Oussama ben Laden se cachait dans une luxueuse résidence située près d’une académie militaire pakistanaise à moins de deux heures de route d’Islamabad lorsqu’il a été tué dans la nuit de dimanche à lundi dans une opération menée par la CIA. L’assaut...
...a été lancé par une petite équipe héliportée de commandos américains, ont déclaré des responsables américains. Après 40 minutes de combats, Ben Laden, l’un de ses fils, une femme non identifiée et deux hommes étaient morts.
Un photographe de Reuters qui se trouvait à Abbotabad, une ville nichée dans une vallée au nord d’Islamabad, a déclaré que la police avait bloqué la route menant au théâtre de ce raid nocturne mené contre un vaste complexe résidentiel.
Des responsables des services de sécurité pakistanais ont déclaré que l’opération, menée vers 01h30 du matin, avait impliqué des hélicoptères et des troupes au sol. La chaîne de télévision Express 24/7 a diffusé une image montrant ce qu’elle a présenté comme étant Ben Laden touché par balles à la tête.
Abbotabad est une ville de villégiature estivale située dans une vallée entourée de collines verdoyantes, près du Cachemire pakistanais. Elle abrite une population plutôt aisée et de nombreux militaires pakistanais à la retraite y sont installés.
Des extrémistes islamistes, notamment ceux luttant dans la partie indienne du Cachemire, avaient auparavant des camps d’entraînement dans les environs. Les Etats-Unis y ont soupçonné la présence d’Oussama ben Laden grâce à plus de quatre ans de surveillance de l’un de ses plus fidèles messagers, identifié par des hommes capturés à la suite des attentats du 11-Septembre. "Des détenus ont identifié cet homme comme étant l’un des coursiers d’Al Qaïda dans lesquels Ben Laden avait le plus confiance. Ils ont indiqué qu’il était probable qu’il vive en compagnie ou sous la protection de Ben Laden", a dit un responsable de l’administration américaine aux journalistes.
Les Américains ont découvert en août 2010 que ce messager vivait avec son frère et leurs familles respectives dans un bâtiment de trois étages inhabituellement luxueux et protégé comme une forteresse. "Quand on a vu la propriété où vivaient les frères, nous n’en revenions pas: un complexe extraordinairement unique", a dit un responsable américain. Les deux frères sont, outre Ben Laden et l’un de ses fils, les deux hommes tués dans l’assaut américain.
"La conclusion que nous avons tirée des éléments collectés et de notre analyse, c’est que nous étions assez certains que le complexe abritait une cible terroriste de haute valeur. Les experts qui ont travaillé sur cette question pendant des années ont estimé qu’il y avait une forte probabilité que le terroriste qui se cachait là était Oussama ben Laden", a dit un autre responsable.
Le bâtiment, environ huit fois plus haut que les résidences voisines, est installé au milieu d’un vaste terrain, qui, lorsque le complexe a été construit en 2005, était plutôt isolé au bout d’un chemin poussiéreux. Depuis, d’autres maisons se sont construites dans les alentours. Cette propriété est protégée par des murs d’enceinte hauts de quatre à cinq mètres et surmontés de fils barbelés.
A l’intérieur, d’autres murs séparent les différentes parties du site. L’accès est contrôlé par deux portails de sécurité et les habitants brûlaient leurs déchets sur place plutôt que de les laisser au ramassage comme le font leurs voisins, ont souligné les responsables américains. Quelques fenêtres donnent sur l’extérieur et une terrasse est protégée par un mur de deux mètres.
"Il faut aussi relever que cette propriété est d’une valeur estimée à environ un million de dollars mais qu’elle ne dispose d’aucune liaison téléphonique ni de connection internet", a dit un responsable américain.
"Les frères ne disposaient d’aucune source explicable de revenu." Les experts américains ont ensuite réalisé qu’une troisième famille vivait sur cette propriété. La composition de cette famille et l’âge de ses membres correspondaient aux proches, dont la plus jeune femme de Ben Laden, qui étaient censés vivre, selon les Etats-Unis, aux côtés du chef d’Al Qaïda.
"Tout ce que nous observions - le dispositif de sécurité extrêmement élaboré, le passé des frères et leur comportement, la localisation de la propriété elle-même - correspondait parfaitement à la cache que nos experts imaginaient pour Ben Laden", a dit un autre responsable de l’administration américaine. Des habitants ont été le témoin de l’intervention américaine. "Après minuit, un grand nombre de commandos ont encerclé la propriété.
Trois hélicoptères étaient en survol. Tout à coup, des tirs ont éclaté en provenance du sol et en direction des hélicoptères", a raconté un habitant, Nasir Khan. "Il y a eu des échanges de tirs intenses et j’ai vu un hélicoptère chuter", a poursuivi cet habitant, qui a suivi la scène du toit de sa maison. Un autre habitant, Sahibzada Salahuddin, a dit avoir été réveillé par des explosions. "Je dormais quand tout à coup il y a eu une explosion. Elle a été suivie par deux explosions plus faibles (...) J’ai ouvert la porte et j’ai vu que tout le complexe était en feu", a-t-il dit. A des milliers de kilomètres de là , dans une salle de conférence du siège de la CIA, à Langley, en Virginie, Leon Panetta, le directeur de l’Agence centrale du renseignement, et d’autres responsables des services de renseignement ont suivi en direct l’intervention des commandos américains. "Lorsqu’il a été dit que l’opération était un succès, les responsables de la CIA présents dans la salle de conférence se sont mis à applaudir plutôt bruyamment", a rapporté un responsable américain.
La mort de Ben Laden met fin à une traque de quasiment 10 ans menée par les Etats-Unis pour retrouver l’inspirateur des attentats du 11 septembre 2001. Il a été touché mortellement à la tête au cours d’une fusillade.
Les dirigeants de nombreux pays ont salué la mort d’Oussama ben Laden comme une victoire spectaculaire contre le terrorisme international, tout en appelant à rester vigilants face au risque d’attentats.
Les experts des questions de sécurité soulignent aussi que la menace terroriste n’a pas disparu avec la mort du chef d’Al Qaïda, qui n’exerçait plus de contrôle effectif sur un réseau éclaté en groupuscules isolés géographiquement. Lorsque l’annonce de la mort d’Oussama ben Laden s’est répandue, des milliers d’Américains enthousiastes se sont rassemblés à Washington et à New York pour célébrer cet événement et se souvenir des victimes des attentats du 11-Septembre, qui ont fait près de 3.000 morts. Barack Obama peut se prévaloir d’un succès personnel susceptible de favoriser sa réélection en 2012 et de faciliter ses projets de retrait des troupes américaines d’Afghanistan, où les Etats-Unis sont intervenus fin 2001 pour renverser le régime taliban ayant offert l’asile à Oussama ben Laden.
Le Pakistan pourrait en revanche se retrouver dans l’embarras. Seulement informées des détails de l’assaut une fois celui-ci terminé, selon un responsable américain, les autorités pakistanaises vont devoir expliquer comment le chef d’Al Qaïda pouvait vivre dans une luxueuse résidence aussi près d’Islamabad sans qu’elles ne le débusquent.
Les taliban du Pakistan ont menacé d’attaquer des responsables pakistanais, l’armée et les Etats-Unis en représailles. Fin 2001, Oussama ben Laden était parvenu à glisser entre les mains des Etats-Unis dans les montagnes de Tora Bora, en Afghanistan, malgré une vague d’intenses bombardements.
Les services américains ont retrouvé sa trace en suivant pendant plus de quatre ans la piste de l’un de ses messagers, identifié par des hommes capturés après les attentats du 11-Septembre.
Cet homme vivait à Abbottabad, dans une luxueuse résidence fortement protégée. D’après un responsable américain, Barack Obama a donné vendredi son feu vert à une intervention. Oussama ben Laden a été identifié par des techniques de reconnaissance faciale et des tests ADN sont en cours.
D’après le New York Times, son corps a été immergé en haute mer. Un hélicoptère américain a été perdu dans l’intervention en raison d’un problème technique mais l’équipage est sain et sauf, ont dit des responsables américains. Des habitants d’Abbottabad ont signalé la chute d’un hélicoptère après des tirs en provenance du sol.
Les chefs d’Al Qaïda tués ou capturés au Pakistan
La mort d’Oussama ben Laden lors d’un assaut des forces spéciales américaines à Abbottabad, au Pakistan, est le dernier événement en date d’une série de captures ou d’exécutions de chefs d’Al Qaïda sur le sol pakistanais depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Voici les principaux hauts responsables du mouvement armé tombés avant Ben Laden lors de cette traque menée dans un pays au coeur de la lutte contre les activistes islamistes. Khalid Cheikh Mohamed, "cerveau" présumé des attentats du 11-Septembre, a été capturé en 2003 dans la ville de garnison de Rawalpindi, près de la capitale Islamabad. Détenu à Guantanamo, il a revendiqué "l’opération du 11-Septembre de A à Z" mais aussi d’autres attentats attribués à la nébuleuse islamiste ainsi que l’enlèvement et la décapitation du journaliste américain Daniel Pearl en 2002 au Pakistan. Né au Koweït semble-t-il en 1965, sa tête était mise à prix 25 millions de dollars. "Si Ben Laden a été l’architecte d’Al Qaïda, Mohamed en était l’ingénieur", déclarait un enquêteur américain au Los Angeles Times au moment de sa capture. Ramzi ben al Chibh, présenté comme le responsable de la préparation logistique des attentats du 11-Septembre, a été arrêté en septembre 2002. Abou Zoubaïdah, soupçonné d’avoir été un relais du commandement d’Oussama ben Laden sur le terrain, a été arrêté au Pakistan en mars 2002.
Le Libyen Abou Laith al Libi, l’un des principaux agents d’Al Qaïda en Afghanistan, a été tué par une frappe de missile américain dans le Nord-Waziristan en janvier 2008.
Cheikh Saïd Masri, un Egyptien tenu pour avoir été le chef opérationnel d’Al Qaïda, a été tué par un drone américain dans le nord-ouest du Pakistan en mai 2010.
Egalement connu sous le nom de Moustafa Abou Yazid, il était vu comme le principal intermédiaire entre Oussama ben Laden et son numéro deux, Aïmane al Zaouahiri.
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