
L’action écologique chinoise induit de créer une oasis verte dans le sable mauritanien. Sous le soleil d’aplomb à Trarza (ouest de la Mauritanie), une révolution environnementale chinoise fait des merveilles pour les cultivateurs de potagers. À Bir El Barka, un village désertique situé à 70 kilomètres de Nouakchott, des tuyaux d’irrigation au goutte-à-goutte serpentent le sol sablonneux.
Là où régnait un paysage aride, des pousses vertes émergent, nourries par une eau puisée grâce à l’énergie solaire. Ce miracle agricole est le fruit d’un ambitieux partenariat entre la Mauritanie et la Chine. Lancé en juillet 2024, le Parc des technologies vertes sino-africain ne se contente pas d’embellir le désert. Il porte l’ambition d’une transition écologique pérenne.
Une métamorphose écologique
« Il ne s’agit pas d’un effet de vitrine, mais d’un changement en profondeur », souligne Tourad Medou, coordinateur du projet et diplômé d’une université chinoise. Désormais fonctionnaire au ministère de l’Environnement mauritanien, il est l’un des artisans de cette révolution verte. Le parc de 04 hectares comprend différentes zones. Des cultures maraîchères, des vergers, des cultures fourragères, de l’élevage avicole et de la fixation des sables.
Ces aménagements reposent sur des technologies chinoises éprouvées dans la région du Xinjiang, adaptées ici aux conditions locales extrêmes de chaleur, de sécheresse, de tempêtes de sable et de sols salinisés. Panneaux photovoltaïques, pompes intelligentes, irrigation fine, filets en nylon pour stabiliser les dunes… le tout a été conçu pour rendre cultivable un terrain où, selon M. Medou, « rien ne poussait avant ».
Des légumes comme la carotte, la betterave ou le haricot mungo atteignent déjà la récolte. Le projet prouve ainsi que même les zones les plus inhospitalières peuvent devenir productives avec les bonnes innovations. L’impact environnemental, sur le moment, est fort appréciable et servira de levier social. « Tous les techniciens mobilisés pendant la construction sont de jeunes Mauritaniens, dont certains diplômés », explique Zhou Na, chercheuse au sein de l’Institut d’écologie et de géographie du Xinjiang. Une vingtaine de locaux ont été formés, et six d’entre eux assurent désormais la gestion quotidienne du site.
Une réponse mauritanienne à un défi continental
Le projet s’encadre avec celui de l’Initiative de la Grande Muraille verte, lancée en 2007 pour créer une barrière écologique de 7.000 km contre la désertification en Afrique du Nord et au Sahel. La Mauritanie, qui préside actuellement cette initiative, héberge à Nouakchott son secrétariat panafricain. En décembre 2024, lors de la Conférence des Parties à la Convention de l’ONU sur la désertification, la Mauritanie et ses partenaires chinois ont signé un accord pour développer 10.000 hectares de forêts « puits de carbone ».
Le parc de Bir El Barka servira de modèle pour bâtir un système reproductible, à l’échelle régionale. L’expérience mauritanienne a vocation à se propager. Le site n’a qu’un an, mais des recherches continuent pour en faire un modèle reproductible et évolutif. Pour Tourad Medou, « le succès rapide de ce projet prouve que l’expertise chinoise offre une solution concrète aux défis des régions arides d’Afrique ». Une nouvelle génération d’ « artisans écologiques », formée sur place, prend ainsi le relais dans la lutte contre la désertification.
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
linfodrome