Un Nigérian qui pourrait être lié à Al Qaïda a été inculpé samedi aux Etats-Unis pour tentative de destruction d’avion après avoir essayé la veille d’allumer un engin explosif à bord d’un Airbus de Delta Airlines, a annoncé le ministère américain de la Justice. Selon les premiers éléments de l’enquête du FBI...
...le jeune homme de 23 ans, présenté comme étant Umar Farouk Abdulmutallab, a essayé de mettre le feu à un engin explosif contenant du pentaerythritol (PETN), une substance hautement explosive. "Si son complot présumé visant à détruire l’avion avait été mené à bien, un nombre important d’innocents auraient été tués ou blessés", a déclaré dans un communiqué le ministre de la Justice, Eric Holder. L’Airbus A330 assurait le vol Northwest Airlines 253 entre Amsterdam et Detroit avec 290 passagers et membres d’équipage. Northwest est passée sous le contrôle de Delta Air Lines. Le suspect, qui a été pris en charge par un hôpital du Michigan pour soigner de graves brûlures, avait été maîtrisé en vol et l’appareil s’était posé sans encombre à Detroit. D’après les témoignages de passagers et de membres d’équipage, le Nigérian se serait absenté aux toilettes pendant 20 minutes avant de retourner à son siège sous une couverture, prétextant des maux de ventre. Des passagers ont alors entendu des crépitements et senti une odeur suspecte. Certains ont remarqué que le pantalon d’Abdulmutallab et une paroi de l’appareil étaient en feu. Une seringue fondue a également été retrouvée près de son siège. LE MEME EXPLOSIF QUE CELUI DE RICHARD REID Le PETN était l’une des substances transportées par Richard Reid, qui avait tenté fin 2001 de mettre le feu à des explosifs dissimulés dans ses chaussures à bord d’un vol transatlantique. Reid, qui se réclamait du chef d’Al Qaïda Oussama ben Laden, purge une peine de prison à vie aux Etats-Unis. Les enquêteurs cherchent à établir si le suspect, comme il le prétend selon certains médias, a des liens avec Al Qaïda. Citant des responsables américains, le Wall Street Journal rapporte que le Nigérian a dit aux enquêteurs avoir reçu des instructions de membres d’Al Qaïda au Yémen sur le mode opératoire des explosifs. La chaîne ABC rapporte aussi que le suspect aurait déclaré aux agents du FBI avoir vécu pendant un mois avec un dirigeant d’Al Qaïda au Yémen, où il aurait reçu un entraînement. Mais selon NBC, qui cite des responsables des services antiterroristes, il aurait dit avoir agi seul. Au Nigeria, un membre de sa famille a déclaré à Reuters qu’il était le fils d’un éminent banquier. Le journal nigérian This Day, qui cite des membres de la famille, rapporte que son père n’appréciait guère les "positions religieuses extrémistes" de son fils et qu’il l’avait signalé il y a six mois à l’ambassade des Etats-Unis à Abuja et aux services de sécurité nigérians. ETUDIANT A LONDRES ? Selon des médias américains, il avait fait des études d’ingénieur à l’University College de Londres. L’université a déclaré qu’un dénommé Umar Farouk Abdulmutallab avait bien été enregistré entre septembre 2005 et juin 2008 mais que rien n’indiquait qu’il s’agissait du même individu. La police britannique a fait savoir qu’elle perquisitionnait à une adresse londonienne. Selon un représentant des services antiterroristes, les autorités recueillent des informations sur les activités du suspect lorsqu’il résidait au Royaume-Uni. L’appareil avait quitté Amsterdam vendredi et, selon les autorités néerlandaises, le suspect avait embarqué à Lagos et avait passé des contrôles de sécurité alors qu’il était en transit à l’aéroport Schiphol. Les mesures de sécurité y ont été renforcées, conformément aux dispositions réclamées par les autorités américaines pour les vols à destination des Etats-Unis. A Bruxelles, Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne chargé de la justice, de la liberté et de la sécurité, a déclaré que l’exécutif européen était en contact avec toutes les autorités compétentes pour faire en sorte que les règles et les procédures soient suivies en Europe. En Grande-Bretagne, le gouvernement a ordonné à tous les exploitants d’aéroports du pays de renforcer les mesures de sécurité pour les vols transatlantiques. En France, les autorités ont appliqué dès samedi matin les consignes de renforcement des mesures de sécurité envoyées dans la nuit par la FTA américaine (Federal transit administration). Une passagère, Richelle Keepman, a dit avoir été terrifiée par l’incident. "J’ai cru, comme tout le monde je crois, que nous n’allions pas réussir à nous poser", a-t-elle dit sur NBC. "Il était grièvement brûlé. Toute sa jambe était brûlée. Ils ont eu besoin d’un extincteur et aussi d’eau pour éteindre ça", a déclaré une autre passagère, Melinda Dennis, à NBC News.(Reuters)
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