Le lycée de Bagodine : la démission de l’Etat   
04/06/2013

Aujourd’hui bien des lycées et collèges de Mauritanie sont mal construits, mal entretenus, mal sécurisés, mal assainis, non électrifiés, non branchés au réseau d’eau lorsqu’il existe, sans téléphone, sans personnel d’appui….



Je m’en vais essayer de vous décrire la situation dans quelques uns de ces établissements, à commencer par le lycée de Bagodine où j’étais de passage jeudi 30 mai 2013.
Le lycée de Bagodine est entouré d’un mur de hauteur assez respectable, deux briques de hauteur supplémentaire suffiraient pour rendre le mur difficilement escaladable.
Mais le mal se situe surtout à l’intérieur de l’établissement. Les salles de classes sont au nombre de 11 dont 8 ont des toitures en zinc. Vous pouvez facilement imaginer la température qu’il fait dans ces huit fours, sous la chaleur cuisante de la frontière sud-est du Brakna avec le Gorgol. Les fenêtres et les portes des classes ne ferment souvent pas, ce qui a l’inconvénient de laisser entrer d’énormes quantités de poussières, en temps de tempête. Des poussières très sales et très malodorantes parce que surchargées de détritus des excréments qui s’accumulent derrière l’enceinte du lycée et, souvent, à l’intérieur, juste sous les fenêtres des salles de classes. Parce que, figurez-vous, il n’y a pas de sanitaires pour les élèves du lycée de Bagodine et ils sont contraints de se soulager à l’air libre derrière l’enceinte du lycée ou derrière les classes. Les seules toilettes de l’établissement sont très mal entretenues et destinées exclusivement au personnel d’encadrement et aux enseignants.
Les tempêtes de sable pollué accumulent leurs apports sous forme de strates superposées sur des planchers qui, jadis, étaient en ciment. Actuellement ces planchers se sont complètement détériorés et transformés en poussière crasseuse. Dans ces classes /fours, s’agglutinent environ 80 élèves bagodins et bagodines, sans compter les hordes de mouches qui viennent s’abreuver sur leurs petites peaux fraîches en sueur. Bonjour les complications respiratoires et digestives !
Le bloc administratif est constitué d’une petite salle qui sert de bureaux aussi bien pour le chef de l’établissement que pour sa direction des études et surveillance générale, mais aussi comme salles des professeurs. Ces derniers se trouvent souvent contraints de s’asseoir à même le sol, à l’ombre des murs pour respirer pendant la recréation entre deux cours.
Au lycée de Bagodine, il n’y a pas d’eau courante. Il n’y a pas, non plus, d’électricité, parce qu’il n’y en a pas dans le village. La nuit, les bagodins se contentent du clair de lune, des bougies ou des lampes à pétrole, pour ceux qui n’ont pas réussi à se procurer un panneau solaire. Et, tous jettent de temps en temps un regard jaloux du côté de la rive sénégalaise du fleuve pour regarder briller comme des diamants les lumières des plus petits villages sénégalais, tous branchés au réseau électriques.
Face à la démission de l’Etat, il est surprenant que les fils de Bagodine tardent à se mobiliser. Ils fournissent certainement des efforts, l’observateur passager que je suis peut au moins témoigner des logements qu’ils mettent à la disposition des enseignants et pour lesquels ils sont vivement remerciés. Mais la situation est alarmante et exige qu’ils se mobilisent immédiatement pour qu’il n’y ait plus jamais ça !
Sidi I. Boudide


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