Une nouvelle loi sur le terrorisme ouvre la voie au repentir   
09/07/2010

Une nouvelle loi sur le terrorisme, adoptée cette semaine par le Parlement mauritanien, ouvre pour la première fois la voie du repentir aux combattants islamistes, pour tenter de contrer l’expansion d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).



Le texte adoptĂ© jeudi soir 8 juillet  par le SĂ©nat annonce, Ă  l’article 19: "Peut bĂ©nĂ©ficier de l’absolution de sa peine tout membre d’un groupe ayant planifiĂ© un acte terroriste qui en aurait informĂ© les autoritĂ©s administratives ou judiciaires, permettant ainsi d’en Ă©viter la mise Ă  exĂ©cution ou d’en identifier les auteurs". Selon des magistrats interrogĂ©s par l’AFP, cette disposition concerne des terroristes en libertĂ© ou des dĂ©tenus n’ayant pas encore Ă©tĂ© jugĂ©s. Mais la loi n’a pas d’effet rĂ©troactif pour des condamnĂ©s purgeant dĂ©jĂ  leur peine. La nouvelle disposition s’accompagne toutefois de plusieurs conditions imposĂ©es au repenti. Le parquet peut notamment le poursuivre s’il a des preuves que son repentir n’est pas sincère, en le plaçant sous observation pendant trois mois. De l’avis du juriste mauritanien Vadhili Ould Raiss, interrogĂ© par l’AFP, cette loi "s’inspire des règles de la Charia (droit musulman, ndlr) qui prĂ©servent l’innocence et le repentir. Elle donne ainsi un contenu et la possibilitĂ© d’une issue heureuse au dialogue avec les islamistes" radicaux. Ce juriste Ă©voque ainsi le dialogue "spirituel" lancĂ© en janvier, au sein mĂŞme de la prison de Nouakchott, entre des thĂ©ologiens mandatĂ©s par le gouvernement et une soixantaine de prĂ©sumĂ©s terroristes en instance de jugement. A l’issue de ces discussions, les Ă©rudits avaient soutenu que la plupart des dĂ©tenus avaient "reconnu leurs erreurs" et "renoncĂ© Ă  leurs idĂ©es fondĂ©es sur l’extrĂ©misme et la violence". A prĂ©sent, la loi donne une forme juridique Ă  cette idĂ©e de repentir. Une possibilitĂ© qui contraste avec les rĂ©centes condamnations Ă  mort de trois jeunes Mauritaniens affiliĂ©s Ă  Al-QaĂŻda. Le 25 mai, la Cour criminelle de Nouakchott a en effet condamnĂ© Ă  la peine capitale Sidi Ould Sidna, 22 ans, Maarouf Ould Haiba, 28 ans, et Mohamed Ould Chabarnou, 29 ans, reconnus coupables d’avoir assassinĂ© quatre touristes français près d’Aleg (sud-est), en 2007. 2009 avait Ă©tĂ© une annĂ©e noire, avec la multiplications d’actions terroristes inĂ©dites sur le sol mauritanien: l’assassinat d’un AmĂ©ricain Ă  Nouakchott, la tentative d’attentat d’un kamikaze qui s’est fait exploser près de l’ambassade de France, puis les enlèvements de trois Espagnols (dont deux toujours sĂ©questrĂ©s) et de deux Italiens. Pour le sociologue Mohamed Lemine Ould Sidi, le fait que le repentir soit dĂ©sormais permis par la loi est une bonne chose: "Je crois que le tarissement des sources du terrorisme passe par cette voie. Des jeunes peuvent ainsi ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©s et rĂ©conciliĂ©s avec leur sociĂ©tĂ© et leur religion". "C’est une sorte d’insertion sociale Ă  rechercher, dit-il Ă  l’AFP. Car il est Ă©tabli que la seule mĂ©thode forte ne peut avoir de rĂ©sultats sur des gens qui cherchent la mort comme objectif principal de leurs actions jihadistes".(Afp)


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