Les dangers qui guettent l’unité nationale et la paix sociale /El Wely Ould Sidi Haiba   
16/07/2014

Il est de simple tradition qu’à chaque fois que l’on évoque, au cours de quelque débat politique ou social que ce soit, l’unité nationale et la paix sociale à l’échelle de notre pays, remontent tout bonnement à nos esprits les seules questions de nos citoyens...



...négro-mauritaniens qui revendiquent, à raison, une égalité dont ils se disent dépourvus et réclament une résolution, forcément, de la question d’un héritage humanitaire né d’une  forte réplique de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya à la tentative de renversement de son régime menée par des officiers militaires négro-mauritaniens. Mais jamais la moindre allusion n’est faite, sur les nombreuses plates-formes revendicatives, aux nombreuses autres questions nationales de taille pourtant et relevant au même titre du plus profond de la paix sociale recherchée et de l’unité nationale incontournable, toutes deux impérieuses dans un tournant historique qui ne tolère plus le silence sur des aspects sensibles au profit d’autres délicats quels qu’ils soient. La sagesse et l’esprit républicain imposent bien une telle équité et en garantissent au-delà même la pérennité.

Il ne fait aucun doute que la portée du récent discours électoral, tenu par le candidat gagnant aux élections du 21/06/2014 le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, n’a pas échappé aux observateurs avertis lors du dernier meeting de sa campagne présidentielle, tenue dans le stade du quartier périphérique pauvre dit de "Mellah" dans la capitale Nouakchott. Il s’agissait en fait d’une nouvelle approche focalisée  sur un concept unitaire nouveau dénotant d’une capacité voyante à saisir toute entier le sens du contenu du discours de ses rivaux, leurs contradictions et l’aspect individualiste des approches qu’ils véhiculaient, bien loin de préconiser des solutions adéquates et fortement recommandées à résorber une amère réalité caractérisée par la présence de grands défis ; Lesquels défis qui hélas ne voilent plus la face de l’avenir hypothétique  de notre unité nationale et de l’aspect aléatoire de notre paix sociale, et que dessinent désormais fort mal les caprices, débridés et dénudés de solutions d’échanges et de projets de société, d’une classe politique mal en point.
 C’est appréhendant à sa juste valeur cet état des choses et conscient de la portée de son second mandat en terme du relèvement haut et fort des grands défis, que le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a promis d’appliquer le principe de la discrimination positive à certaines wilayas, et ce dans le cadre du développement général du pays, par une approche prévoyante et mesurée au cours du prochain quinquennat. Un programme qui vise à instaurer à l’Etat un équilibre dont le moins qu’on puisse en dire est qu’il est fortement perturbé et excessif du fait de l’absence totale d’une telle vision.

Il  ne fait aucun doute que cette vision a toujours été défaillante malgré son urgence tout au départ comme à la fin sachant qu’au moment où la jeune nation  mauritanienne accédait à son indépendance dans les années soixante du siècle dernier, l’attention avait été particulièrement accordée à la répartition des zones du pays en régions administratives et dont le nombre  augmentera plus tard. Ce qui se traduira plus tard par une considération de ses frontières régionales ou géographiques spécifiques bien délimitées comme échelle de valorisation. Et c’est ce qui avait été bien relevé et fortement traduit et de façon saisissante dans un excellent article publié par  M.  Mohamed O. Souleymane O. Mahah  sous le titre  révélateur de "L’Appel de Détresse du Nord de La Mauritanie". Dans cet article  O. Mahah   a réussi à dévoiler ce qui est une  exemption de ce Nord présent par son histoire plus qu’honorable et fort absent des préoccupations de l’Etat au programme de développement national. Un Nord si riche par ses nombreux gisements de minerais dont le fer, le cuivre, l’or, l’uranium, le marbre, les pierres précieuses, le soufre métallique, ses gisements de sel(sbakh) et son pétrole.
 C’est pourtant grâce à l’exploitation de ces richesses inestimables tirées de son sous-sol que s’est bâtie l’existence même du pays et que les jalons du fondement de son économie avaient été jetés, pour en être exclu de sa politique d’apaisement des  revendications régionales, ethniques au Sud comme à l’Est ; Comme si ce nord était exempt de réclamations populaires et qu’il ne représentait pas par son histoire et l’apport de ses habitants un pivot qui, s’il s’ébranlait un jour ne ferait pas vaciller l’édifice de l’Etat  en entier.
N’est-ce pas en vérité ce Nord oublié dans son propre pays,  qui est le noyau et l’origine de l’entité historique, oublié dans l’essence de la politique de l’État moderne, est aussi le point de départ de notre "odyssée" scientifique particulièrement exceptionnelle, le berceau de notre résistance hors du commun attestée par l’occupant français, et le point de départ de notre revendication à l’indépendance nationale jusqu’à sa pleine satisfaction grâce au courage et à la sagesse de ses leaders historiques.
Qu’est ce que ce Nord endurant et calme a la fois a depuis récolté de ses riches mines sinon les poussières cancérigènes, les maladies mortelles et les miettes? En plus des  milliers de veuves et d’orphelins abandonnés à leur sort.

Peut -il exister des garantis pour l’unité nationale, la paix civile et sociale dans ce pays sans l’avis des gens patients et tolérants du Nord, leur participation  active comme il sied à leur statut, leur rôle civilisateur, leur sens de la société civile et leur capacité à accomplir leur devoir et à assurer  l’épanouissement des idéaux élevés de justice dont ils sont porteurs, sur la base de leur élévation au dessus des conflits étroits, des antagonismes ethniques et des discriminations sectaires vulgaires d’une part, leur passion pour la construction, leur engouement pour l’édification de hauts édifices par la conjugaison de tous les efforts d’autre part. C’est en cela qu’ils sont devenus l’exemple de la rectitude, la destination privilégiée de tous les esprits épris de justice et d’égalité. Les preuves à ce sujet sont nombreuses et concrètes dans ce Nord du pays qui demeure un havre de tolérance sociale.
 
De là, l’examen des perspectives politiques pour les wilayas du nord est devenu nécessaire et urgent eu égard aux appels de plus en plus flagrants au démembrement du pays  et a le jeter dans la fournaise des inconnus d’un lendemain que tout prête à la haine, à l’extrémisme et au fanatisme. Et comme le nord a toujours été une source d’inspiration aux unionistes, il reste le lieu privilégié pour tous ceux désireux de briser les élans de ces porteurs de pulsions destructrices et ce malgré que :
- ses cadres ont souffert et continent de souffrir des conséquences de leur marginalisation ainsi que de leur faible représentation et participation à tout enjeu national ;
- ses populations subissent les mauvaises conséquences du grand tord dont elles sont victimes dans la rétribution des ressources de l’état;
 
- ses wilayas pâtissent et trainent à cause l’absence des infrastructures nécessaires correspondant aux exigences et besoins réels de leur développement global qui leur permettront de jouer pleinement leur rôle, et de pouvoir s’impliquer dans  la recherche de la stabilité et de l’unité ainsi qu’à surmonter la phase critique.
 
Hors, comment se fait-il qu’au Sud comme à l’Est du pays une politique de l’eau réussie garantisse la prolifération de points d’eau partout où cela est nécessaire, alors  qu’un individu meurt de soif dans la wilaya de l’Adrar au moment même où il  marchait de son fief natal pour accueillir le Président de la République et à la satisfaction d’assister à son meeting électoral organisé au cours de sa récente campagne pour les élections présidentielles du 21 Juin 2014?

Et comme s’était interrogé, de manière révélatrice d’un certain scepticisme, Mohamed Ould Souleymane O. Mahah dans son article précité - qui a constitué, en un signal fort, l’un des cris contenus des populations du Nord - beaucoup parmi elles s’interrogent sur les motivations rélles de ce qu’elles considèrent comme leur oubli par rapport à leurs autres frères du sud et de l’est?

Il est tant vrai que les gens du Nord ne sont pas des partisans de la sécession, mais ils prônent un équilibre équitable dont ils voient qu’il permettra de surmonter les obstacles qui se dressent sur la voie  de la réalisation de l’unité nationale et de la paix sociale parsemé d’embuches. Mieux que toute autre chose et pour atteindre la première étape et réduire la gravité des menaces actuelles avant  de  les éliminer plus tard, cet équilibre s’avère plus que jamais impérieux voire vital pour l’avenir de notre chère Nation unie unique et indivisible.
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Il est également vrai que les habitants des régions du nord de la Mauritanie, qui ont massivement voté pour leur candidat Président Mohamed Ould Abdel Aziz, ont réalisé que leur candidat était pertinemment  bien conscient des problèmes de la nation mauritanienne  toute entière et des préoccupations de ses citoyens. Ils ont également suivi et saisi la grande portée  de son discours prononcé  au cours du meeting dit du quartier populaire de Mellah à Nouakchott. Discours qui a fait étalage de la nécessité pour le pays d’amorcer une politique équilibrée et juste pour toutes les wilayas du pays et leurs populations par l’identification de tous dénominateurs communs entre elles et procéder à l’imbrication positive de leurs intérêts et de leurs efforts concertés pour un développement harmonieux.
 
L’annonce par le Président de la République de sa décision d’appliquer une  politique de discrimination positive au bénéfice de certaines  wilayas du pays relève bien d’une profonde et consciente nécessité de cet équilibre pour mieux réguler le sort commun des populations du pays et  barrer systématiquement la route devant les partisans de la marginalisation de certaines wilayas du pays pour le compte d’autres sur la base d’arguments fallacieux et dont les  dangers sont prouvés sur une unité nationale et une paix sociale qui avaient trouvé par le  passé asile dans les wilayas du  nord et continuent  par la même de les trouver par un présent ardent.
La Mauritanie toute entière gagnerait  mieux en stabilité à voir les populations du nord  rétablie dans leurs droits, et fortement impliquée dans la recherche de toutes solutions aux questions unionistes et égalitaires.


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