Il y a une connexion avérée entre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et le groupe islamiste Boko Haram actif au Nigeria, a affirmé mardi 24 janvier à Nouakchott le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga. "Il y a une connexion...
....avérée entre Aqmi et Boko Haram", a déclaré M. Maïga à l’ouverture d’une réunion d’un jour des chefs de la diplomatie du Mali, de la Mauritanie, du Niger et de l’Algérie - dits "pays du champ" - à laquelle a été invité le Nigeria.
Il n’a pas fourni de détails sur cette "connexion avérée", que d’autres sources avaient auparavant indiqué soupçonner.
Depuis décembre, le Nigeria a enregistré plusieurs séries d’attentats sanglants contre des chrétiens et des églises chrétiennes.
Depuis début janvier, plus de 250 personnes ont été tuées dans ces attaques, dont 185 la semaine dernière à Kano (nord du Nigeria), selon Human Rights Watch (HRW).
Les "pays du champ" ont invité à leur rencontre de Nouakchott "le Nigeria pour échanger les expériences et les informations avec lui en matière de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme", a expliqué le ministre mauritanien des Affaires étrangères Hamadi Ould Hamadi à l’ouverture de la rencontre devant la presse. L’objectif est "de voir comment on pourrait s’entraider à faire face à ce grand défi posé par Aqmi au Sahel et Boko Haram au Nigeria", et les quatre "pays du champ" entendent poursuivre la concertation "pour éradiquer le terrorisme, le crime transfrontalier et les différents défis auxquels notre région est confrontée.
"Nous allons poursuivre les contacts et les échanges permanents, mener des patrouilles conjointes le long de nos frontières, poursuivre les criminels, contrôler les documents de voyage", a affirmé Soumeylou Boubèye Maïga.
Evoquant les affrontements ayant opposé la semaine dernière l’armée malienne à des groupes de rebelles touareg dans le nord du Mali, M. Maïga a simplement dit: "Les mouvements (des rebelles touaregs) sont injustifiés, et le Mali est indivisible". Son homologue nigérien Mohamed Bazoum a de son côté appelé "à des contacts réguliers pour faire face à une situation qui évolue rapidement" dans le Sahel. "Nous allons faire le point des évolutions et de la dégradation de la situation en raison de la prolifération des armes libyennes avec notamment le retour de contingents armés et la montée de la secte Boko Haram", a-t-il dit.
La réunion se poursuivait mardi après-midi à huis clos.
L’Algérie était représentée par son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et la délégation du Nigeria était conduite par son ambassadeur à Dakar, Mme Azuka Uzoka-Emejulu.
Le Burkina Faso, dont des experts ont participé mardi à une réunion préparatoire, n’était pas représenté, selon les organisateurs, qui n’ont pas fourni d’explication. Durant leurs travaux, "les ministres ont suivi un exposé présenté par la République fédérale du Nigeria et ont noté les liens qui existent entre les groupes terroristes de la région sahélo-saharienne et le groupe Boko Haram", indique leur communiqué conjoint distribué à la presse à la fin de la réunion.
Aucun détail n’a été fourni sur ces "liens". Au total, 12 Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel par Aqmi et un groupe présenté comme dissident, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest.
Les "pays du champ" ont accepté le Nigeria "en qualité d’observateur, en attendant son adhésion définitive" à leur regroupement, selon le communiqué final. "Les ministres ont recommandé d’intensifier leurs efforts en vue de détruire les filières logistiques et infrastructurelles des terroristes et de les déloger de leurs sanctuaires", selon la même source.
Ils ont également "exprimé leur préoccupation face au phénomène du paiement des rançons aux groupes terroristes preneurs d’otages, (ce) qui constitue une source majeure de financement du terrorisme, un encouragement aux activités des bandes armées devenues des sous-traitants dans les prises d’otages".
Ils ont aussi convenu d’organiser une conférence "sur le partenariat, la sécurité et le développement (Alger 2)", après une première rencontre à Alger.
Le Mali sera l’hôte de cette réunion "durant le 1er trimestre 2012". "Nous avons eu des discussions fructueuses et sérieuses sur tous les aspects de la sécurité au Sahel", s’est réjoui le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamadi Ould Hamadi, à la clôture de la réunion.
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