Interview avec Tuncer Kayalar Secrétaire d'Etat Turc au commerce extérieur   
03/04/2006

 Tuncer Kayalar secrétaire d’Etat turc au commerce extérieur était à Nouakchott entre le 23 au 26 mai 2005, pour la création d’une grande commission mixte mauritano-turque ainsi que pour prospecter les opportunités d’investissements de la Turquie en Mauritanie. Le patron du commerce extérieur de la Turquie, la 17 eme puissance économique mondiale avec...



...un produit national brut de plus de 500 milliards de dollars/an, membre de l’Otan et héritière du grand empire ottoman qui s’étendait des confins de l’Asie en dévalant sur une partie de l’Europe, jusqu’au Maghreb arabe, a accepté de répondre à mes  questions.

Dans quel cadre s’inscrit votre visite chez nous ?

Tuncer Kayala : Il y a d’abord les relations historiques dont on parlait tout à l’heure entre nos deux peuples. Il y a également les intérêts réciproques qui nous dictent la responsabilité de développer des relations fortes. Nous voulons, à travers cette visite examiner les voies et moyens de rendre nos relations étroites, surtout dans le domaine économique et commercial. Et il est important à cet effet, d’avoir un cadre juridique pour le développement de ces relations. C’est pour cela que nous avons déjà un accord cadre qui prévoit la création d’une grande commission mixte mauritano turque. Nous allons installer cette grande commission mixte dont la première session se tiendra bientôt. Vous savez, les grandes commissions mixtes constituent d’importantes plateformes pour l’établissement d’une coopération diversifiée à la fois pour le commerce, les investissements, les industries, le tourisme, le transport, l’éducation, l’enseignement supérieur et la culture.
Le volume des échanges entre la Mauritanie et la Turquie est encore faible. Il est de l’ordre de 10 millions de dollars par an. Et nous devons créer les mécanismes susceptibles d’accroître ce chiffre car ce volume peut devenir important en attirant en Mauritanie des investissements turcs directs.
Nous nous intéressons à la Mauritanie que nous considérons comme un pays stable politiquement et économiquement, où l’économie est ouverte aux investisseurs étrangers et qui recèle en outre, des ressources naturelles importantes

.
Comment peut-on envisager le développement des échanges, en dehors des investissements, entre deux pays sans frontières communes, séparées par tout l’espace méditerranéen et par une dizaine de pays ?

TK : Actuellement il n’y a pas d’accord qui encourage les investissements entre nos deux pays. Mais dés mon retour en Turquie, nous enverrons deux projets d’accords concernant la création et l’investissement. Il s’agit d’un accords relatifs à la promotion, à la protection des investissements, à la non double imposition et d’un cadre juridique pour le développement des investissements directs. Durant mes entretiens avec les responsables mauritaniens nous avons abordé tous ces sujets .Et il y a un grand espoir. Je vous dis qu’en Mongolie nos échanges se chiffraient seulement à 3 millions de dollars par an mais après quelques visites ces échanges dépassent maintenant les 40 millions de dollars par an parce que nous avions vu des opportunités d’investissement dans les peaux et cuir compte de tenu de la richesse du cheptel dans ce pays. Nous avons établi des usines de transformation des peaux et cuir en créant sur place des industries de transformation.

Vous intéressez-vous également au pétrole, au fer et au poisson mauritaniens ?

TK. La Mauritanie recèle d’énormes potentialités. Vous exportez le fer brut qui peut être transformé sur place. Nous sommes intéressés par l’installation en Mauritanie d’industries de transformation du fer en apportant les téchnolgies et le savoir faire nécessaires. Nos techniciens seront bientôt en Mauritanie pour mener des recherches sectorielles et nous enverrons ici des entreprises turques intéressées. Bien sûr tout ne pourra se faire d’un seul coup. Il y a quatre ans, il n y avait aucun investissement turc au Soudan, mais présentement les échanges se chiffrent à plus de 300 millions de dollars/ an.


Dans le cadre des relations avec le voisinage, comment expliquez-vous les réticences à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne ?
TK :
Il y a plusieurs raisons. La Turquie est en relation avec l’Europe depuis 1963 bien avant la naissance de l’Union Européenne. Et l’important d’ailleurs, ce n’est pas l’Union Européenne. La Turquie est une puissance régionale et nous privilégions le développement d’une zone d’échanges et de prospérité au niveau sous régional. C’’est pour cela que nous avons lancé en 2000 une stratégie concernant le voisinage de la Turquie. Le volume d’échanges avec le voisinage est passé de 20 milliards de dollars en 2000 à 45 milliards de dollars présentement . Du Maroc jusqu’à la Mongolie, il y a des milliers d’entreprises turques qui sont présentes. En Mauritanie nous venons avec le même esprit.

La Turquie est le premier pays musulman à avoir, depuis 1923, opté pour la laïcité. Et la Turquie est présentement dirigée par une majorité parlementaire à connotation islamiste, cela voudrait-il dire que la religion reste une donne incontournable dans les pays musulmans ?
TK
: Le peuple est musulman à 99% et l’Etat turc est laïc depuis 1923. Mais, il ne faut pas considérer la majorité parlementaire turque actuelle comme islamiste, elle est plutôt conservatrice.
Propos recueillis par IOM


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