Les artificiers d’Al -Qaïda, en particulier au Yémen, sont devenus experts dans l’art d’exploiter les failles des systèmes de sûreté aérienne et un jour prochain ils réussiront à détruire un avion, préviennent des experts. Leur dernière tentative, l’envoi de colis piégés depuis Sanaa vers les Etats-Unis, via des sociétés de fret comme UPS et Fedex...
...n’a été déjouée que grâce à un renseignement provenant d’un agent infiltré au sein du réseau, alors que les bombes cachées dans des imprimantes avaient passé plusieurs contrôles. "Encore une fois, nous avons eu de la chance" assure Christophe Naudin, auteur de "Sûreté aérienne, la grande illusion". "Mais de toutes façons, ils arriveront à faire tomber un avion. C’est inéluctable. On va parvenir à déjouer une, deux, trois tentatives, mais statistiquement, à la septième ou huitième, cela va fonctionner. C’est une question de mois". Dans le troisième numéro de sa cyber-revue en anglais "Inspire", mise en ligne samedi, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) affirme : "Nous allons continuer à monter de telles opérations et peu importe si elles sont déjouées". "Pour nous, il est très rentable d’effrayer l’ennemi et de l’obliger d’être en état d’alerte permanent, tout cela en n’investissant que quelques mois de travail et quelques milliers de dollars", ajoute Aqpa. Grâce à l’enrôlement de jihadistes ayant vécu en Occident, à la facilité des recherches sur internet et parce qu’ils tirent les enseignements de leurs erreurs, les techniciens d’Al-Qaïda parviennent à garder un temps d’avance sur les policiers et les experts en sûreté aérienne. "Ils ne refont jamais deux fois exactement la même chose: une tentative qui échoue va générer les mêmes mesures de sécurité qu’un attentat réussi", commente Christophe Naudin. "Cela créé la même panique et provoque un renforcement des mesures de sécurité, qui coûtent des milliards et génèrent de nouvelles contraintes". Pour le patron d’une grande entreprise européenne spécialiste de la détection des produits dangereux, qui demande à garder l’anonymat, "ce qui s’est passé avec les colis piégés remet en cause tout l’édifice". "Cela démontre que les tentatives terroristes d’éprouver notre organisation, nos procédures, nos technologies sont efficaces. En s’en prenant au fret aérien, ils ont rendu publique une faille dont on évitait de parler, mais qui inquiétait tout le monde depuis le 11 septembre..." Pour Magnus Ranstorp, directeur de recherches au Centre d’études des menaces asymétriques du Collège suédois de défense, cette tentative "illustre leur obsession de frapper le transport aérien, et l’impact spectaculaire qu’aurait le fait d’atteindre le moteur de la mondialisation". Observant les réactions à leurs tentatives d’attentats, les artificiers d’Al-Qaïda s’adaptent rapidement, alors qu’il faut des mois, voire des années aux contre-mesures pour être définies, adoptées, financées et mises en place. "Prenez l’alerte aux explosifs liquides en 2006", poursuit le même patron. "L’Europe va installer les équipements adéquats à partir de 2013: sept ans. Et pendant ce temps, les menaces se déplacent". Commentant, avec force détails, l’envoi des colis piégés depuis Sanaa, Aqpa écrit: "Le gouvernement britannique a décidé que si une cartouche d’imprimante pèse plus de 500 grammes, elle ne sera pas autorisée à bord des avions. Qui est le génie qui a eu cette idée ? Vous pensez que nous n’avons que des imprimantes, à envoyer ?" Plus inquiétant encore, explique Christophe Naudin, "ils préparent l’utilisation d’armes chimiques à bord des avions. Des gaz mortels qui se moquent des portes de cockpits, que l’ont peut générer en mélangeant un produit
Michel MOUTOT (AFP)
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