La Libye a libéré le 15 octobre, 88 islamistes proches ou membres d’Al-Qaïda et annoncé sa décision de démolir la tristement célèbre prison d’Abou Slim à Tripoli, dans ce qui paraît être une tentative de Tripoli d’améliorer son image en matière de droits de l’Homme.
Quarante-cinq éléments du Groupe islamique des combattants libyens (GICL), ont été libérés jeudi 15 octobre de la prison d’Abou Slim, selon un journaliste de l’Afp sur place. Outre les membres du GICL, les 43 autres détenus libérés sont des "anciens membres d’Al-Qaïda qui étaient actifs en Afghanistan ou en Irak", a précisé à l’Afp Saleh Abdessalem, le bras droit de Seif al-Islam, fils du N 1 libyen Mouammar Kadhafi et président de la Fondation Kadhafi. Regroupés dans une cour de la prison, les détenus ont rencontré des journalistes avant d’accueillir leurs familles sous les youyous des femmes et les cris d’"Allah Akbar" (Dieu est grand). Certains ont fondu en larmes en retrouvant leurs enfants, épouses ou parents. Cette prison, tristement célèbre pour avoir été le théâtre en 1996 d’un massacre au cours duquel des centaines de prisonniers avaient été tués sera démolie, a annoncé jeudi une source officielle. Le gouvernement envisage par ailleurs d’"indemniser les familles des martyrs qui ont trouvé la mort dans les affrontements" de 1996, a souligné de son côté la Fondation Kadhafi, sans autre précision sur le nombre de morts ou la nature des affrontements. Selon Human Rights Watch (HRW), au moins 1.200 prisonniers ont été tués par les forces de l’ordre lors d’une fusillade dans cette prison en 1996, dans des circonstances qui restent confuses. Ancien membre du Gicl, Ibrahim Bouhlig, 35 ans, a été libéré jeudi après 11 ans de détention. Il a affirmé à l’AFP avoir quitté la Libye à l’âge de 16 ans pour aller combattre les Russes en Afghanistan. Il a été arrêté en Arabie saoudite en 1998 avant d’être extradé vers la Libye. Selon "Abou Hachem", de son nom de guerre, la libération fait suite à un "dialogue avec Seif Al-Islam par l’intermédiaire d’(un dignitaire religieux libyen), Ali Sallabi". Contacté par l’AFP, M. Sallabi a expliqué qu’"au début, le dialogue était très difficile. Les organes de sécurité n’avaient pas la culture du dialogue et les détenus vivaient dans des conditions difficiles, privés de visite et de soins", a-t-il dit. Selon lui, les membres du GICL "ont compris que le port des armes pour le changement menaient à une voie sans issue" et ont procédé à une révision de leurs opinions". Il a cependant affirmé que des centaines de membres, dont les dirigeants du groupe, sont encore emprisonnés. "Le but de Seif al-Islam est de les libérer tous. Mais cette volonté se heurte aux organes de sécurité qui souhaitent les libérer progressivement par groupes", a ajouté M. Sallabi. Le Gicl avait réaffirmé en 2007 sa détermination à combattre le régime de Mouammar Kadhafi, avant d’annoncer la même année son ralliement au réseau d’Al-Qaïda. Ce groupe a été formé au début des années 1990 en Afghanistan par des militants libyens venus combattre les Soviétiques et restés sur place après le départ de ces derniers. Depuis le début du "dialogue" avec les islamistes, il y a deux ans, plus de cent membres du Gicl ont été libérés, a indiqué jeudi la Fondation Kadhafi, affirmant que "plus de 130" éléments étaient toujours en prison. Mais selon un des détenus libérés, pas moins de 400 membres sont toujours détenus. Pour le rédacteur en chef du journal Oéa, Mahmoud Boussifi, la libération des islamistes "traduit le sérieux du dialogue et donne des signes positifs vers une conciliation nationale", dans un pays souvent pointé du doigt par les organisations de défense des droits de l’Homme.
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