Algérie: onze gendarmes tués    
30/06/2010

Onze gendarmes algériens ont été tués le 30 juin à l’aube près de Tinzaoutine, à la frontière entre l’Algérie et le Mali dans le grand sud, par un groupe d’islamistes qui ont tendu une embuscade à leur convoi, a rapporté le quotidien "El Watan".



Les gendarmes ont été tués près de Tinzaoutine, dans la région de Tamnarasset, à quelque 2.000 km au sud d’Alger, alors qu’ils circulaient à bord de véhicules tout-terrain, a précisé le journal sur son site internet.

 Les assaillants ont également détruit ces véhicules et emporté les armes des gardes-frontières, a ajouté la même sourece.

 La région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence des activités de trafiquants et contrebandiers en tous genres mais aussi de groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont revendiqué plusieurs enlèvements de ressortissants étrangers.

 L’Algérie, qui a des frontières communes au sud avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, a annoncé la semaine dernière qu’elle allait mettre en oeuvre une nouvelle stratégie en coordination avec les pays voisins dans la lutte contre le "terrorisme transsaharien".

Cette nouvelle stratégie repose sur la coopération et le travail commun, la communication et la coordination afin d’intensifier les moyens de contrôle (...) et le renforcement de la bande frontalière par des unités de la Sûreté et de la Gendarmerie nationale pour lutter contre le terrorisme transsaharien, avait indiqué le ministre algérien de l’Intérieur.

Les violences impliquant des groupes armés islamistes ont sensiblement diminué d’intensité ces dernières années en Algérie mais Al-Qaïda au Maghreb reste actif particulièrement dans l’est du pays.

L’armée algérienne est "fermement" déterminée à éradiquer le phénomène terroriste, a affirmé mardi 29 juin à Cherchel (ouest d’Alger) son chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.

Le chef d’état-major a estimé que les groupes armés n’avaient plus que deux options: "ou bien ils reviennent sur le droit chemin (...) et bénéficient des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ou bien subir le sort d’une mort certaine".

Cette charte, approuvée par référendum en 2005, prévoit des mesures de grâce en faveur des islamistes repentis qui renoncent à la violence.

Une source sécuritaire étrangère contactée par l’AFP à Bamako a confirmé le bilan de 11 morts.

"C’est un coup bien préparé", a-t-elle ajouté, en précisant que les islamistes ont deux prisonniers, dont l’un a été libéré pour être "porteur de message pour les officiels algériens".

Cet attentat contre les forces de sécurité est le plus meurtrier en Algérie depuis près d’une année, quand des islamistes avaient attaqué le 29 juillet 2009 un convoi militaire près de Tipaza, célèbre ville balnéaire située à 70 km à l’Ouest d’Alger, faisant onze morts parmi les soldats.

L’attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le 22 octobre, six agents d’une société chargée de la sécurité d’un chantier de la société canadienne SNC Lavalin avaient été tués dans une embuscade près de Tizi Ouzou, en Kabylie (110 km à l’Est d’Alger).

Puis, le 3 avril 2010, sept agents de sécurité employés par une société de gardiennage et un militaire trouvaient la mort dans l’explosion de deux bombes dans la région de Béjaïa (250 km à l’est d’Alger), également en Kabylie.

Après une relative accalmie, un regain de violences marquait le mois de juin quand le 11, deux gendarmes et un civil algériens ainsi qu’un ressortissant chinois trouvaient la mort dans un attentat au véhicule piégé contre un barrage routier, toujours en Kabylie.

Trois islamistes armés avaient été tués après l’explosion et deux autres au cours d’une opération distincte des forces de sécurité.

La plus grande partie des attentats se produisent en Kabylie mais d’autres régions sont également exposées. Ainsi, cinq personnes étaient tuées et une blessée le 25 juin par des inconnus qui ont ouvert le feu sur les invités à une fête de mariage au douar Ghrab, près de Tebessa (650 km à l’est d’Alger).

La région du grand sud, où s’est produit ce nouvel attentat, est souvent dénoncée comme étant une zone "grise", où trafiquants en tous genres et islamistes armés sont particulièrement actifs.

Grâce à des liens d’affaires et familiaux tissés auprès des tribus nomades et des contrebandiers du désert, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ne comprend pas plus de 300 hommes, trouve un financement avec les rançons pour l’échange d’otages occidentaux et son implication dans tous les trafics, selon des sources concordantes interrogées par l’AFP en Mauritanie, en Europe et aux Etats-Unis.

Pour faire face à cette menace, un comité d’état-major opérationnel conjoint entre l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger a été installé le 21 avril à Tamanrasset. Une semaine auparavant, les chefs d’état-major de sept pays du Sahel (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie, Libye, Tchad, Burkina Faso), réunis à Alger, avaient discuté des "moyens susceptibles de promouvoir la coopération et la coordination sécuritaire pour asseoir, ensemble, un mécanisme adéquat à même de prendre en charge le phénomène du terrorisme et ses connexes", avait indiqué le porte-parole de la réunion.

 

Rappel des principaux troubles, violences ou enlèvements, liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, ex-GSPC) :


2003
- fév-mars 2003: 32 touristes européens sont enlevés par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le sud algérien. Les derniers otages sont libérés en août depuis le Mali, où ils avaient été transférés.
2006
 - 14 sept 2006: Le GSPC algérien prête allégeance à Oussama ben Laden et annonce début 2007 avoir changé son nom pour "Mouvement d’Al-Qaïda au pays (région) du Maghreb islamique" (Aqmi).
2007
 - 11 avr 2007: 30 morts, plus de 200 blessés dans deux attentats à Alger, dont l’un contre le Palais du gouvernement, revendiqués par Aqmi.
 - 6 sept: 22 morts et plus de 100 blessés dans un attentat-suicide visant le cortège du président algérien dans l’est.
Le 8, 30 morts dans un attentat-suicide contre une caserne en Kabylie. Revendiqués par Aqmi.

- 14 déc: Deux attentats-suicide à Alger visent le Conseil constitutionnel, la Cour suprême et deux immeubles de l’ONU (37 morts). Revendiqués par Aqmi.
- 24 déc: En Mauritanie, quatre touristes français sont tués près d’Aleg (sud-est). Trois jeunes Mauritaniens affiliés à Al-Qaïda seront condamnés à mort en mai 2010 pour cet assassinat. La Mauritanie n’a pas exécuté de condamnés à la peine capitale depuis plus de 20 ans
2008
 - 22 fév 2008: Deux touristes autrichiens sont enlevés en Tunisie, puis transférés au Mali. Libérés par Aqmi huit mois plus tard.
- 8 juin: un Français est tué dans un attentat à l’est d’Alger. Revendiqué par Aqmi.
 - 14 déc: Enlèvement de deux diplomates canadiens autour de Niamey, revendiqué par Aqmi. Libérés au Mali en avril 2009.
2009
 - 22 jan 2009: Quatre touristes, deux Suisses, un Allemand et un Britannique, sont enlevés dans la zone frontalière Mali/Niger.
Le 3 juin, Aqmi annonce avoir tué le Britannique. Les trois autres sont libérés en avril et juillet.
- 23 juin: Assassinat, revendiqué par Aqmi d’un Américain dirigeant un établissement d’enseignement à Nouakchott.
- 26 nov: Un Français est enlevé dans le nord-est du Mali. Aqmi le relâche en février 2010 après la remise en liberté au Mali de quatre islamistes réclamés par Al-Qaïda.
 - 29 nov: Enlèvement de trois Espagnols dans le nord-ouest de la Mauritanie, revendiqué par Aqmi. L’un des otages, une femme, est libérée le 10 mars.
 - 18 déc: Enlèvement d’un couple de touristes italiens dans le sud-est de la Mauritanie, revendiqué par Aqmi. Libérés le 16 avril.
2010
 - 8 mars 2010: Huit morts, dont cinq soldats nigériens, dans une attaque contre un poste militaire nigérien, revendiquée par Aqmi.
- 22 avr: Un Français et un Algérien sont enlevés dans la région frontalière Mali/Algérie. Début mai, Aqmi revendique le rapt du Français. Le chauffeur algérien est inculpé au Niger pour "complicité d’enlèvement".
 - 1er juil: Aqmi revendique l’attaque qui a coûté la vie à onze gendarmes algériens, la veille, près de Tinzaoutine, à la frontière entre l’Algérie et le Mali.

 (Afp)


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Commentaires
A-

2010-07-01 00:27:12

C’ est inacceptable! Le centre de Tamanrasset et Flintlock pour rien? Si cela arrive en Algérie, il faut prévoir que quelque chose arrivera chez nous.

Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés