La transition démocratique est achevée. Des acquis sont là pour tendre vers une véritable consolidation de ces bases. Un des grands parents pauvres de cette ruée politique vers les libertés civiles, aura bien été la presse, en particulier privée. Des libertés réelles lui ont été rendues pour mener à bien ses missions d’information et d’analyses
Mais en fait, rares sont les journaux (ils se comptent sur les deux doigts...) qui investissent professionnellement le champ de l’information, hors celui politique: la seule information, les seules analyses qui sont passées au spectre de la ligne éditoriale des canards nouakchottois, et encore, la plupart du temps de façon extrêmement étriquée. Les ardeurs guerrières et partisanes passées avec les élections présidentielles, la presse «indépendante» va devoir sortir de ces sentiers battus politiques pour informer et réfléchir sur l’économie, la culture, notre société multiculturelle, l’éducation, sur eux-mêmes et leur rôle dans cette mosaïque mauritanienne. Certes le manque de moyens financiers est un obstacle (relatif quand on connaît le fonctionnement gestionnaire des journaux), mais ce manque ne saurait expliquer à lui seul la pauvreté des investigations, le manque de vérification récurrent des sources, souvent unilatérales; investigations qui se résument le plus clair du temps à un ou deux coups de téléphone de derrière le bureau, à un ami de tel ou tel parti, titulaire d’une pseudo information fiable, à partir de la quelle un article bancale va être cousu. Or une partie du travail journalistique nécessite une présence continue et récurrente sur le terrain, à la recherche de sources variées et fiables. Combien de fois lit-on «de sources sûres» pour dire en réalité qu’on n’a trouvé personne pour étayer des affirmations? Ou sans rien connaître à un quelconque dossier économique, financier, bancaire ou social, "descendre" le responsable de l’institution sur la base d’un témoignage, ou parce que le directeur de publication est ami de l’ancien directeur ou président de l’institution en question? des conflits de personnes en somme qui fixent les lignes éditoriales. Des comportements malheureux demeurent encore, mais l’introspection de la branche devra se faire au plus vite pour crédibiliser ce noble métier mis à mal non seulement par les peshmergas mais tout aussi bien par les tenants mêmes de cette presse dite indépendante. Si ce n’est elle, la HAPA s’en chargera de toute façon...
Mamoudou Lamine Kane
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