Un atelier de plaidoyer sur les droits des migrants et la diaspora a été organisé ce 24 décembre 2024 à Nouakchott par l’Association Mauritanienne pour la Citoyenneté et le Développement (AMCD). Cette activité vise à impliquer les parlementaires pour la prise en charge effective des questions migratoires et de la diaspora. Une dizaine de députés présidents de groupes parlementaires pour la plupart avait pris part à cette importante rencontre.
L’Association Mauritanienne pour la Citoyenneté et le Développement (AMCD) en partenariat avec le Réseau Ouest Africain de défense des droits des personnes en migration et demandeurs d’asile (ROA -Prodmac), a organisé ce 24 décembre 2024 à l’hôtel Dialali de Nouakchott, un atelier de plaidoyer sur les droits des migrants et la diaspora, en collaboration avec les parlementaires. Cet atelier a pour objectif d’impliquer les parlementaires dans la gestion de la migration. Une manière de demander aux députés de s’approprier de la question surtout que dans un avenir proche, la Mauritanie accueillera certainement les migrants de retour des Etats Unis.
D’autre part, la Mauritanie est devenue par la force des choses et du temps, un pays d’accueil, de résidence et de transit des migrants subsahariens. La Mauritanie ayant mis en place une législation adéquate en vue de mieux prendre en charge la question et d’encadrer cette population migrante.
L’objectif visé ici c’est de faire un plaidoyer à travers lequel les parlementaires peuvent même créer un réseau parlementaire ou un link avec leurs homologues de la sous-région afin d’accompagner les Etats dans la gouvernance migratoire.
Les députés peuvent aussi interpeler leurs collègues européens dans le cadre des législations en la matière. Ils peuvent intervenir au niveau supérieur. Ils peuvent organiser des voyages pour chercher, en collaboration avec leurs collègues à identifier les lieux de détention des migrants et d’avoir la possibilité d’identification des personnes détenues. Un travail qui se fera en collaboration ave les OSC. Recueillir l’essentiel des données pour faciliter la gestion de la question.
Le président de l’AMCD, Amadou Mbow, a fait un tour d’horizon sur la problématique notamment en ce qui concerne les migrants subsahariens morts ou disparus en mer dont les parents sont encore à la recherche pour savoir ce qui s’est réellement passé pour leurs enfants. D’ailleurs, une forte délégation de l’Association mauritanienne « Lutte contre l’immigration clandestine » en majorité de femmes, était présente à l’atelier. Mr Mbow a interpelé les parlementaires sur des aspects relatifs au danger de la migration, aux personnes mortes ou disparues mais surtout de porter le plaidoyer au plus haut niveau. Il a rappelé au passage les drames de 2005 et 2006 avec les départs massifs de pirogues qui ont engendré des hécatombes.
Des échanges fructueux ont permis aux participants de mettre le doigt sur la plaie. Les parlementaires ont également trouvé nécessaire de s’impliquer et de s’approprier de cette question pour aider, assister et encadrer les familles endeuillées. Tout comme l’AMCD, souhaite accompagner ces familles pour trouver leurs enfants ou faire le deuil.
Les députés donnent leur engagement …
Après un tour de table, le député président du groupe parlementaire INSAF (parti au pouvoir) Mohamed Lemine Amar a proposé la création d’un Groupe parlementaire sur la migration pour venir en appui à l’ONG et aider les parents des victimes de ce voyage suicidaire à trouver leurs enfants ou faire le deuil. Il a exprimé la disponibilité des parlementaires à accompagner les ONG qui travaillent sur la thématique migration. Une proposition qu’adhèrent ses collègues des autres groupes parlementaires. Un engagement ferme et soutenu par les autres députés présents et membres de groupes parlementaires. Ces députés des différents groupes parlementaires en particulier INSAF, Espoir Mauritanie, Tawassoul, des députés de l’UDP, de Sawab entre autres … ont salué la tenue de cet atelier qui ouvre des perspectives pour une meilleure prise en charge de cette question notamment la protection des personnes en migration nonobstant le statut de celles-ci, régulier ou pas.
Il faut souligner que cette activité a été organisée au Mali, au Bénin, au Niger, en Guinée et aujourd’hui en Mauritanie. Elle s’est déroulée en présence des membres d’une association de parents des enfants morts ou disparus en mer lors du voyage ou encore détenus quelque part.
L’hécatombe …
La présidente de l’association dénommée « Lutte contre l’immigration clandestine », Madame Sira Silima Djoumarera a fait le récit de comment leurs proches sont décédés ou disparus en mer. Elle a dit avoir rencontré le Président de la République Mohamed Cheikh El Ghazouani à Kaédi et les députés à l’assemblée nationale pour leur faire part du drame. Chacune des femmes présentes, ont relaté l’histoire du drame en mer. Jusqu’ici, aucune nouvelle de leurs proches partis en septembre 2024. Certaines informations font état de 4 pirogues interceptées par les marines marocaine et espagnole et leurs équipages emprisonnés dans une prison entre l’Espagne et le Maroc. Les témoignages sont émotionnels, tristes. L’émoi est grand et les parents vivent la psychose totale. Les familles de ces morts ou disparus interpellent l’Etat, les parlementaires, les ONG nationales et internationales pour en savoir sur ce qui est arrivé à leurs enfants. Une liste de plus de 400 personnes existe et concerne les morts ou disparus entre 2023 et septembre 2024, tous de la région du Guidimagha, Gorgol et Brakna.
Ibou Badiane