer quiconque Dieu me demande de tuer, de la même manière que j’aime tuer des poulets et des moutons", affirme-t-il dans l’un de ses messages. Il aurait 43 ans et serait né dans un village d’agriculteurs et d’éleveurs du nom de Shekau, comme lui, dans l’Etat de Yobe (nord-est). On pense qu’il a déménagé il y a environ dix ans vers la localité proche de Maiduguri, ancien fief de Boko haram, selon des sources proches du groupe. Shekau aurait étudié la théologie auprès de religieux locaux dans le quartier Mafoni de Maiduguri et fréquenté une école publique d’études islamiques. Sur des photos, il apparaît souvent coiffé d’un keffieh et assis près d’un fusil d’assaut Ak-47. Il était considéré comme le second dans l’organisation en 2009 au moment où un soulèvement général dans cinq Etats du nord avait amené une intervention de l’armée et avait fait plus de 800 morts en cinq jours. Le dirigeant du groupe, Mohammed Yousouf, capturé par l’armée et remis à la police, a été tué alors qu’il tentait de s’enfuir, selon la police, mais les défenseurs des droits de l’homme avaient évoqué une "exécution sommaire". Les deux hommes, Shekau et Yousouf, se seraient rencontrés par l’intermédiaire d’un dénommé Mamman Nur, alors troisième homme dans l’ordre de commandement de l’organisation en 2009 et que les autorités considèrent comme le maitre d’oeuvre de l’attaque contre le bureau de l’Onu à Abuja le 26 août 2011, où 25 personnes ont péri. La police avait annoncé que shekau avait été tué en 2009 lors de l’assaut de l’armée, mais il était apparu moins d’un an plus tard dans une vidéo qui a circulé au Nigeria. Certains disent qu’il avait été touché à la jambe et s’était caché au Tchad et au Soudan. Shekau aurait été plus enclin à recourir à la violence que Yousouf et l’aurait poussé à lancer des attaques plus tôt qu’il ne l’aurait voulu. "Nous avons attaqué les centres de sécurité parce que nos membres ont été arrêtés et torturés. Nos femmes et nos enfants ont aussi été arrêtés", selon les termes du message attribué à Shekau diffusé en janvier. "Ils ont aussi des femmes et des enfants. nous pouvons aussi les enlever. ce n’est pas hors de notre portée", avait-il ajouté.
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