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CAN 2024: pour Amir Abdou, la Mauritanie sera un outsider face à l’Algérie et le Burkina

Après un passage à Radio Foot ce jeudi 21 décembre, le sélectionneur de la Mauritanie Amir Abdou est revenu avec RFI sur les préparatifs de la CAN à moins de trois semaines du coup d’envoi de la compétition. L’ancien entraîneur des Comores à l’ambition de réussir l’exploit dans le groupe D où les Mourabitounes vont côtoyer l’Algérie, le Burkina, et l’Angola. Lundi, 25 décembre, il rendra publique sa liste des 27 retenus pour la CAN.

Amir Abdou, la Mauritanie va jouer sa troisième CAN et cherche à décrocher sa première victoire en Coupe d’Afrique. Vous, vous l’avez déjà eu lors de votre première CAN avec les Comores. Quelle est la recette à donner à vos nouveaux joueurs ?

Il faut beaucoup de sérieux, de persévérance, et de rigueur. Après, cela va dépendre de beaucoup de choses, de paramètres. De notre préparation, ne pas avoir de blessé, de l’état d’esprit des joueurs, la détermination. Et après, il faut toujours croire en nos rêves. Là, on y est. Moi, je suis sur ma deuxième CAN, ce qui est pour moi extraordinaire et on ne veut pas s’arrêter trop tôt.

Pour la CAN, la Mauritanie est dans le groupe D avec l’Algérie, le Burkina et Angola. Comment vous vous voyez dans cette poule ?

En outsider. Le favori, c’est l’Algérie, 100 fois, il n’y a pas photo. Le Burkina a toujours été là en quart de finale ou en demies. Ce sont des équipes qui sont toujours présentes à la CAN. Nous, on sera les outsiders avec l’Angola, donc on va essayer de jouer les trouble-fêtes. Faire un parcours intéressant, et éviter les troubles, les phobies qu’il y a eus avec la Mauritanie sur les deux dernières éditions où l’équipe n’a gagné aucun match. Voilà l’objectif, c’est d’aller chercher les gros, les titiller et pourquoi pas accéder aux huitièmes de finale.

Vous avez perdu (1-2) en amical contre le Burkina en octobre dernier, juste après le tirage au sort de la CAN. Avec le recul, vous vous dîtes que cela a été une bonne chose de rencontrer les Étalons trois mois avant la CAN ?

Non, non ! Ce match n’a pas fourni beaucoup d’enseignements, il nous manquait des joueurs et il y avait aussi des absents du côté du Burkina. Les ossatures n’étaient pas là des deux côtés. Cela a été un match amical, un autre contexte, là les équipes sont renforcées, il y aura une autre envie, une autre détermination pour aller chercher une qualification.

Vous avez déjà transmis, une liste provisoire de 55 joueurs, comme le demandait la CAF. Aujourd’hui, avez-vous une idée des 23 ou 27 joueurs qui seront choisis pour la CAN ?

Oui, avec le staff, on a quasiment tout bouclé, on va faire une liste de 27 joueurs. On va l’annoncer lundi prochain, le 25 décembre. Il y aura une ou deux surprises, pas plus. On aurait voulu voir des joueurs nous rejoindre, malheureusement, ils ne sont pas prêts

Comment jugez-vous le potentiel mauritanien aujourd’hui par rapport au potentiel comorien il y a deux ans ?

C’est complètement différent. Avec les Comores, j’avais pris un groupe, et j’avais travaillé pendant huit ans avec les joueurs. Il y a eu beaucoup d’expatriés, de binationaux. En Mauritanie, il y a vraiment un mélange de locaux et d’expatriés, et il faut arriver à réussir l’alchimie. Après, en termes de qualité, le footballeur comorien est un joueur assez explosif, rapide, qui prend beaucoup les espaces. Avec le footballeur mauritanien, il y a beaucoup plus d’agressivité et aussi cette envie d’apprendre. C’est un groupe qui a beaucoup envie d’apprendre, mais il faut être patient, persévérant. Parce que pour créer un groupe avec les Comores, j’ai mis huit ans. Là, j’avais déjà travaillé en amont avec le club de Nouadhibou (à l’ouest de la Mauritanie) où j’étais entraîneur, cela m’a permis aussi de connaître le football mauritanien. Ce sont des joueurs généreux et à l’écoute et cela nous permet d’avoir des résultats qui sont intéressants avec les locaux et les expatriés.

Le bon mélange entre les bi-nationaux et les joueurs nés au pays a été une réussite dans des sélections comme l’Algérie ou le Sénégal. Quand on est entraîneur, comment on s’y prend pour réussir l’alchimie ?

Honnêtement, nous n’avons pas réussi à avoir une grande partie des joueurs qu’on avait ciblés parmi les bi-nationaux. On ne les force pas, parce que si un quelqu’un a envie de jouer pour son pays, pour la nation, pour sa famille, il va venir de lui-même. Il faut savoir aussi que la Mauritanie est un pays collé au Sénégal et au Mali et si on fait une comparaison avec la France, le joueur qui a la double ou la triple nationalité va choisir d’abord le Sénégal. Si la porte du Sénégal ne s’ouvre pas, il va aller voir peut-être le Mali. Si c’est non, nous, on sera la dernière roue du carrosse. Il faut être réaliste.

Vous avez quand même réussi une belle prise dernièrement avec le ralliement de l’attaquant Aboubakary Koïta….

Exact, nous avons réussi à avoir Aboubakary Koïta (NDLR : joueur de Saint-Trond en, D1 belge, né au Sénégal d’un père mauritano-malien et d’une mère sénégalaise), il fait une très belle saison (11 buts en 18 matches). Nous avons la chance qu’il nous rejoigne et nous avons réussi notamment après une présentation de projet et il était enchanté de porter la tunique mauritanienne.
RFI