La saison des «soldes politiques»   
06/05/2013

La scène politique nationale est, aujourd’hui, dynamique, au point qu’il devient quasiment impossible, pour le commun des mortels, d’en saisir une configuration précise. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer la propension de cette scène, à changer...



...fréquemment de « géométrie ». Les enjeux liés aux échéances électorales, toutes proches, impriment un « spin » élevé au paysage politique national, déstabilisant certains de ses acteurs au point de les transformer en chercheurs désespérés d’asile électoral.
Les futures échéances électorales seront virtuellement couplées, car que la CENI réussit ou pas à tenir son calendrier électoral déclaré, le temps qui séparera les élections générales et les élections présidentielles, sera très court, voire inexistant ; tous les leviers du pouvoir politique seront simultanément remis en jeu. Prosaïquement, on peut imaginer un chasseur qui « tombe sur » du gibier à profusion, alors que son archer n’est que faiblement garni ; sans un niveau minimum de concentration et de « réalisme », il peut arriver qu’il fasse usage de tous les arcs en sa possession et manque toutes ses cibles à la fois… C’est par ce syndrome de « prédateur fou » que sont atteints, aujourd’hui, certains segments de notre classe politique dont le fameux trio K-A-W (Kane-Abeiderrahmane-Waqev).
L’appréhension de lendemains électoraux qui déchantent, provoquent une « phobie des urnes », chez d’autres vieux acteurs politiques, habitués à glaner d’importants dividendes, par le seul « miracle » des manœuvres et des intrigues ; ces vétérans de la politique comprennent assez clairement que la « roue » est sur le point d’effectuer une rotation complète et qu’à défaut de la freiner, ils se doivent de la ralentir, en s’accrochant désespérément à l’essieu… Les vieux dirigeants de la COD (Islamistes de Tawassoul, « Socialistes » du RFD, Communistes de l’UFP) incarnent une école politique qui a « bêtement » renoncé à enfourcher l’étalon du Dialogue national et tente, à présent, de se remettre en ordre de bataille électorale, en acceptant formellement « l’Initiative Messoud », pour mieux la torpiller. Le mot d’ordre politique chez la COD, consiste à maintenir l’illusion que la Mauritanie vit toujours l’avant-Accords de Dakar. En se cramponnant au fantasme de la « crise politique » et en jetant leur dévolu sur un Printemps arabe improbable, les vieux dirigeants de la COD, ont irrémédiablement perdu la main, politiquement parlant. Leur désarroi est d’autant plus total, que les « extrêmes » (IRA, 25 février, FLAM) sur lesquels ils comptaient, pour susciter un « accident politique » dans le pays, sont eux-mêmes en train de « faire les yeux doux » au pouvoir, pour leurs propres comptes. Il est vrai qu’en dépit de l’agitation hystérique des « sherpas » de la France-à-fric en Mauritanie, que sont Bertrand Fessard de Foucault, Noel Mamère et William Bourdon, le PS français a sagement prescrit à ses (im)patients mauritaniens du RFD, de s’en tenir strictement à la règle du suffrage universel ! Débordés, à sa gauche, par ces « extrêmes », à sa droite, par une CAP dialoguiste, et éconduit à l’extérieur, la COD fonce vers le « centre » de l’échiquier politique (Galb Elkesra ma-ynehrag), en s’arc-boutant sur l’idée farfelue de s’unir, dans le cadre d’un gouvernement consensuel, avec ceux dont elle réclamait le départ, à cor et à cri ! Ce serait une prime à l’irresponsabilité politique, n’est-ce pas ? L’argument « béton » avancé par les dirigeants de la COD, pour justifier cette nouvelle embardée politique, après celle du Printemps, consiste à expliquer doctement à leurs militants, que sans portefeuilles ministériels, point de confiance des électeurs ! Curieuse compréhension de la démocratie pluraliste et de son corollaire, l’alternance pacifique au pouvoir !
Le royaume d’Espagne vient d’enregistrer la première diminution de sa population, de son histoire moderne, non pas en raison d’une dénatalité subite, mais à cause d’un retour massif de ses immigrés -et de certains de ses propres citoyens- vers leurs pays d’origine (Amérique latine, Maghreb, Afrique subsaharienne), poussés par les contraintes d’une crise économique qui perdure. D’autres pays européens deviennent de moins en moins hospitaliers pour leurs immigrés et pour leurs citoyens les plus mal lotis. C’est dans ce contexte qu’il faut situer le retour des Flam en Mauritanie et la « politisation » de l’activisme de l’IRA. Des organismes comme le NDI et Freedom House, sont de moins en moins enclins à prendre pour argent comptant, les récits fantaisistes des chercheurs d’asile économiques, au sujet des « Arabo-berbères qui réduisent en esclavage les Négro-mauritaniens ». La sébile régulièrement tendue par les opposants politiques mauritaniens à l’extérieur, sous des oripeaux fantaisistes, ne nourrit plus son homme ; en Europe, le quart-monde menace de phagocyter des classes moyennes condamnées à « tirer le diable par la queue ». Les libertés d’organisation, d’expression et d’entreprenariat, sont à présent suffisamment développées en Mauritanie, à telle enseigne que les rengaines héritées de la funeste période d’exception, font rire sous cape les diplomates accrédités à Nouakchott et douter les militants des droits de l’Homme les plus candides. Les adeptes des FLAM et de l’IRA doivent s’attendre à une longue traversée de désert électorale, car l’opinion publique locale pardonnera difficilement à ces « nouveaux » acteurs politiques, d’avoir régulièrement tenté de remettre dangereusement en cause l’unité nationale et la cohésion sociale du peuple mauritanien.
Face à une majorité présidentielle, psychologiquement dopée par un « bilan » honorable, attesté, dans son volet financier, par le FMI (taux annuel de croissance de 8%, réserves en devises d’un milliard de dollars, maitrise de l’inflation et résorption du déficit budgétaire), les opposants au président Aziz, sont désormais réduits à un défilé consensuel, dans le cadre de laborieuses manœuvres, dignes d’une saison de grandes « soldes politiques »...
Cheikh Elwely
Source: Maurisahel


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