L’Erudit Mohamed El Hacen Ould Deddew a apporté un important éclairage jusqu’ici inconnu sur l’après dialogue lancé en janvier 2010 entre le gouvernement mauritanien et les salafistes en prison. Lors d’une émission diffusée le 10 septembre sur la Télévision de Mauritanie...
...le Cheikh a indiqué que le gouvernement mauritanien a décidé depuis quelques temps de ne plus engager des poursuites contre les mauritaniens qui renoncent à la violence et reviennent chez eux. Une allusion trés claire aux mauritaniens présents dans les rangs d’Al Qaida au Magreb Islamique (Aqmi).
«Ceux qui sont à l’étranger, qui renoncent à la violence et reviennent au pays, ne font plus l’objet de poursuites, cela est mis en oeuvre depuis quelques temps» a-t-il dit sans fournir de chiffre sur les «revenants». Le Cheikh a défendu au cours de l’émission le dialogue avec les salafistes indiquant qu’il a permis d’obtenir "le repentir de jeunes qui avaient des idées extrémistes" ainsi que la grâce accordée le 8 septembre par le président de la République à 35 détenus dont des condamnés et des prevenus en detention preventive depuis quelques années . Il a appelé les détenus graciés à faire preuve de sincérité et à ne pas compromettre la chance qui pourra être accordée à leurs camarades restés encore en prison.
Interrogé par le très sérieux journaliste Taghiyoullah Ould Ledhem sur la pertinence du dialogue avec les salafistes le Cheikh Ould Dedew a répondu : «Ce sont les exclusivistes et les éradicateurs (en arabe: Igh sa iyoune et Isti e saliyoune) qui sont contre le dialogue. C’est cela le souhait de certaines puissances étrangères qui produisent les armes pour les conflits».
Et de poursuivre : «Les américains commencent à regretter l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, les Israéliens n’ont pas gagné à Gaza et cherchent des négociations avec l’autorité palestinienne».
«Notre pays a besoin de paix, de stabilité et le progrès est impossible sans la sécurité» a-t-il ajouté.
Ould Dedew avait critiqué le 19 mai les verdicts rendus contre des détenus salafistes jugés le 16 mai par la cour criminelle de Nouakchott.
Des détenus avaient écopé de peines allant de 5 à 10 de prison ferme au terme d’un procès au cours duquel trois autres prévenus poursuivis pour le meurtre des français à Aleg en décembre 2007 ont été condamnés à mort en première instance. «Les verdicts sont excessifs et de non conformes à la démarche initiée par le Président de la République et menée par les Ulémas (allusion au dialogue lancé en janvier)» a déclaré le très influent Cheikh Deddew.
La justice n’avait pas réagi à ses propos comme elle le fait avec les déclarations des justiciables, des avocats ou de l’opposition.
Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) avait publié à la même période un virulent communiqué audio dans lequel elle a dénoncé le dialogue et critiqué les religieux qui y ont pris part, les qualifiant d’«érudits du mal» (Uléma Es-Sou-eu).
"Ils nous demandent maintenant d’abandonner le Jihad alors qu’ils nous poussaient à nous y engager" entend-on dans le communiqué.
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