M. Alain Joyandet secrétaire d’Etat français à la Coopération effectue mercredi 19 mai une visite en Mauritanie qui s’inscrirait dans le cadre d’une "brève tournée africaine pour préparer les discussions du Sommet Afrique-France", prévu le 31 mai à Nice. La tournée du diplomate l’a déjà conduit au Cameroun et au Mali.
A Bamako et Nouakchott, M Joyandet fera «le point avec les présidents (malien) Amadou Toumani Touré et (mauritanien) Mohamed Ould Abdel Aziz sur la coopération avec ces deux pays».
Les relations entre Nouakchott et Bamako ont connu un froid depuis la libération par le Mali -sur pression de la France- d’un terroriste recherché en Mauritanie en contrepartie de celle d’un otage français (Pierre Camatte) qui était avant sa libération le 25 février 2010, détenu par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi).
Deux mois après (le 22 avril), un deuxième otage français M. Germaneau était à son tour, kidnappé au Niger et vraisemblablement transféré au nord du Mali. Aqmi a revendiqué le 14 mai son enlèvement -sans poser d’ultimatum- et exigerait (cette fois) la libération de ses combattants détenus en Mauritanie. Jusqu’ici Aqmi avait échoué à faire libérer ses combattants détenus par Nouakchott dans le cadre du dossier clos des otages italiens libérés en contrepartie du paiement probable d’une rançon ainsi que des otages espagnols toujours séquestrés . La Mauritanie avait vigoureusement rejeté tout échange avec les ravisseurs des espagnols et des italiens dont les pays d’origine n’exercent pas une grande influence, contrairement à la France, sur les pays du Sahel. Nouakchott n’était pas en outre concerné par le dossier de Pierre Camatte dont les conditions de libération relevaient plutôt des autorités maliennes. On ne sait cependant, si la visite de M Joyandet s’inscrirait dans le cadre des pressions à exercer sur la Mauritanie (comme avec le Mali ,en février 2010) en vue de faire libérer des salafistes réclamés par Aqmi et d’épargner la vie du ressortissant français nouvellement enlevé. L’ambassadeur de France en Mauritanie, Michel Vandepoorter, a rendu visite au ministre mauritanien de la Justice dimanche 16 mai au début du procès des salafistes parmi lesquels des inculpés d’assassinat de quatre touristes français à Aleg. S’il est évident que l’Ambassadeur de France était venu s’assurer que justice serait rendue aux familles des français tués, il est également probable qu’il ait transmis "un message" aux autorités mauritaniennes. Ce message qui pourrait avoir trait aux négociations menées actuellement avec Aqmi pour libérer M. Germaneau, qui a repris la place, peu enviable, laissée vacante dans les geôles d’Aqmi, depuis la libération de Camatte. La Mauritanie va-t-elle accéder aux pressions de la France et se retrouver ainsi dans la position du Mali? La question qui revient de plus en plus, aux esprits. Jusqu’au 14 février 2010, le Mali –on le rappelle- avait crié son refus d’accéder aux exigences d’Aqmi portant sur la libération de salafistes détenus par Bamako en contrepartie de celle de Pierre Camatte. Finalement et après les navettes diplomatiques du ministre français des Affaires étrangères, Kouchner, et du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant à Bamako, le Mali s’est vu obligé de céder, tenant un simulacre de procès, par lequel des terroristes d’Aqmi avaient été libérés et acheminés, avec tous les égards, vers les camps d’Aqmi après avoir été condamnés à des peines équivalentes à leur période de détention préventive. Joyandet veut-il rééditer en Mauritanie, «l’exploit» réalisé par Kouchner au Mali, en février 2010? Le Mali, apprécierait, avance-t-on. IOM
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