Affaire Camatte: Paris assure ne pas avoir versé de rançon   
23/02/2010

Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré mercredi 24 fevrier que  la France n’a pas versé de rançon pour obtenir la libération du Français Pierre Camatte, libéré au Mali par un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). "La position des autorités françaises n’a pas changé: nous ne versons pas de rançon"...



...a indiqué lors d’un point-presse régulier le porte-parole, Bernard Valero, en réponse à des questions sur les circonstances de la libération de Pierre Camatte. "Notre mobilisation demeure totale aux côtés des Etats de la région  qui sont tous confrontés à cette menace terroriste", a assuré M. Valero, qui était aussi interrogé sur le mécontentement de la Mauritanie et de l’Algérie à l’égard des autorités maliennes.

La libération de M. Camatte suit en effet la remise en liberté par le Mali de quatre islamistes (deux Algériens, un Burkinabè, un Mauritanien), réclamée par Al-Qaïda. En signe de protestation, l’Algérie et la Mauritanie ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs en poste à Bamako.

"S’agissant des conditions de la libération de Pierre Camatte et des moyens mis en œuvre dans la région pour lutter contre Al-Qaïda, a expliqué M. Valero, de très nombreux paramètres, qui dépassent les développements de ces derniers jours, entrent en ligne de compte", a-t-il ajouté.

Des tractations doivent reprendre dans le nord du Mali pour tenter d’obtenir la libération de trois Espagnols et deux Italiens toujours séquestrés par Aqmi. "Après la libération de Pierre (Camatte), nous allons nous occuper rapidement du cas des autres. Il fallait libérer Pierre d’abord", a déclaré  à l’Afp l’un des négociateurs maliens.

Aqmi avait dans un premier temps accentué ses pressions sur Paris et Bamako, en menaçant de tuer le Français Pierre Camatte si elle n’obtenait pas la libération d’islamistes détenus au Mali.

Cette revendication a été satisfaite: les quatre prisonniers réclamés ont été remis en liberté, après avoir été jugés et condamnés à des peines déjà purgées, et Aqmi a attendu qu’ils soient bien arrivés dans le nord du Mali pour libérer l’otage français mardi. Vêtu d’un grand boubou blanc et coiffé d’un turban, Pierre Camatte, 61 ans, est arrivé le 24 février tôt le matin à Bamako, à bord d’un vol spécialement affrété depuis Gao (1.200 km de la capitale).

Le président malien Amadou Toumani Touré devait recevoir l’ambassadeur de France à Bamako pour faire "le point" de la situation. "Il se pourrait qu’une importante personnalité française" vienne à Bamako pour récupérer l’otage français, a glissé une source proche de la présidence malienne.

De source française, on évoquait l’idée que le président Nicolas Sarkozy, en visite au Gabon mercredi 24 février, puisse effectuer un voyage "express" à Bamako, juste avant de se rendre au Rwanda jeudi. Mardi, Nicolas Sarkozy avait déjà "remercié chaleureusement" par téléphone le président Touré "pour la gestion de cette crise et l’avait assuré du soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme", selon la présidence française.

Cependant, l’heure n’était pas au triomphalisme, car la libération du Français a été obtenue sur fond de crise diplomatique. Le ministère algérien des Affaires étrangères a clairement condamné la décision de Bamako de libérer "des terroristes recherchés par des pays voisins" en considérant qu’il "sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste s’activant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda".

Et, en signe de protestation, l’Algérie a annoncé mardi le rappel de son ambassadeur en poste à Bamako, tout comme l’avait fait la Mauritanie lundi.

De son côté, le gouvernement espagnol a exprimé  sa "satisfaction" de voir l’otage français libéré, en disant poursuivre ses efforts pour "obtenir le plus rapidement possible" la délivrance des trois Espagnols: Roque Pascual, 50 ans, Albert Vilalta, 35 ans, et Alicia Gßmez, 35 ans.

Après avoir traité avec l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd pour la libération du Français, les négociateurs maliens devaient prendre langue avec l’Algérien Moctar Ben Moctar, qui détient les Espagnols.

Une forte rançon est exigée en échange de leur libération, selon une source proche du dossier. Quant aux deux Italiens - Sergio Cicala, 65 ans, et sa femme Philomene Kabouree, 39 ans - ils se trouvent entre les mains de "Yahya Abou El Hemam", présenté comme un lieutenant d’Abou Zeïd.

Dans un ultimatum diffusé début février, Aqmi avait donné jusqu’au 1er mars au gouvernement italien pour répondre à ses exigences à propos de Sergio Cicala.

Les ravisseurs demandaient non seulement la remise en liberté des quatre islamistes déjà relâchés au Mali mais aussi la sortie de prison de combattants détenus en Mauritanie, selon la même source proche du dossier. (AFP)


Rappel des principaux troubles ou violences liés à Aqmi, (ex-Gspc)


14 sept 2006: Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien prête allégeance à Oussama ben Laden et promet de poursuivre le jihad. Le ralliement du GSPC à Al-Qaïda a été officiellement annoncé le 11 par le numéro deux d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri.
En janvier 2007, le GSPC annonce avoir changé de nom sur "ordre" de ben Laden, précisant qu’il se nomme désormais "Mouvement d’Al-Qaïda au pays (région) du Maghreb islamique" (Aqmi). 
11 avr 2007: 30 morts, plus de 200 blessés dans deux attentats à Alger, l’un visant le Palais du gouvernement, l’autre un commissariat de la banlieue est. Revendiqués par Aqmi.
6 sept: 22 morts et plus de 100 blessés dans un attentat-suicide visant le cortège du président algérien Abdelaziz Bouteflika à Batna (est).
Le 8, 30 morts dans un attentat-suicide contre une caserne à Dellys (Kabylie). Revendiqués par Aqmi.
14 déc: Deux attentats-suicide à Alger visant le Conseil constitutionnel, la Cour suprême et deux immeubles de l’ONU font 37 morts, dont 17 employés de l’ONU. Revendiqués par Aqmi. –
24 déc: En Mauritanie, quatre touristes français sont tués près d’Aleg (sud-est). Trois Mauritaniens présumés proches d’Aqmi seront arrêtés.
22 fév 2008: Deux touristes autrichiens sont enlevés en Tunisie, avant d’être transférés dans le nord du Mali. Rapt revendiqué par Aqmi. Ils sont libérés après huit mois de détention.
14 déc: Enlèvement de deux diplomates canadiens dans la région de Niamey, revendiqué par Aqmi. Libérés dans le nord du Mali en avril 2009.
-   22 jan 2009: Quatre touristes européens (deux Suisses, un Allemand et un Britannique) sont enlevés dans la zone frontalière entre Mali et Niger.
Le 3 juin, Aqmi, qui avait revendiqué l’enlèvement, annonce avoir tué le touriste britannique. Les trois autres otages sont libérés en avril et juillet 2009. -  23 juin: Un Américain dirigeant un établissement d’enseignement à Nouakchott est tué par balles. Aqmi revendique l’assassinat.
26 nov: Enlèvement d’un Français, Pierre Camatte, dans un hôtel de Ménaka (nord-est du Mali). Selon des sources maliennes, Camatte a été kidnappé par des Maliens de la région qui l’auraient ensuite "vendu" à Aqmi. Celle-ci revendique le rapt en décembre.
29 nov: Enlèvement de trois Espagnols membres de l’ONG Barcelona Accio solidaria sur la route Nouadhibou-Nouakchott (nord-ouest de la Mauritanie), revendiqué par Aqmi.
17 déc: Un couple de voyageurs italiens est enlevé dans le sud-est de la Mauritanie. Aqmi revendique l’enlèvement.
28 déc: Quatre touristes saoudiens faisant route vers le Mali sont tués dans l’ouest du Niger.
23 fév 2010: Aqmi libère le Français Pierre Camatte, peu après la remise en liberté au Mali de quatre islamistes réclamés par Al-Qaïda. 
 (AFP)


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