Dans sa réaction aux plaidoiries des avocats, le représentant du Parquet M. Yacoub Ould Alweimine a défendu la compétence du juge qui a instruit le dossier 54/08 ainsi que l’équité du procès, concrétisée -a-t-il dit- à travers le respect des droits de la défense et ceux des prévenus. Les avocats ont vivement réagi à ses déclarations dans leurs répliques.
Selon la défense, les prévenus (poursuivis dans le dossier 54/08 relatif au meurtre des touristes français) ont été extraits à leur juge d’instruction naturel à Aleg et leurs aveux ont été obtenus sous la contrainte. «La loi donne à la cour criminelle la compétence de juger, mais pas celle d’instruire» a déclaré Me El Hacen Ould Moctar, lequel, tout en disant exprimer sa compassion avec les victimes, s’est étonné qu il n’y a pas eu de «témoins ou d’expertise balistique», dans un procès pénal; l’accusation s’étant basée sur des aveux, lesquels, aux termes de la loi, ne sont pas valables quand ils sont recueillis sous la contrainte ou avec la violence. En réponse à une question du représentant ministère public lui demandant de confirmer que les prévenus ont été torturés durant leur audition devant le juge, Me Ould Moctar a répondu : Non. Mais il a néanmoins affirmé que des «contraintes morales et physiques» ont bien été exercées sur son client Mohamed Ould Chabarnou devant les juges. «Les auditions devant les juges ont été un prolongement des pressions sur le détenu et sur son libre arbitre» a-t-il dit.
Dans sa réaction Me Bilal Ould Dik a indiqué que l’expertise relative au crime d’Aleg n’a pas respecté la loi, demandant que les preuves à charge notamment l’arme du crime et les douilles soient exhibées (elmeudva’e mnein? etteu’eumar mnein?, s’est-il demandé. Dans sa réplique Me Ahmed Miske a affirmé que "l’équité d’une procédure commence dés l’interpellation du prévenu, le procès étant la dernière étape de celle-ci", ajoutant que les prévenus ont été bien torturés durant leur détention. Un autre avocat a affirmé que les procès verbaux de police ne peuvent être considérés comme preuves, et que ceux établis lors de l’instruction ne représentent qu’une «vérité relative» avant de se demander: «Comment peut-on demander la condamnation de Ould Sidna à la peine de mort, alors que les procès verbaux en question n’ont pas établis qu’il a tué?». Me Zaim Ould Hemed Vall s’est étonné –à son tour- que le parquet ait demandé aux prévenus de prouver leur innocence, alors qu’il lui incombait de prouver leur culpabilité.
Le représentant du parquet a voulu réagir aux mitraillages des avocats, mais le président de la cour s’y est opposé, arguant que sa réaction entraînera, de nouveau, celles des avocats.
Le représentant du parquet a alors demandé le prolongement de la session jusqu’au lendemain (25 mai).
Ce que le président de la cour criminelle a finalement pris en compte.
En effet, après avoir demandé à écouter les dernières déclarations des prévenus en prélude aux délibérations et après que la majorité des détenus aient défilé à la barre (dont l’un a demandé à être fusillé, au cas où il sera condamné à mort), le président de la cour ordonna la suspension de l’audience, sans écouter un prévenu en l’occurrence Dahoud Ould Sebty.
«Un artifice» dira un avocat, qui aura permis au président de la cour de ne pas entrer dans la phase des délibérations , laquelle, l’obligerait à ne plus clore la session sans prononcer le verdict.
La session reprendra donc le 25 mai (une journée feriée) avec un seul prévenu, à écouter. Et la cour criminelle pourra ainsi entamer ses délibérations et prononcer son verdict. IOM
La reprise de cet article par les journaux mauritaniens nécessite une autorisation de TAHALIL.
|