J’ai décidé de rendre publique la lettre que j’avais adressée à son Excellence le Président de la République le 16 septembre dernier à l’occasion de l’avènement du mois béni du Ramadan, lettre dans laquelle je lui avais exprimé mon souhait de le voir procéder à une réelle ouverture politique face aux multiples dangers qui guettent notre pays.
Les mouvements de protestation qui ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs de nos villes traduisent éloquemment la profondeur du malaise que nous vivons.
Ces mouvements spontanés annoncent-ils des secousses encore plus grandes et ne seraient-ils alors que l’arbre qui cache la forêt ?
Si tel est le cas, des solutions concertées appropriées et efficaces devraient donc être rapidement envisagées. Dés lors, la formation d’un large rassemblement politique national s’impose à nous.
Certes, l’actuelle majorité compte en son sein plusieurs candidats à la dernière élection présidentielle. Ce qui n’est pas mauvais en soit, mais non suffisant pour assurer la réussite des reformes inscrites dans le cadre du changement annoncé et tant souhaité par nos populations.
Egalement, la constitution de ce large rassemblement politique mettrait notre démocratie naissante à l’abri de tout dérapage éventuel et lèverait en particulier toute équivoque ou suspicion au sujet du parti actuellement en création que certains ne s’empêchent pas à présenter déjà , comme un futur «parti Etat».
Cependant, cette orientation n’est pas partagée par certains groupes et lobbies qui gravitent autour du pouvoir et qui tentent chacun d’en faire un outil au service de ses visées particularistes. Mais cette nécessité d’ouverture politique n’est-elle pas une exigence du moment?
Toutefois je reste convaincu que le président de la République et tous ceux qui soutiennent réellement son programme de changement finiront par choisir la seule voie qui vaille, celle qui rassemble notre peuple pour relever les grands défis du moment.
En empruntant le chemin de la concorde nationale, l’histoire de notre pays retiendra que l’actuel président de la République aura été non seulement un grand bâtisseur mais aura été surtout un véritable rassembleur. Tous les mauritaniens lui en sauraient gé.
A
Son Excellence
Le Président de la République Islamique de Mauritanie,
Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
Objet : Proposition d’ouverture politique.
Monsieur Le Président,
Suivant une pratique établie d’échange de voeux en ce mois béni du Ramadan, permettez-moi, Monsieur Le Président, de vous exprimer mes meilleurs souhaits de santé et de réussite à vous, votre famille et toute l’équipe qui vous assiste dans l’accomplissement de votre exaltante mission.
Aussi, je saisis cette agréable occasion pour vous faire part de mon opinion personnelle sur des affaires nationales d’actualité, en guise d’humble contribution au débat instauré autour de ces questions.
En effet, notre pays traverse une phase cruciale de son histoire, que vous n’êtes pas sans apprécier à sa juste dimension.
Ainsi donc il ne vous échappe certes pas que dans l’espace sahelo - saharien où nous vivons, les tentions qui y couvaient ont pris, ici et là , la forme de conflits armés ouverts ; ce qui doit nous inciter à aller au devant des événements et régler par nous-mêmes et pour nous-mêmes tous les dossiers pendants qui existent chez nous et qui risquent à terme de nous entraîner dans cette tourmente dangereuse.
C’est ce que vous avez bien compris, Monsieur Le Président, et l’action que vous avez engagée dès votre prise de fonction est louable, parce que urgente et prioritaire. Mais cette action gagnerait par l’introduction de nouvelles mesures qui viendraient la renforcer et la rendre mieux adaptée au contexte politique prévalant actuellement dans notre pays.
D’ailleurs l’expérience a montré que dans ce domaine, toute action engagée qui occulterait le caractère politique de l’affaire en question, tout en ne traitant que son aspect humanitaire n’aboutit généralement pas aux résultats escomptés. C’est pourquoi toutes les tentatives de solution menées jusqu’à ce jour par l’Administration et ses relais ont toutes malheureusement échoué.
Il devient dès lors impérieux d’impliquer les partis politiques et les principaux acteurs intéressés par ces dossiers, pour arriver à un véritable règlement, global et définitif, de cette affaire. A mon avis, ceci doit se traduire par une réelle ouverture politique et se concrétiser par la constitution d’un gouvernement de large participation nationale. Le nouveau Premier Ministre tirera sa force et sa légitimité de la confiance que vous aurez placée en lui et ne sera alors ni chef de parti, ni chef de groupe politique donné.
Ce nouveau gouvernement d’ouverture ainsi constitué aura alors la capacité d’assurer la réussite des reformes audacieuses sur la voie desquelles vous vous apprêtez à engager le pays tout entier, vous inscrivant de fait dans l’esprit du mouvement salutaire du 3 août 2005, fondé sur la concertation et le consensus national.
Ainsi vous aurez tourné la page de l’élection présidentielle précédente, une étape aujourd’hui dépassée et ouvert la voie à la formation d’un grand rassemblement politique en Mauritanie qui mettra le pays à l’abri de tout soubresaut et le ferait avancer vers de nouveaux horizons prometteurs.
Enfin, je vous prie de bien vouloir excuser les excès de sincérité qui pourraient être perceptibles à travers certains de mes propos, et vous demande de croire à ma parfaite et respectueuse considération.
Puissent toutes nos prières en ce mois béni de Ramadan vous apporter le réconfort et guider vos pas sur le droit chemin.
Abdallahi Ould El Hadj Brahim
Candidat indépendant aux dernières élections sénatoriales
Domicile : Ilot B -159 – Tevragh Zeina
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