La participation politique des jeunes est un sujet d’actualité et de préoccupation dans le monde contemporain car les jeunes âgés de 15 à 25 ans représentent un cinquième de la population mondiale. S’ils sont souvent impliqués dans des processus informels politiquement pertinents, tels que l’activisme...
...et l’engagement civique, ils ne sont pas formellement représentés dans les institutions politiques nationales et nombreux ne participent pas aux élections. Citons l’exemple du Maroc où 65% des jeunes âgés de 18 à 29 ans n’ont pas voté aux élections législatives de 2007.
Pourtant, l’inclusion des jeunes dans la vie politique est un enjeu fondamental comme l’ont démontré les soulèvements populaires dans les pays arabes. Malgré la volonté politique affichée par le gouvernement mauritanien et les efforts consentis envers leur intégration dans la vie politique mauritanienne, le phénomène de désengagement politique est évident chez une frange importante de notre population jeune, ce qui nourrit la crainte d’une marginalisation structurelle.
Cette apathie politique des jeunes s’explique d’une part par leur rejet de la politique politicienne et d’autre part par la monopolisation du champ politique par leurs aînés qui considèrent que les jeunes ne peuvent diriger le pays du fait de leur âge.
A coté de cela s’ajoutent aussi les barrières traditionnelles comme le favoritisme ou le tribalisme qui empêchent l’admission des jeunes dans la politique locale et limite leur participation aux campagnes électorales.
D’où une frange de la jeunesse qui ne vote plus, n’adhèrent plus aux partis politiques et ne lit même plus les quotidiens nationaux. Pour remédier à ce phénomène grave et qui constitue une crise de citoyenneté dans notre pays, nous suggérons d’ouvrir quelques pistes pour promouvoir la participation politique des jeunes.
Elles concernent tout d’abord l’information sur la politique et plus précisément l’éducation civique dans les écoles et les maisons des jeunes .Pour être efficace, l’éducation civique doit être interactive, avec l’organisation de visites aux collectivités et aux institutions politiques locales.
La multiplication des espaces de participations passe aussi par l’organisation de séminaires de sensibilisation et de journées de réflexion pour les élus locaux, la société civile, les partis politiques sur l’importance de la participation des jeunes dans la vie politique et dans la gestion des affaires locales et les impacts néfastes qui peuvent résulter de la marginalisation des jeunes tel que : terrorisme, criminalité, toxicomanie, immigration et chômage.
De ce fait, nous pensons qu’un cadre juridique adapté aux jeunes est essentiel pour permettre leur participation politique. Dans un tiers des pays, les lois prévoient un âge d’éligibilité pour siéger au parlement de 25 ans ou plus, créant un décalage entre l’âge légal de majorité ou de vote d’une part et l’âge auquel une personne peut remplir une fonction élective d’autre part.
Pour devenir député, il faut être citoyen mauritanien jouissant de ses droits civils et politiques et âgé de 25 ans au moins, il n’existe pas de quota pour les jeunes dans le parlement mauritanien, contrairement aux femmes qui bénéficient d’un quota de 33 % . On trouve déjà des exemples de quotas de jeunes dans les lois électorales de certains pays ; en Ouganda, cinq sièges au parlement sont réservés aux représentants de la jeunesse ; à l’assemblée nationale kenyane, 12 sièges sont réservés à des représentants devant être nommés par les partis politiques pour représenter des intérêts particuliers, y compris les jeunes, les personnes handicapées et les travailleurs ; au Rwanda, le Conseil national des jeunes élit deux membres de la Chambre des députés. Puisque le gouvernement et le parlement peuvent revoir le cadre juridique national, ils doivent donc envisager deux pistes : l’introduction de quotas de jeunes dans les lois électorales et l’identification et l’élimination des obstacles légaux spécifiques au contexte empêchant la participation des jeunes ( afin par exemple de faciliter l’enregistrement des organisations de jeunes).
Pour finir, je voudrais saluer la décision présidentielle de création du haut conseil de la jeunesse mais mon devoir de citoyen me pousse à prévenir les autorités de l’importance d’une base solide pour ce conseil. Cette solidité à mon avis repose principalement sur le bon choix des futurs cadres en charge de cette institution et la nécessité d’éviter le parachutage politique.
Par ailleurs, ce conseil doit être apolitique afin de devenir une structure pérenne de l’Etat. Dans le cas contraire, la création du HCJ serait une dépense inutile de l’argent du contribuable. De ce fait, j’aimerais exprimer mon insatisfaction concernant la façon dont se tiennent les pourparlers pour la création de ce conseil où nous constatons les tiraillements entre deux groupes non représentatifs de la jeunesse mauritanienne..
Nouakchott, le 16 août 2014 Babah Ould Babah Ex-Président de l’association des étudiants mauritaniens au Sénégal Conseiller du président de la commission nationale des jeunes de l’UPR babahb96@gmail.com
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