Ses caractéristiques démographiques, socio-économiques et culturelles contribuent à faire de la République Islamique de Mauritanie une terre d’accueil favorable pour le lancement et le développement de la finance et des investissements islamiques.
Il s’agit d’une population musulmane à 100%, connue pour sa sensibilité religieuse. Cependant, elle présente un taux de bancarisation très faible (moins de 5% selon les données de 2011, à comparer avec un taux de 98% pour un pays comme la France). Cette faiblesse du taux de bancarisation est due au fait que la majorité des mauritaniens se tiennent à l’écart des banques conventionnelles qui recourent aux intérêts, et sont par conséquent accusées de ne pas respecter l’interdit religieux du riba. Selon une récente étude de marché, la micro finance islamique a aussi prouvé son opportunité, la PROCAPEC (Promotion des Caisses populaires d’Epargne et de Crédit) a déjà donné le bon exemple dans ce domaine. Cette politique bancaire qui oriente l’environnement financier en Mauritanie vers l’éthique musulmane contribue à créer un climat de confiance entre les clients potentiels et les banques, ce qui donnera une poussé au taux de bancarisation dans les prochaines années. Pour cette raison, de nombreuse demandes d’autorisation bancaire ont été effectuées cette année par des investisseurs, et le gouvernement a répondu par l’octroi de trois agréments bancaires : la Banque Populaire de Mauritanie (BPM), et Bank Almouaamalat Sahiha (BAS) et Mauritania islamic bank (Maurisbank). L’augmentation du nombre de banques aura un impact favorable sur l’économie du pays et favorisera un environnement concurrentiel entre les services bancaires, ce qui va aboutir à la baisse de la marge bénéficiaire appliquée par les contrats de vente islamique, dont le plus utilisé, el mourabaha. Du point de vue réglementation, le marché est encore sous l’emprise du cadre de la finance conventionnelle, mais le gouverneur de la Banque Centrale M. Sid’Ahmed Ould Rais a annoncé à l’occasion du premier forum sur le financement islamique en Mauritanie, qui s’est tenu dernièrement à Nouakchott, que « la finance islamique aura sa propre réglementation dans l’avenir proche ». Ce forum a marqué aussi la signature entre le gouvernement mauritanien et la Société islamique pour le développement du secteur privé (SIDSP), filiale de la Banque islamique de développement (BID), une convention qui permet à la Mauritanie d’émettre ses premiers bons de trésor islamiques. La finance islamique dans un pays comme la Mauritanie ne doit pas être un habillage du système bancaire conventionnel et doit conserver toujours ses caractéristiques shariatiques, qui par lesquelles a hérité le bon usage économique a savoir : - sa rotation réelle de l’actif économique, principe par lequel a conservé l’équilibre entre ses deux sphères : financière et économique - sa politique micro financière qui, grâce à l’impact de la religion musulmane, présente des relations plus solidaires entre emprunteurs et épargnants, et pourrait être une véritable opportunité de développement économique. Certes ; on peut confirmer que la finance islamique en Mauritanie reste toujours très limité (il ne représente qu’à peine 1% des actifs bancaire totaux du pays) et par conséquence déclenche un voyant rouge pour ne pas perdre les opportunités données par ce marché niche, ce qui nécessite, bien sûr, une manœuvre adéquate par nos acteurs politico-économiques.
Par Ahmedou Ould Ahmed Taleb Chargé de Cours Marketing et Commerce International à l’Université Libre de Nouakchott Chercheur en Finance Islamique
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