Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir en Egypte, a décidé le 9 octobre d’instaurer un couvre-feu Place Tahrir et dans le centre ville du Caire après la mort de 24 personnes lors d’affrontements entre des Coptes et la police militaire, ont annoncé le ministère de la Santé et des médias d’Etat.
Le couvre-feu débute lundi à 02h00 (00h00 GMT) et finit à 07h00 (05h00 GMT), selon la même source. Selon le ministère de la Santé cité par l’agence officielle Mena, le bilan des violences s’élève à 24 morts et 213 blessés.
D’après la télévision d’Etat trois militaires font partie des victimes. Les manifestants, protestant contre une attaque visant une de leurs églises, ont lancé des cailloux et des engins incendiaires sur les forces de l’ordre et incendié quatre véhicules au moins.
Les chrétiens, qui représentent 10% de la population égyptienne, accusent des islamistes radicaux d’avoir partiellement démoli une église dans la province d’Assouan la semaine dernière. Sur un pont du Caire, des centaines de personnes des deux camps se sont affrontées dimanche armées de bâtons, selon des témoins. Les troubles ont part la suite gagné la place Tahrir, haut-lieu de la contestation politique depuis le renversement en février de Hosni Moubarak, dans le centre-ville.
Des milliers de manifestants y ont brocardé le maréchal Hussein Tantaoui, président du Conseil suprême des forces armées (CSFA, au pouvoir depuis le renversement du "raïs"). "Le peuple exige la chute du maréchal !", scandait la foule sur la place où, selon un journaliste de Reuters, l’armée est intervenue en chargeant à la matraque. Des Coptes sont également descendus dimanche dans les rues d’Alexandrie pour protester contre l’attaque de leur église, scandant eux-aussi des slogans hostiles au CSFA et à son chef, longtemps ministre de la Défense d’Hosni Moubarak. APPEL AU CALME DU PREMIER MINISTRE Le gouvernement intérimaire du Premier ministre Essam Charaf a, pour sa part, lancé un appel au calme et indiqué avoir contacté à ce sujet les forces de l’ordre et les autorités ecclésiastiques.
"Les seuls bénéficiaires de ces événements et de ces actes de violence sont les ennemis du peuple égyptien, musulmans et chrétiens à la fois", a estimé le chef du gouvernement sur sa page Facebook. Le gouvernement tiendra lundi une réunion extraordinaire pour examiner la situation.
Les autorités égyptiennes ont promis la tenue d’une enquête pour déterminer les causes des violences. "Nous avons plus que jamais besoin d’unité", a déclaré le ministre de l’Information Osama Heikal à la télévision d’Etat. De son côté, le chef de la police militaire, le général Hamdine Badine, a affirmé à la télévision que la situation était désormais maîtrisée.
"Ces événements n’affecteront pas le moral de l’armée, a-t-il dit. Nous sommes des guerriers. (...) Le peuple et la nation sont unis". Les manifestants demandaient le renvoi du gouverneur à qui ils reprochent de n’avoir pas su protéger leur lieu de culte. "Nous défilions pacifiquement"""", a dit à Reuters Talaat Youssef, un chrétien de 23 ans. "Quand nous sommes arrivés devant le siège de la télévision officielle, l’armée a ouvert le feu à balles réelles", a-t-il ajouté, assurant que des véhicules militaires avaient roulé sur la foule et fait cinq morts. Certains manifestants ont bloqué une rue devant le siège de la télévision et mis le feu à plusieurs véhicules militaires, selon des images de la chaîne Al Arabia.
On pouvait voir des contestataires lancer des cocktails molotov sur les forces de sécurité et des témoins ont dit avoir entendu des coups de feu et vu des manifestants porter des corps. L’origine des coups de feu était indéterminée. La correspondante d’Al Arabia a dit avoir vu plusieurs corps mais ignorait s’ils étaient en vie ou non. Elle a ajouté que des manifestants s’en étaient pris aux forces de l’ordre et avaient subtilisé leurs armes. Les tensions entre chrétiens et musulmans sont en augmentation depuis la chute d’Hosni Moubarak le 11 février. Mardi dernier, une manifestation similaire avait été violemment dispersée.
Les premières élections de l’après-Moubarak, des législatives, débuteront le 28 novembre. L’inscription des candidats doit débuter mercredi.
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