En d’autres circonstances, je n’aurais pas jugé utile de réagir à cet article intitulé Gaston Kelman, un nègre nègrier au service des nègriers Arabo-Berbères Mauritaniens au cœur de Paris qu’un certain Hanoune DIKO a publié mardi 18 juin 2013...
...sur HaratineBlogspot (lien en bas, ndlr). Je vous invite Ă le lire et Ă vous faire vous-mĂŞme votre opinion.
InformĂ© des manifestations qui se dĂ©rouleraient pĂ©riodiquement Ă l’ambassade de Mauritanie Ă Paris, je suis allĂ© le 12 juin m’en rendre compte personnellement. LĂ , j’ai appris qu’une rencontre-dĂ©bat se tenait le mĂŞme jour Ă l’AssemblĂ©e nationale sur la Mauritanie. Je m’y suis rendu. À la porte, mon ami l’avocat mauritanien JemalOuld Mohamed a Ă©tĂ© pris Ă partie par BiramDahAbeid,un autre dĂ©fenseur des droits de l’homme en Mauritanie. Les propos Ă©taient d’une vulgaritĂ© inattendue, surtout quand on sait que le principal reproche qui Ă©tait fait au jeune avocat, c’est de faire son mĂ©tier en appliquant le premier des droits humains, selon lequel tout le monde a droit Ă ĂŞtre dĂ©fendu. Jemal, dĂ©fenseur du prĂ©sident mauritanien notamment contre NoĂ«l Mamère qui avait profĂ©rĂ© des projets inimaginables contre lui, Ă©tait un «mercenaire» aux yeux de Monsieur DahAbeid. La colère du grand homme viendrait du fait que la veille, il avait rencontrĂ© Jemal Ă France 24 en langue arabe. Hors antenne, il aurait reconnu que le prĂ©sident Aziz avait fait bien avancer le problème des sĂ©quelles. Seulement, Ă l’antenne, il a tenu des propos diamĂ©tralement opposĂ©s. Ce que n’a pas manquĂ© de lui signaler Jemal. L’homme s’est dĂ©chaĂ®nĂ© Ă l’antenne et sa poursuivi son invective le lendemain, Ă la porte de l’AssemblĂ©e. Contrairement Ă ce que prĂ©tend Monsieur Diko, je n’ai pas Ă©tĂ© «foutu dehors» par la sĂ©curitĂ©. J’ai abandonnĂ© l’idĂ©e d’assister Ă un dĂ©bat oĂą il Ă©tait clair que les organisateurs ne pouvaient supporter un autre son de cloche que le leur. Je les ai donc laissĂ©s Ă leur infaillibilitĂ© et m’en suis allĂ© vers d’autres cieux plus clĂ©ments. Je n’ai jamais cachĂ© ma sympathie pour le peuple mauritanien que comme tout le monde, j’avais un peu hâtivement jugĂ© d’esclavagiste. Puis un jour, je l’ai visitĂ©. Pourquoi lui et pas un autre ? Tout simplement parce que le prĂ©sident – un Maure supposĂ© esclavagiste – avait acceptĂ© de me recevoir. Je m’intĂ©ressais de plus en plus aux expĂ©riences dĂ©mocratiques africaines. J’aurais bien voulu travailler avec le Mali ou encore tel ou tel autre pays. Mais nulle part je n’ai reçu un accueil favorable. Bien des gens m’ont fait comprendre que le complexe du Noir aurait permis Ă n’importe quel journaliste ou Ă©crivain blanc d’être reçu, mais que moi, je n’étais qu’un Noir et donc bien peu de chose aux yeux des entourages des leaders noirs. Quand j’ai sollicitĂ© le prĂ©sident mauritanien – maure, donc blanc -, Ă©chaudĂ© par l’accueil humiliant que j’avais essuyĂ© de la part de mes «frères noirs», instruit comme tous les profanes du «racisme mauritanien», j’ai insistĂ© pour que l’on dise au prĂ©sident que j’étais dĂ©fini comme noir. Je n’oublierai jamais sa rĂ©action. « Vous dites que ce Monsieur est un Noir et il a rencontrĂ© un tel succès chez les Blancs. Alors c’est qu’il est très bon et j’ai bien envie de le rencontrer ». J’ai Ă©tĂ© en Mauritanie. J’ai rencontrĂ© des hommes et des femmes de toutes les classes sociales – du prĂ©sident maure de la rĂ©publique au serviteur noir sous la tente dans le dĂ©sert - et de toutes les races. Je les ai Ă©coutĂ©s, je les ai entendus. Ils m’ont ouvert leurs cĹ“urs et leurs portes. J’ai Ă©crit un livre sur ce peuple. J’ai accompagnĂ© ses reprĂ©sentants Ă l’ONU comme consultant indĂ©pendant, pour Ă©couter leur plaidoyer contre l’esclavage et le travail qu’ils avaient accompli pour en Ă©radiquer les sĂ©quelles. Je ne le regrette pas. Ils m’ont invitĂ© dans leurs ambassades, dans leurs consulats. Alors, j’ai compris que les exemples vivants sont d’un autre pouvoir. J’ai Ă©tĂ© surpris par la diversitĂ© des races qui rĂ©gnait dans les bureaux. J’ai rencontrĂ© l’ambassadeur de Mauritanie Ă Genève, un haratine, le consul Ă Paris, un SoninkĂ© devenu ambassadeur par la suite. Je rapporte ce que j’ai vu et qui m’a interpellĂ© sur le racisme dont on accuse la Mauritanie. J’aimerais que les peuples du Maghreb qui n’ont jamais dĂ©frayĂ© la chronique du racisme, prĂ©sentent la mĂŞme diversitĂ© raciale dans leurs reprĂ©sentations diplomatiques. J’aimerais que les reprĂ©sentations diplomatiques de la France prĂ©sentent la mĂŞme diversitĂ©. Et ce n’est pas pour cela que l’on clouera la France au pilori du racisme. Ce n’est pas pour les propos de quelques dinosaures bĂ©kĂ©s de Martinique, sĂ©quelles vivantes d’une autre ère, que l’on va dresser des procès Ă la France. Vous avez peut-ĂŞtre entendu parler de l’arbre de la colère en Louisiane, cet arbre sous lequel encore en 2006, seuls les Ă©lèves blancs se croyaient le droit de s’asseoir. Quand les Ă©lèves noirs ont enfreint cette règle, le lendemain matin, 1er septembre 2006, trois cordes Ă noeud coulant pendaient Ă une branche de l’arbre. La corde, dans cette rĂ©gion, Ă©voque l’esclavage, les lynchages et le Ku Klux Klan. Pourtant CondolezzaRice Ă©tait ministre et deux ans après Obama devenait prĂ©sident. Cette lourde sĂ©quelle de la traite justifie-t-elle que l’on oublie tout le chemin parcouru dans ce pays oĂą mĂŞme les Black panthers ont compris que leur combat serait dĂ©sormais d’arrière-garde ? Le Noir et ses amis ne se rendent pas compte qu’à ramener toutes les perspectives sur le domaine coloriel, ils fragilisent un groupe, celui des Noirs. Je ne le rĂ©pèterai jamais assez. Chaque fois que le Noir se dĂ©finit comme Noir, il entre dans le lexique raciste du 19ème siècle et en accepte les critères. Le salut du Noir passe par une seule et unique perspective, Ă©radiquer cette identitĂ© colorielle dont il est victime, dont tous les peuples se sont servis pour l’asservir ou le minimiser. Ce n’est pas le Noir qui a Ă©tĂ© esclave. C’est un groupe qui s’est trouvĂ© sur un territoire que certains facteurs ont conduit Ă ĂŞtre le lieu de production des esclaves. Est-ce Ă cause de leur couleur que les Indiens ont Ă©tĂ© exterminĂ©s et que les rares survivants sont aujourd’hui parquĂ©s dans des rĂ©serves du Montana comme les gnous du SĂ©rengueti ou les antilopes de Waza ? Que les aborigènes d’Australie ont subi un sort sensiblement identique ? Le critère qui a Ă©tĂ© Ă la base de la programmation du gĂ©nocide juif, armĂ©nien ou tutsi n’est point coloriel. Il est bestial. Je refuse de me donner mes boursouflures comme / d’authentiques gloires. / Et je ris de mes anciennes imaginations puĂ©riles. Comme CĂ©saire, je ne voudrais pas faire de ma couleur et de mon histoire, la seule perspective qui justifie mon passĂ© et dĂ©finit mon avenir. Je ressens une profonde pitiĂ© pour ces ĂŞtres sans scrupule et de bien peu d’intelligence qui, comme des tiques, collent aux oripeaux dĂ©sincarnĂ©s du passĂ© pour en sucer un sang rare et infestĂ©. L’exploitation du passĂ© mauritanien est triste et mesquine. Non qu’il ne se soit rien passĂ©. Mais il n’existe pas plus de sĂ©quelles ici qu’ailleurs. J’affirme mĂŞme qu’il existe ici, moins de sĂ©quelles qu’ailleurs dans les pays du Maghreb, dans les vieilles terres castĂ©es d’Afrique de l’Ouest ou de l’Inde, dans les monarchies pĂ©trolières du Golfe. Mais il est plus reposant, plus lâche et plus payant de ramener tout Ă la dimension colorielle dans laquelle, le pauvre noir issu d’un peuple qui a beaucoup souffert, est la victime Ă©ternelle et sans tache. L’Occident chrĂ©tien bat Ă jamais sa coulpe et les nĂ©crophages nègres se repaissent de cette charogne. J’affirme que les scandales sur l’esclavage qui Ă©maillent les rubriques françaises ne sont point mauritaniens. Pourquoi tous ces exemples plus haut ne sont pas plus parlants que les fantasmes de quelques croisĂ©s souvent Ă double jeu ? Parce que comme toujours, c’est ceux qui reconnaissent leurs fautes passĂ©es et veulent s’amender qui sont victimes de la vindicte des lâches. Aujourd’hui, le monde occidental qui a fait son mea culpa sur l’esclavage, l’a criminalisĂ©, a produit des maires de grandes villes et un prĂ©sident aux Etats-Unis, des ministres, des dĂ©putĂ©s et des sĂ©nateurs en France ou en Angleterre, ce monde subit plus les critiques que le monde arabo-islamique qui n’a jamais gĂ©nĂ©rĂ© mĂŞme une simple pensĂ©e philosophique contre l’esclavage et au sein duquel les Noirs sont encore dĂ©signĂ©s par des appellations les plus avilissantes possibles. Alors, si je ressens de la pitiĂ© pour les exploiteurs de la situation mauritanienne, j’ai du mĂ©pris pour leurs leaders qui instrumentalisent cette situation, font preuve d’une bonne dose de malhonnĂŞtetĂ© intellectuelle, trompent l’opinion internationale, veulent museler ceux qui ne pensent pas comme eux en usant de l’invective, du mensonge, d’un chantage abject et de l’insulte. Je mets en garde les autoritĂ©s politiques et intellectuelles françaises qui prĂŞtent trop facilement leur logistique et leur oreille Ă ces personnes. Elle n’est pas loin la position inepte du genre de celle dans laquelle est tombĂ© NoĂ«l Mamère qui, après avoir Ă©coutĂ© ces gens-lĂ , s’est autorisĂ© Ă profĂ©rer des insultes contre le prĂ©sident mauritanien. Aujourd’hui, je pense qu’on ne l’y prendra plus. Gaston KELMAN. Paris, le 19 juin 2013.
L’article de M. Hanoune Dicko: http://haratine.blogspot.fr/2013/06/gaston-kelman-un-negre-negrier-au.html
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