De quelle démocratie parlez-vous? Ce qui a attiré l’attention, ces derniers jours, c’est la sortie, hors de saison, de Saleh Ould Hannena, président du parti Hatem, et de Ould Minni, député du rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah.
Les deux hommes malgré leur appartenance à des camps différents (la majorité et l’opposition), ont développé une même thématique qui rappelle leur appartenance non lointaine à une même école : celle des putschs sanglants. En effet, le 08 juin 2003 n’est pas encore loin. Tous les mauritaniens se rappellent de cette tentative de prise de pouvoir par la force ; avec l’appui de l’extérieur et sans considérations aucune pour ce que cela peut en coûter, en termes de dommages humains et matériels pour le pays. Et personne n’est prêt à oublier que la tentative de coup d’Etat menée par les deux anciens officiers de l’armée mauritanienne, aujourd’hui « honorables » députés, à causé pas moins de 15 morts dont celle du Chef d’Etat-major de l’armée nationale, Mohamed Lemine Ould Ndieyane brillant officier et homme intègre dont le décès continue encore à susciter mille et une interrogations. Sans trouver de réponses. Cette tentative folle pilotée depuis le Burkina Faso, dont la haine de la Mauritanie continue encore, on ne sait pourquoi, poursuivra encore longtemps les deux anciens « frères d’armes » devenus ennemis politiques parce que chacun voulait tirer la couverture à lui. Ce qui prouve, à contrario, que les intentions n’étaient pas si nobles qu’on le laisse croire. Qu’il y avait d’abord et surtout, des ambitions politiques de chacun de ces hommes qui ont fini par suivre des chemins séparés quand ils ont vu qu’il n’y pas un trône pour deux. Aujourd’hui encore, leurs chemins se rencontrent au niveau de la critique du pouvoir d’un homme, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a réussi là où eux ont échoué : en chassant Ould Taya du pouvoir ! Sans verser le sang des mauritaniens. C’est à ce niveau seulement que l’on peut comprendre cette sorte de « jalousie » qui tenaille les deux anciens compères dont la critique du pouvoir n’est rien d’autre que la résurgence, inconsciente peut-être, de cet échec flagrant. Même au niveau de la politique, cet échec se lit à travers les deux chemins séparés suivi par les deux hommes : un est aujourd’hui rangé dans le camp de l’opposition, avec un homme dont la seule ambition est de réaliser son rêve présidentiel (Ahmed Ould Daddah), alors que l’autre s’est taillé une place dorée à l’Assemblée nationale, a peut-être « négocié » la nomination de son frère au poste d’ambassadeur de Mauritanie à Bamako ! Curieuse volonté de mener le changement quand on fait main basse sur tout ce qui est important et qu’on a tendance à ne rien laisser aux autres. Même pas à ceux qui sont avec vous dans le même camp. Maintenant, si les deux ex-officiers pensent pouvoir faire du chantage au pouvoir, ils perdent leur temps. Ils ont dévoilé, depuis longtemps, leur vrai visage. Eux-mêmes l’ont peut-être compris quand ils ont « accepté » de se présenter à un poste de député alors que des leaders comme Ould Daddah et Ould Maouloud, bien que taillé dans le même moule de leur orgueil démesuré (une sorte de « moi ou rien), n’ont jamais accepté d’accaparer de « tels postes, les laissant plutôt à leurs lieutenants pour montrer aux autres que le pouvoir n’est pas l’objectif numéro Un de leur premier soulèvement contre Ould Taya. Maintenant que les voiles sont tombés, Ould Abdel Aziz sait à quoi s’en tenir. Que Ould Hannena dise que la majorité n’est qu’un décor pour le pouvoir ne fait que confirmer sa volonté à tirer profit, tout le profit, de son soutien. Il a choisit, de la sorte, une porte de sortie de cette majorité qui, malgré tout, restera le plus grand soutien pour la mise en œuvre du programme électoral du président Mohamed Ould Abdel Aziz. De toutes les façons, comme on le dit souvent, « les chiens aboient, la caravane passe ». Source: Houmoum Ennass
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