Lors des dernières élections communales et départementales, un nombre élevé de bulletins avaient été invalidés suite à un signe « B » mal inscrit, mal recopié. Cela n’est pas étonnant dans un pays qui a trois mauritaniens sur quatre analphabètes. Une source de la CENI a indiqué qu’à l’origine, avait été retenu la transcription d’une simple croix dans la case concordante au choix de tel ou tel candidat. Finalement, ce choix n’a pas été retenu du fait d’un «cadre illuminé du ministère des postes et télécommunications» (sic). Selon ce dernier, la croix rappelait trop la religion catholique. «Et dans une république dite officiellement islamique, ça aurait fait tâche» rapporte la source de la CENI.
D’où le choix du «b», première syllabe de «Bissmilahi». Une explication qui a le mérite de nous faire comprendre à cause de quel zèle religieux administratif (si ça existe), des milliers de choix n’ont pu être validés. Idéologiquement, on peut comprendre que dans une république dite islamique, certains codes moraux soient en adéquation avec la voie islamique; mais dans ce cas et dans tous ceux à venir inhérents à la gestion courante des affaires administratives, il faut être un dogmatique des plus bornés pour faire le plus mince parallèle entre une atteinte à la foi musulmane, et le choix de faire valider des bulletins de vote par une croix que certains pourraient juger blasphématoire! Ce genre de zèle et d’interprétation de l’islam mène tout droit au mur du dogmatisme qui mène à une réduction de l’esprit d’une religion dont on oublie de signaler l’esprit essentiel ces dernières années, surtout dans les pays musulmans: de paix et de tolérance. Il est d’autant plus consternant de constater qu’un individu aussi étroit dans son interprétation personnelle de l’Islam, ait autant de force de persuasion ou discrétionnaire pour pouvoir imposer un tel choix basé sur une argumentation religieuse, qu’on peut sans crainte qualifier de fanatique. Ce serait bien d’avoir ce monsieur en face et lui demander affectueusement, comment il a pu surmonter l’épreuve, la première fois qu’il a été confronté à sa première table de multiplication, avec un signe «x» aussi insoutenable pour sa foi musulmane? Mamoudou Lamine Kane
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