| Tu auras comme impression qu’il s’adresse à nous, à notre couple. Tu n’auras pas tort. Quoi, en effet, de plus complexe que l’amour : unique et divers, paradoxal et cohérent, systémique et aléatoire… Il est tout ça à la fois, l’amour : un fait social, à la fois, complexe et simple.
Ce n’est pas la somme arithmétique de sentiments de deux amants ; c’est bien plus que ça: une institution intégrationniste où l’individu n’a plus sa place, pris isolément. Car il y perd de son individualisme. Analysé ainsi, l’amour est à la fois addition et soustraction.
Ca, toi, tu l’as chanté, Leila, sans cesse, simplement, dans ta poésie silencieuse, ou prononcée : à travers des mots ou à travers tes gestes. Moi, je te le répète toujours dans nos conversations, dans nos colères et peines, ou dans nos joies et loisirs…à ma manière, parfois douce, souvent maladroite, mais toujours expressive.
Edgar Morin, lui, le conceptualise ; et nous le livre ici dans un éclairage théorique fondamentalement édifiant. Il nous fournit des outils d’analyse susceptibles de nous aider à conduire cette folie qui nous habite, qui nous construit…que nous vivons entre nous, avec nos enfants, avec nos voisins, avec nos collègues…et que nous partageons aussi avec les autres, avec le monde.
Cette folie, cet amas de perceptions, de rêves, de rationalisations, de passions, de doutes, de certitudes, de joies, de peines… le philosophe en fait la toile de fond de sa belle démonstration, en expliquant son ’invention’ : la pensée complexe.
C’est vrai que sa théorie est globale. Ne se limitant pas à UN aspect précis – loin s’en faut ! Elle couvre les champs de la pensée, de la connaissance, de la vie… dans leur intégralité. Chacun y trouve des réponses plus ou moins convenables à ses centres d’intérêts, immédiats ou lointains, profonds ou ’’terre -à -terre’’…
En ce qui nous concerne, je suis en train d’y puiser des fils conducteurs, des éléments d’explication, pour mieux comprendre le fonctionnement de notre belle aventure, Leila, pour pouvoir prendre les bonnes décisions, pour minimiser les risques et maximiser les chances. Je cherche activement à y trouver des ressorts pour nous propulser, plus loin, plus fort, toujours en avant, dans la vie.
Et là , je me rends compte que la voie à suivre est sans nul doute celle qu’énonce, poétiquement, Edgar Morin dans sa conclusion, en reprenant Antonio Machado: ’’…il n’y a pas de chemin, on trace son chemin en marchant ’’.
Toi, Leila, tu ne cesses jamais des me répéter la même chose, bien entendu, en la formulant autrement : en refusant par exemple les projections dans l’avenir incertain.
Je te réponds : « Tu as raison, traçons notre chemin en marchant ».
Qu’elle est riche la vie…joyeuse… quand on se donne la peine d’avoir les ressources pour la comprendre, l’apprécier, à sa juste valeur, et la partager !!
C’est sous cet angle, Leila, que nous conduisons cette aventure agréable que nous vivons aujourd’hui, ce rapport solide très attachant, aux facettes multiples, humain, affectif, social… qui nous lit fortement, qui nous fusionne dans le moule de sentiments sublimes, de l’intime.
Il s’agit d’un lien que l’on vit jalousement, comme une fusion en mouvement perpetuel ; une union qui, par ses propres moyens, assure sa pérennité, en se renouvelant sans cesse, tant dans ses mobiles que dans ses formes d’expression.
Un seul type d’union a les ressources inépuisables pour ce faire : l’amour.
N’en faisons donc pas l’économie : vivons le intensément, disons le entre nous, franchement, sans gène... comme ça se fait dan un monde sain. C’est également ce que notre religion, l’islam, nous enseigne.
Je m’y engage. Toi aussi, Leila, même si tu le fais déjà . .
El Boukhary Mohamed Mouemel
Pékin, septembre 2014
* Lien pour consulter la conférence d’Egar Morin sur la "complexité de la pensée": https://www.youtube.com/watch?v=-VT-slffz-U
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