Avec un retard de cinq heures de temps, par rapport au calendrier prévu, le procès de plus de 180 présumés putschistes impliqués dans les tentatives de putsch organisées ces quinze derniers mois en Mauritanie, a débuté l’après-midi du dimanche 21 novembre 2004, à quatorze heures GMT, dans la caserne de OuadNaga, transformée pour des raisons de sécurité, en salle d’audience.
En dehors d’une certaine tension perceptible autour de la caserne où vont se dérouler les audiences et des batailles de procédures ayant opposé la Parquet de Rosso, aux avocats de la défense, il a fallu au préalable organiser l’entrée des invités et des parents des détenus. Ces derniers repoussés matinalement à un kilomètre de la caserne, ont été introduits dans les lieux, à bord de camions de la Gendarmerie Nationale. Un dispositif de sécurité exceptionnel veillait sur le déroulement du procès. Des gendarmes filtraient les accès à la salle d’audience du public composé en majorité des familles des accusés. Au cours de cette audience la Cour Criminelle de Rosso doit examiner deux dossiers distincts concernant 167 militaires et 15 civils. Dans ce dossier figurent l’ex-Commandant Saleh Ould Hannena, considéré comme le cerveau du coup d’Etat de juin 2003 et un de ses proches, l’ex -Capitaine Abderrahmane Ould Mini. Les autres personnes poursuivies par la justice dans un autre dossier, le RP 140, ont à répondre de leur participation supposée à deux autres tentatives de putsch en août et septembre 2004. Au cours de l’audience le président de la Cour Criminelle précisera à la défense que la procédure de Saleh Ould Hannena et Abderrahmane Ould Mini est dans le dossier RP 140. Parmi les personnes dans ce deuxième dossier figurent trois dirigeants de l’opposition locale: l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidalla et les opposants Ahmed Ould Daddah et Cheikh Ould Horma, non présents à l’audience de dimanche tant que la procédure contre eux est pendante. De l’issue de cette procédure dépendra leur renvoi définitif ou non devant la Cour Criminelle de Ouad Naga.
Terrible bataille de procédures Parmi les causes principales du retard du procès, la bataille de procédures qui a opposé les avocats de la défense, au président de la Cour Criminelle de Rosso sur une série d’exceptions de procédure. Ces exceptions qui visaient à obtenir la nullité du procès, avaient été soulignées dans une requête adressée jeudi dernier, au président de la Cour, aux juges et au procureur. Les avocats de la défense avaient demandé au président de la Cour Criminelle en charge du dossier, de renvoyer l’audience en raison de multiples vices de forme et sur le fond. Parmi les vices relevés par les avocats, la constitution même de la Cour qui comportait deux jurés militaires (les Colonels Ndiaye Diawar et Moctar Ould Mohamed Mahmoud), dont la présence récusée par les avocats qui l’estiment contraire aux dispositions de la loi. Soulevant l’irrégularité de la composition de la Cour, les avocats de la défense soutiennent que la Cour Criminelle devant juger cette affaire, a été formée sur la base d’un avis rendu par la Cour Suprême sur requête du ministre de la Justice, en exécution d’une demande présentée par le ministre de la Défense, alors que la création et l’organisation des juridictions est du domaine de la loi (article 57 de la Constitution ) et que cette organisation est définie par la loi de 1999, portant organisation judiciaire qui renvoie en son article, au Code de Procédure Pénale qui prescrit que la Cour Criminelle est composée d’un président, de deux conseillers magistrats et de deux jurés choisis parmi les citoyens pour leur moralité et leur honorabilité. Ainsi pour les avocats, en violation de la constitution et du code de procédure pénale, la Cour Suprême dans son avis n° 13/04 du 10 mai 2004 rendu pour le compte- contrairement à toute règle légale - du ministère de la défense à la demande du ministre de la justice a jugé que les jurés doivent être des militaires comme si la Cour Suprême peut se substituer au législateur lorsque la Constitution prescrit que la création et l’organisation des juridictions sont du domaine de la loi Et les exceptions ne s’arrêtaient pas là . Les avocats de la défense soulevaient également que le lieu et la date du procès n’ont pas été fixés par une ordonnance du président de la Cour criminelle et que les accusés et leurs plaideurs n’en avaient pas été informés comme le prévoient les textes quand la Cour décide de se déplacer de son siège naturel pour la tenue de ses audiences. Et enfin que deux des accusés, Saleh Ould Hannenna, cerveau présumé d’une série de putschs manqués, et Abderrahmane Ould Mini, n’ont pas reçu notification de leur comparution dans le cadre de ce procès et, disposent encore d’un délai pour faire appel. Tard dans la journée et se basant sur l’article 331 du Code de procédure pénale, le président de la Cour Criminelle a refusé les exceptions soulevées par la défense déclarant qu’elles vont être examinées avec le fond. Cependant il a remplacé un des deux militaires jurés -le Colonel Ndiaye Diawar - par son adjoint le Colonel Sidi Ould El Bou, tout en maintenant la composition de la Cour, qui comporte toujours deux militaires.
L’ex-Commandant Ould Vall déclare: " Je suis resté légaliste, avant, au cours et après la tentative de putsch "
Un groupe de quinze prévenus militaires comportant 12 caporaux et 3 soldats ont été présentés en salle d’audience et n’ont pas été entendus dans ce qui s’assimile à une erreur de procédure. Après la présentation de ce groupe, ce fut le tour, de l’ex-commandant Ould Vall d’être présenté au box des accusés. Répondant à une question du juge, sur son implication dans la tentative de putsch du 8 juin, l’ex-commandant Ould Vall a nié toute implication déclarant qu’il était resté , avant, au cours et après la tentative de putsch du 8 juin 2003 dans la légalité. C’est à ce titre, qu’il a déclaré avoir informé le Chef d’Etat major de l’Armée Nationale dés le jeudi 6 juin 2003, de la préparation d’une tentative de putsch et d’avoir confirmé cette information l’après- midi du 8 juin2003 au Commandant El Hacen Ould Meguett, avant de déclarer par la suite ,qu’a partir de 00 heures 30 mn le matin du 9 juin2003, il avait regagné son poste à la 6 eme région militaire, qu’il a sécurisé et que s’il avait apporté la moindre assistance aux insurgés la situation aurait évolué autrement. Interrogé par le juge sur une éventuelle duplicité qui faisait qu’il était du coté des putschistes tout en affichant un respect de la légalité, Ould Vall a déclaré être honnête et s’est s’interrogé pourquoi a -t-il été arrêté le 18 juin 2003, une dizaine de jours après la tentative de putsch et de rappeler qu’en 1989, il avait informé la hierarchie d’une tentative de putsch et s’était vu emprisonné. A souligner également qu’au cours de l’interrogatoire de l’ex -Commandant Ould Vall, un incident s’est produit entre les avocats et le procureur de Rosso. Ce dernier a expulsé d’ailleurs de la salle d’audience l’avocat Sidi Mohamed Ould Maham. L’ex-commandant Ould Vall a refusé de répondre aux questions de la Cour en l’absence de ses avocats. Finalement les avocats qui s’étaient solidarisés avec leur collègue expulsés ont regagné la sale d’audience et le procès a repris avec eux. Un procès qui s’est poursuivi jusqu’à 19H10, l’après midi du 21 novembre où la séance fut levée jusqu’au lundi 22 novembre. A noter que dans l’audience du 22 novembre il est prévu d’auditionner les ex -officiers Mohamed Ould Vall, Mohamed Lemine Ould Laghlal , Sidi Mohamed Ould Hamadi, Ahmed Ould Yacoub, Ahmed Ould Ahmed Abd, Chrif Ahmed Ould Krembelle, Ely Ould Maghlah, Dié Ould Sidi Mohd, Tahar Ould Varwa et Sidi Ely Ould Mohamed Vall.
Grands moments de deux journées d’audience Après cinq heures d’audience, la première journée, d’un procès qui concerne de plus de 180 prévenus accusés de tentatives de coup d’Etat, s’était achevée dimanche 21 novembre, à 19H00 GMT. Au terme de cette première journée marquée par une terrible bataille juridique ayant opposé le président de la Cour criminelle de Rosso aux avocats de la défense sur des exceptions de procédures, un seul prévenu aura été entendu. Ce dernier, Mohamed Ould Vall ex- adjoint au commandant de la 6 eme région militaire a nié toute implication dans la tentative de putsch du 8 juin 2003 qui avait fait 15 morts et 68 blessés selon un bilan officiel. Ould Vall a déclaré durant son audition être resté loyaliste avant la tentative, en informant sa hiérarchie de ses préparatifs, au cours de la tentative, en fournissant l’appui aux forces loyalistes et après la tentative, en restant sur sa position qu’il avait contrôlé et sécurisé après "la fuite" de ses chefs. Cette première journée d’un procès qui s’annonce long et plein de rebondissements a été marquée par l’expulsion de M Sidi Mohamed Ould Maham, un avocat de la défense et secrétaire général du Conseil de l’Ordre des avocats. L’avocat avait regagné la salle d’audience après des palabres et une brève suspension de l’audience.
Ould Maham placé sous mandat de dépôt, les avocats se retirent
La deuxième journée du procès a débuté le 22 novembre à 9 heures GMT. Au cours de cette audience, 10 prévenus devaient être auditionnés. Il s’agit de Mohamed Ould Vall, Mohamed Lemine Ould Laghlal, Sidi Mohamed Ould Hamadi, Ahmed Ould Yacoub, Ahmed Ould Ahmed Abd, Chrif Ahmed Ould Krembelle, Ely Ould Maghlah, Dié Ould Sidi Mohamed, Tahar Ould Varwa et Sidi Ely Ould Mohamed Vall. Ould Laghlal Le premier à être auditionné fut Mohamed Lemine Ould Laghlal qui a nié lui aussi, toute implication dans la tentative de putsch. D’ailleurs, dans l’instruction menée à son sujet, les enquêteurs ont mentionné qu’il a fut "séquestré" par les putschistes qu’ils l’ont chargé d’une opération militaire mais qu’il avait eut l’occasion de fuir, sans le faire. Ould Laghlal a déclaré être un officier administratif et être monté pour la première fois, sur un char, au cours de ces journées. Ould Ahmed Abd Apres l’audition de Ould Laghlal ce fut le tour de Ould Ahmed Abd. Mais l’audition de ce dernier, fut perturbée par une seconde friction entre les avocats et le Président de Cour. Répondant à une observation du Président sur le comportement des avocats en pleine audience qui ne peuvent s’empêcher de "sautiller" ( Irasfou !), selon le Président, l’avocat Sidi Mohamed Ould Maham a réagi de façon vive, exigeant du Président, de respecter les avocats et d’être plus de sérieux dans cette audience solennelle où il est question de vies humaines. Qui est- tu pour parler ainsi? lui a lancé le Président. Je suis le secrétaire général de l’Ordre des avocats, répond Ould Maham , et de poursuivre, ce n’est pas la Cour qui m’a désigné , elle ne peut pas m’enlever et je m’exprime au nom du bâtonnier absent ! Viens par là ! lui lanca le Président qui lui notifia sur le champ sa mise aux arrêts. Aussitôt dit, aussi fait ! L’avocat est embarqué manu militari à la brigade de Gendarmerie de Ouad Naga, où il a été placé en garde en vue. Il était 10 heures du matin, malgré le retrait de l’ensemble des avocats l’audience s’est poursuivie. Le Président a commis d’office "deux avocats" MM Yero Sarr et Edded pour défendre les prévenus. Le premier est un ancien réfugié et le second, un fonctionnaire de la Fédération Nationale des Transports (FNT). Ould Ahmed Abd a aussitôt demandé à ces "avocats" commis, de se reposer, car dit-il je ne les connais et je n’accepte pas d’être défendu par eux et de poursuivre, l’un d’eux est en train de chanter les louanges de la Justice mauritanienne, alors que moi je n’ai pas de griefs contre la Justice, je veux tout simplement être défendu par mes avocats. Tout au long de son audition Ould Ahmed Abd qui ne s’empêchait pas par moments de sourire, ainsi que le Président de la Cour d’ailleurs, allait continuer à exiger la présence de ses avocats pour répondre aux questions. Monsieur le Président dira t-il en définitive, " ne perdons pas de temps, mes amis attendent sous le soleil, je ne répondrais qu’en présence des mes avocats, je suis un militaire, je ne peux parler qu’en présence de mes avocats car je ne connais rien au droit". "Cela se voit que vous ne connaissez rien au droit ", répondit le Président, avant de demander la présentation d’un autre prévenu.
Ould Hamadi à la barre Ce fut alors, le tour de Sidi Mohamed Ould Hamadi. Après avoir adressé un geste à la foule Ould Hamadi se tiendra en position de garde à vous devant le Président. A toutes les questions relatives à son identité, son cursus et sa situation sociale, Ould Hamadi acceptera de répondre solennellement. A la question relative à son implication dans la tentative de putsch du 8 juin Ould Hamadi toujours en position de garde à vous, comme s’il était devant un Général répondra : " Monsieur le Président, Messieurs les jurés, Honorables Messieurs, je demande à cette auguste Cour de faire parvenir mon avocat pour qu’il puisse assurer ma défense " Le Président marque un silence et s’adresse à Ould Hamadi en ces termes : "parce que vous l’avez demandé de la sorte, parce que vous marquez la différence, oui, j’accepte ! Je lève la séance et j’espère que les avocats se présenteront demain pour défendre leurs clients." Une telle réaction du Président de la Cour aux sollicitations d’un prévenu avait fait penser à un probable dégel avec les avocats. Mais on verra que tel ne sera pas le cas. A la levée de cette séance du 22 novembre l’avocat Ould Maham était toujours maintenu en détention à la brigade de Gendarmerie de OuadNaga, où les avocats avaient organisé un sit-in en guise de solidarité avec leur confrere.Aux environs de 18 heures la situation évoluait vers l’escalade. Ould Maham a été conduit manu militaru à bord d’un véhicule militaire pour être placé sous mandat de dépôt pour "outrage à magistrat" à la prison civile de Rosso, une ville située à 250 Km de OuadNaga.
Les avocats réagissent Les avocats ont déclaré lundi être humiliés et ont exprimé leur solidarité avec Me Ould Maham à la fin d’un sit-in devant la brigade de Gendarmerie où leur confrère était alors en garde à vue. Me Malainine Ould Khalifa, bâtonnier de l’ordre national des avocats, a indiqué d’ailleurs qu’il avait essayé de trouver avec le président de la Cour " une solution à l’amiable". Ce dernier lui a affirmé qu’il était déterminé à juger Me Ould Maham pour "son insolence". Selon Me Ould Ebetty, "il s’agit là d’un précédent grave qui doit amener les avocats à discuter entre eux pour en tirer les conséquences pour leur participation à venir dans ce genre de procès où la loi est bafouée". Dans le communiqué qu’ils ont rendu public et dont Nouakchott info a obtenu copie, les avocats ont souligné que Me Ould Maham par son intervention " conviait, en des termes courtois, responsables et déférents toutes les parties et notamment les avocats et magistrats à mesurer la gravité du moment et à donner à l’audience la solennité et le respect dus aux tribunaux singulièrement en pareilles circonstances " et que l’incarcération de leur confrère "constitue un précédent dangereux et une violation manifeste des procédures judiciaires ; et même si nous supposons que l’appel au respect de la procédure, à la dignité et la sérénité de la justice constitue un délit d’audience, il eut fallu pour autant juger les faits séance tenante. Tout report de l’examen de ces faits à une audience ultérieure rend nul et de nuls effets les poursuites". Ainsi les avocats ont rejeté cette mesure dans son fond et dans sa forme, exigé la libération immédiate de Me Sidi Mohamed Ould Maham et soumis l’exercice de leur ministère devant la cour criminelle et devant toutes les autres juridictions du pays, à la levée des mesures initiées à l’encontre de leur confrère. Ce qui veut dire en termes clairs le boycott des toutes les audiences.
Audience du Mardi Reprise avec un seul avocat, clôture par une réconciliation L’audience de la Cour criminelle a repris mardi 23 novembre à 11H 3O mn à OuadNaga, en présence d’un seul avocat, Me Brahim Fall, avocat du présumé putschiste Farah Ould Chkouna. L’audience a été boycottée par 64 avocats qui étaient soit, à Rosso pour marquer leur solidarité avec Me Ould Maham ou, à l’extérieur de la salle d’audience. Au cours de son audition, Farah Ould Chkouna qui s’est exprimé en français, a plaidé non coupable, comme ses collègues interrogés, affirmant au contraire, qu’il avait assuré la défense de l’état-major contre les putschistes, avec le blindé dans lequel il se trouvait. Après épuisement des munitions, il a dû déclare-t-il se rendre et avait été emmené avec le reste de l’équipage au siège du bataillon de blindés qui servait de quartier général aux insurgés. Ould Chkouna a affirmé avoir été maltraité durant les différentes phases de l’enquête militaire le concernant, et n’avoir jamais fait certaines déclarations figurant au procès verbal d’instruction.Après l’audition de Ould Chkouna, ce fut le tour de Dié Ould Abidine qui a plaidé lui aussi non coupable et demandé le report de l’audience jusqu’ à la présence de ses avocats. Le Président de la Cour lui a répondu : " Je jure au nom d’Allah que je rendrais la justice et la justice seulement, mais je vous assure que vous pouvez tous être jugés sans avocats, que nous pouvons demander le concours d’avocats qui seront tenus de vous défendre, et que nous n’accepterons pas la surenchère !". Dié Ould Abidine a nié toute implication dans la tentative de putsch du 8 juin. Il a déclaré qu’il était chez lui quand le Capitaine Taher Ould Varwa l’avait contacté pour l’amener à la Direction de la Marine où un autre officier lui a ordonné de contrôler l’entrée de la Base Marine et de ne laisser personne y accéder à condition qu’il ne soit pas armé. Il est resté selon ses déclarations, dans sa position jusqu’à la fin des opérations. D’ailleurs, il a déclaré qu’après l’échec du putsch, le Colonel Abderrahmane Ould Yahya l’avait convoqué pour le féliciter, qu’il eut une permission pour se rendre chez lui. Après quelques semaines il fut arrêté et maintenu ligoté et à la merci des moustiques et que certains enquêteurs lui ont dit : "on sait que tu as bien travaillé, mais tu es le parent de Mohamed Ould Cheikhna " . Et Ould Abidine de confirmer par l’occasion, qu’il n’a aucune relation avec Ould Cheikhna sauf la relation sociale qui les lie. A souligner que Ould Abidine a reconnu avoir subi des traitements dégradants et qu’à la fin de son audition il a refusé de signer sa déposition arguant que le secrétaire de greffe de la Cour, transcrivait de façon erronée ses propos. D’ailleurs il a porté de sa propre main des mentions sur acquiescement du Président de la Cour. Puis ce fut la pause qui marque le milieu de l’audience. Au retour de la pause, on notait la présence du Bâtonnier Melainine Ould Khalifa et de l’avocat Sidi Mohamed Ould Aghrabatt. Après la réouverture de l’audience, le Bâtonnier Melainine Ould Khalifa a pris la parole pour demander le pardon et la libération de l’avocat Me Ould Maham incarcéré sur ordre du Président de la Cour criminelle à Rosso. En reponse aux sollicitations du Bâtonnier Melainine, le Président de la Cour criminelle a insisté sur le fait que les avocats doivent avoir à l’esprit le rôle qui leur incombe déclarant avoir pardonné à Me Ould Maham. Ce à quoi le Bâtonnier Melainine répondra que du moment que la cause du boycott décidé par les avocats a été levée, il demande le report de l’audience jusqu’à leur présence, ajoutant qu’avec la présence des avocats titulaires, il n y a plus de raison pour celle des avocats commis d’office par la Cour. Prévoyant, le Président de la Cour décréta : " Je ne reviens pas sur la désignation Me Ould Aghrabbat et sur celle des autres que je pourrais désigner, parce que les avocats peuvent encore boycotter donc je maintiens les avocats commis d’office par la Cour". Sur ce, le Président leva l’audience, dont l’ouverture est prévue aujourd’hui à 9 heures. Les Avocats regagnent le Prétoire, les prévenus défilent à la barre
Après avoir boycotté l’audience de la Cour criminelle la journée du mardi, suite à l’incarcération de Me Sidi Mohamed Ould Maham, les avocats ont assisté mercredi 24 novembre à la nouvelle audience de la Cour criminelle qui se tient à OuadNaga pour juger les présumés putschistes accusés dans plusieurs tentatives de putsch. Le retour d’une vingtaine avocats en salle d’audience est intervenu après le compromis trouvé la veille, entre le président de la Cour Criminelle Mohamed El Hadi Ould Mohamed et le Bâtonnier Melainine Ould Khalifa, compromis, qui a abouti à la libération de l’avocat placé en détention à la prison civile de Rosso. Et c’est dans la serennité cette fois, que cette audience du mercredi a débuté à 10 H35 mm. Une serennité, un respect mutuel et une solennité qui doivent continuer à prédominer, dans l’intérêt de la Justice et des justiciables, au terme d’un procès ultrasensible.
Capitaine Taher Ould Varwa Le Premier prévenu à comparaître à la barre fut le Capitaine Taher Ould Varwa de la Base militaire de Jreida, située au sud-ouest de Nouakchott. Ould Varwa a plaidé non coupable et nié avoir participé à la tentative de putsch du 8 juin. Il a déclaré avoir été contacté la soirée du 7 juin par le Capitaine de la Marine Sid’Ely Ould Mohamed Vall qui l’a informé de troubles au niveau du bataillon blindé (BB). Il est aussitôt entré en contact avec la direction de la Marine .Mais avant de la regagner il a déclaré être passé par le BB où il a trouvé des armes jetées à la porte. Pourquoi n’a-t-il pas regagné son unité d’origine ? Ould Varwa a répondu qu’il a reçu depuis le jeudi 5 juin 2003, des instructions relatives à des menaces terroristes qui planaient et qu’en cas de troubles, elles étaient de regagner la base militaire, la plus proche . C’est pour cela dit-il qu’il est allé à la Base Marine d’où il a regagné plus tard la Base de Jreida où il a été désigné adjoint de Commandant d’Unité.
Commandant Sidi Mohamed Ould Hamadi Après l’audition de Ould Varwa ce fut le tour du Commandant Sidi Mohamed Ould Hamadi qui avait sollicité et obtenu le 22 novembre du président de la Cour, le report de son audition jusque la présentation de ses avocats. A son tour, Ould Hamadi après avoir prononcé un verset du Saint Coran et un Hadith a nié toute implication dans la tentative de putsch, déclarant n’avoir jamais commis de faute durant sa carrière militaire et d’être victime d’une délation. Il a déclaré avoir été réveillé au quartier "Doubaï" où il était, pour être informé de troubles à Nouakchott. Il a aussitôt endossé l’uniforme et regagné l’état Major National, où il est venu voir le Colonel El Hadi Ould Seddigh qui l’a désigné adjoint de commandant d’une unité d’intervention venant de la 6eme région militaire et placée sous le commandement du Lieutenant Colonel Ould Jiddou. C’est à ce titre qu’il a mené une mission de reconnaissance au " Carrefour Madrid " avant qu’on leur demande de se positionner au niveau du siège des sapeurs pompiers. A 6heures du matin il déclare être revenu à l’état Major où le Colonel Ould Seddigh l’a désigné Commandant de l’unité en remplacement de Ould Jiddou et lui a confié la mission de se diriger vers la radio pur détruire trois chars sous contrôle des insurgés. Sur se route pour réaliser la mission il a été attaqué par la formation de chars stationnés devant la radio. Il déclare s’être aperçu du rapport de forces défavorable à son unité : Trois chars contre trois véhicules légers armés de lances roquettes. D’ailleurs l’un des véhicules de son unité a été détruit par les mutins. Il s’est alors retiré sous un déluge de feux qui a occasionné la débandade de son unité et sauté dans l’enceinte de la clôture située entre Air Mauritanie et la Primature, où il s’est réfugié chez une famille de gardiens en pleurs. Il est resté dans cette loge gardiens jusqu’au lendemain. Après, il déclare avoir contacté un officier pour lui demander de chercher des secours. Ce dernier l’a informé que le chef d’état Major National a été assassiné par les mutins et que la situation était perdue, lui conseillant de chercher un boubou pour fuir ou de se rendre à Saleh Ould Hannena qui maîtrisait la radio. C’est ainsi qu’il a téléphoné à la radio et s’est présenté au Sous-Lieutenant Abdi Ould Ahmed Yacoub pour demander Saleh Ould Hannena. L’officier a coupé la communication. Quand Ould Hamadi a rappelé une seconde fois, il s’est vu répondre par quelqu’un qui s’est présenté comme étant le directeur de radio. Après il s’est fondu au milieu des évadés de la prison civile que les mutins venaient de libérer. Il est parti chez lui pour revenir et se mettre à la disposition de à l’état Major National. Interrogé sur sa dernier rencontre avec Saleh Ould Hannena il déclare l’avoir rencontré il y avait trois ans. Quand à Mohamed Ould Cheikhna il a déclaré l’avoir rencontré deux semaines avant la tentative de putsch du 8 juin 2003.
Commandant Ahmed Ould Yacoub Le Commandant Ahmed Ould Yacoub du Centre de Formation de l’Armée Nationale de Rosso a nié toute implication déclarant avoir fait face à cette tentative avec courage et bravoure. En tant qu’officier de renseignement il déclare avoir été chargé par l’ex-chef d’état Major National, Feu le Colonel Ould Ndiayane de se renseigner sur les organisateurs du putsch de juin 2003. C’est alors qu’il est parti au BB d’où il eut l’information que le putsch était dirigé par Mohamed Ould Cheikhna et Saleh Ould Hannena . Il déclare être reparti pour rendre compte au chef d’état Major. Pendant qu’il était avec ce dernier ils reçurent un renseignement confirmant la présence de Saleh Ould Hannena à la radio. Il déclare que l’ex -chef d’état Major l’a chargé de contacter Saleh Ould Hannena et de lui demander ce qu’il veut. Après avoir rencontré Saleh Ould Hannena, ce dernier lui a ordonné de rebrousser chemin, lui disant : " Tu n’es pas clair ! " Il répondit à Saleh qu’il était envoyé en mission. Ce dernier lui a répondu : " Moi aussi, je suis en mission et mon chef, c’est Mohamed Ould Cheikhna.". De retour chez le chef d’état Major, il lui rendit compte avant de fuir après l’attaque menée le dimanche 9 juin au matin dans laquelle le chef d’état Major National a été assassiné. Ould Yacoub affirme s’être rendu à la 6eme région militaire d’où il a été chargé par le Colonel El Hadi Ould Seddigh de faire le décompte des morts et blessés à l’issue du putsch. Le commandant Ahmed Ould Yacoub a déclaré être victime d’un règlement de comptes dans lequel il a indexé nommément le Colonel Cheikh Ould Chrouf après qu’il a eut à dénoncer deux jours après l’échec de la tentative de putsch, la passivité au cours des évènements du 8 juin, de deux formations militaires : Le Bataillon de Commandement et de Services ((BCS) qui devait sécuriser l’état Major National et la 6eme région militaire qui devait sécuriser la ville de Nouakchott.
Capitaine Chrif Ahmed Ould Krembelle Le Capitaine Chérif Ahmed Ould Krembelle a demandé et obtenu à la barre, le report de son audition arguant l’absence de son avocat Me Hmalla Ould Regad . Le président de la Cour lui demanda : pourquoi n’acceptes tu pas ces avocats ? Réponse de Cherif Ahmed : Non je veux être défendu par mon avocat.
Capitaine Die Ould Sidi Mohamed Ce dernier a plaidé non coupable déclarant qu’il habite à proximité du BB et qu’il avait l’habitude d’attendre devant le bataillon, le bus de l’Armée qui le recuperait pour l’amener à l’état Major National où il travaille. Alors qu’il attendait le bus, les mutins l’ont retenu en otage. Il déclare avoir sauvé le directeur de l’Artillerie qui était de passage au BB et qui faillit être retenu par les mutins. Il déclare ne s’être rendu compte de rien. C’est en voyant la blessure de Mohamed Ould Cheikhna au genou qu’il lui a demandé : Qu’est ce qu’il y a ? Ould Cheikhna lui a répondu : C’est un putsch ! Dié déclare avoir répondu : C’est dommage ! parce que dit-il j’avais une grande considération pour Ould Cheikhna . Il déclare être resté au bataillon blindé jusqu’à la débandade collective. Le Sergent Boubacar Ould Ahmed Ce sergent, est en service au Bataillon blindé qu’il a rejoint aux premières heures de la tentative de putsch. Il a affirmé avoir été embarqué à bord d’un char qui devait se diriger vers l’état Major National sur ordre des officiers Mohamed Ould Saleck et Abderrahmane Ould Mini qui ont déclaré que l’état Major National faisait l’ objet d’une attaque terroriste. Après avoir passé par l’état Major et la radio, le sergent Boubacar déclare avoir compris que sa mission n’était pas naturelle. Au niveau d’Air Mauritanie il déclara au l’équipage qu’une panne s’est déclarée dans le char . C’était l’occasion pour lui dit-il de prendre le large
Capitaine Ely Ould Maghlah Le Capitaine Ely Ould Maghlah, un officier en service au Bataillon de Commandement et de services a nié toute implication dans la tentative de putsch. C’est à El Mechrou à Teyarett, la matinée du 8 juin, qu’il en fut informé. De retour d’Arafat où il a déposé sa famille, il fut intercepté par des hommes armés qui lui ont tiré dessus et l’ont amené à l’intérieur du bataillon blindé (BB).
A l’intérieur, les mutins lui ont demandé : Es- tu avec nous ? Il déclare leur avoir répondu : Avec vous dans quoi ? L’après- midi, suite à une forte explosion au BB et la débandade qu’elle a occasionné, il partit avec des fuyards à bord d’un vehicule où il y avait un certain Mohamed El Mamy Ould Kaabache qui l’a déposé chez lui. Il a nié avoir scandé des slogans favorables aux mutins et hostiles au régime. Il déclare avoir vu le Capitaine Boddé Ould Sidi descendre d’un char et d’avoir entendu Ould Hannena dire : " Nous avons voulu réaliser ce que les poltrons n’ont pu faire". C’était ainsi la dernière audition au terme de cette quatrième journée de ce procès. A noter que les auditions des officiers dont les noms suivent sont programmées pour l’audience du 25 novembre .Il s’agit du Capitaine Sid’Ely Ould Mohamed Vall, du Capitaine Bodde Ould Sidi , du Capitaine Mahfoudh Ould Sidi Mohamed, du Capitaine Mahfoufdh Ould Beiba, du Capitaine-pilote Mohamed Ould Saadbouh, du Capitaine Sidi Mohamed Ould Né et du sergent El Ghassem Ould Dellal ,.
Les prévenus nient en bloc les accusations
Le capitaine Sid’Ely Ould Mohamed Vall Accusant un retard de quelques heures, cette 6ème journée du procès ne démarrera qu’à 12H45, avec l’audition du Capitaine de la Marine nationale Sid’Ely Ould Mohamed Vall qui a nié en bloc les accusations retenues contre lui. Revenant en détail sur ses mouvements dans les folles journées du 8 et 9 juin 2003, le capitaine Sid’Ely dira qu’il était la veille du 8 juin avec le capitaine Taher Ould Varwa dans le domicile de ce dernier à Arafat. En rentrant chez lui à Teyarett où il réside, il passa devant le bataillon des Blindés où il aperçut des militaires armés lesquels l’informeront qu’il y a une rebellion à l’intérieur de la caserne. C’est alors qu’il revînt vers Ould Varwa pour l’en informer et emprunter avec lui une tenue militaire pour regagner tous les deux la base de la Marine Nationale. Sur leur chemin, ils firent un tour au Bataillon des Blindés pour se rassurer de ce qui s’y passe et c’est alors qu’ils découvrirent plusieurs armes éparpillées au poste de garde dont ils en prirent 19 pièces de kalachnikov pour les garder. A la base de la Marine Nationale, il a remis ces armes à la police militaire en donnant cinq armes d’entre elles aux soldats en poste de garde dont les armes étaient défectueuses et cela pour protéger l’unité qu’il ne quittera pas jusqu’à son arrestation le jeudi suivant. Au sujet des contacts qu’il a eu cette période avec le commandant Mohamed Ould Cheikhna, le capitaine Sid’Ely Ould Mohamed Vall dira qu’il avait été officiellement chargé et cela par notification du directeur de la Marine Nationale de rentrer en contact avec Mohamed Ould Cheikhna, chef adjoint du 1er bureau dans le cadre de la préparation d’un projet de création d’un Etat-major de la Marine nationale dont il est chargé. Je suis entré en contact avec lui mercredi et il m’a donné rendez-vous dans son domicile le samedi soir pour me donner des éclaircissements sur la mission dont il est chargé. Je suis allé à sa rencontre au sortir de la mosquée après la prière du Açr et c’est là qu’il m’a demandé de reporter la rencontre. Il m’a dit qu’il rentrera en contact avec moi très bientôt. Le capitaine Sid’Ely Ould Mohamed Vall niera avoir ouvert le feu sur le sous-lieutenant Mohamed Ould Taya et dira avoir été victime de toutes sortes d’humiliations et de tortures psychologiques durant son incarcération, tout comme sa famille a été expulsée du logement qu’elle habitait.
Le Capitaine Chérif Ahmed Ould Krembelle La seconde audition sera celle de Chérif Ahmed Ould Krembelle qui, l’on s’en souvient, avait demandé et obtenu à la barre, le report, mercredi dernier de son audition arguant l’absence de son avocat Me Hmalla Ould Regad. Comme son prédécesseur à la barre, le capitaine Chérif Ahmed niera en bloc les accusations portées sur lui affirmant qu’il s’était dirigé vers son lieu de travail le 8 juin 2003 au Bataillon des Blindés où il travaillait comme officier administratif. Il s’y rendait après avoir appris que des troubles secouaient le Bataillon des Blindés et une fois au poste de garde, un soldat lui refusa l’accès jusqu’à l’arrivée du capitaine Abderrahmane Ould Mini qui lui demanda de rester sous la tente dressée devant la porte d’accès au Bataillon des Blindés. Peu après, commence, dit-il, à arriver par vague, les officiers arrêtés, alors qu’une forte fièvre me terrassait déjà . Je suis monté dans une chambre qui se trouvait dans un étage supérieur du Bataillon avec un groupe composé du lieutenant-colonel Ould Znagui et j’ai retrouvé devant moi le lieutenant-colonel Cheikh Ould Chrouf qui m’a donné des gélules tranquillisantes. Il y avait aussi le colonel Hassen Ould Sambeïtt, le colonel Taleb Moustaph, le colonel Félix Négro, le lieutenant-colonel Brahim Vall Ould Cheibani, le capitaine Ahmed Ould Meyleh, l’adjudant chef Ould Bah de la Garde. Nous sommes restés dans une seule chambre jusqu’à 16H30mn, heure à laquelle un obus est tombé non loin de nous et nous sommes tous sortis. Je suis allé avec le sous-lieutenant Sidi Ould Salem et le sergent chef Zein Ould Chighali au domicile de Sidi Salem avant de rentrer chez moi à Teyarett. Le lendemain 9 juin 2003 je suis revenu au bataillon où j’ai trouvé des gardes de l’unité qui, ne me connaissant pas, m’ont refusé l’accès et je suis revenu à la maison malade jusqu’au matin du 10 juin, je suis reparti au bataillon et là on m’a laissé entrer pour être entendu par le commandant Sid’Ahmed Ould Taya et le colonel Moctar Ould Mohamed Lemine, un assermenté de la Cour. Je suis resté à mon poste de travail jusqu’au 16 juin, mon supérieur m’a informé que la chaîne Al Jezira a diffusé une liste de noms d’officiers de tribus concernés par le putsch où mon nom figurait, mais que je n’avais pas participé au putsch. Puis j’ai été convoqué à la Marine Nationale par les enquêteurs comme témoin et c’est là que l’on m’a menotté et j’ai été arrêté et remis au Commandant Ould M’Haimed.
Le Capitaine Mahfoudh Ould Beibe La troisième audition sera celle du capitaine Mahfoudh Ould Beibe qui niera toutes les accusations retenues contre lui affirmant qu’il avait regagné le Bataillon des Blindés le 8 juin 2003 et avait trouvé que les putschistes avaient déjà maîtrisé la situation et qu’il y était resté jusqu’à 16H30mn quand un tremblement secoua le Bataillon occasionnant la fuite de tout le monde. Je suis resté au Bataillon pour ramasser les armes et les hommes et j’ai tiré sur le véhicule du capitaine Mohamed Ould Saleck pour l’empêcher de fuir parce que je considérai qu’il avait pris mes armes et mes hommes sans aucun droit. Puis j’ai contacté mon supérieur par téléphone et je lui ai dit que le Bataillon ne comptait plus personne et il m’a demandé de sortir du Bataillon les mains levées, moi et tous ceux qui étaient avec moi. A la porte le colonel Moctar Ould Mohamed Mahmoud m’a demandé de rentrer devant eux au Bataillon en compagnie du sergent chef M’Bareck Ould Enasri en soulignant que si quelqu’un ouvrait le feu sur eux de l’intérieur du Bataillon ils nous fusilleraient de dos. Lorsque nous sommes rentrés dans le Bataillon, je lui ai remis les armes et il a récupéré mon téléphone portable pour me conduire ensuite à la 6ème région militaire où je suis resté plus de trois mois coupé du monde extérieur. Au sujet du traitement qui lui a été réservé, le capitaine Mahfoudh dira qu’il a été torturé physiquement et moralement et que le lieutenant-colonel Cheikh Ould Chrouf avait manqué sa tribu et sa région qu’il avait qualifié de tous les mots, qu’il a été frappé sur le visage par le lieutenant-colonel Ould Vaida alors qu’il était ligoté, qu’il a été cagoulé et empêché de dormir plusieurs fois. Ce qui est intriguant, dira Ould Beibe, c’est que quelqu’un a appelé ma famille de mon portable pour leur dire que j’étais mort et ma famille est entrée en deuil pendant un mois avant de trouver une confirmation que je suis toujours en vie. Pour la journée de mardi 30 novembre 2004, le procès se poursuivra avec l’audition de sept présumés putschistes que sont le commandant Mohamed Ould Abdi, les capitaines Sidi Mohamed Ould Né, Bedde Ould Sidi, les sous-lieutenant Mohamed Ould Cheibani, Didi Ould Mhamed, Mohamed Ould Hama Vezzaz et Moussa Ould Salem. A tour de rôle, ces militaires présumés putschistes passeront devant la Cour pour nier en bloc leur participation au putsch des 8 et 9 juin 2003. Commençant par nier en bloc les accusations retenues contre eux et soulignant qu’ils ont été victimes de mauvais traitements, ils se cantonneront dans des plaidoiries de non coupable qui amèneront quelqu’un à se demander si il y a eu les 8 et 9 juin 2003 ont vraiment existé. Ces rejets des accusations viendront tour à tour de la bouche du commandant Mohamed Ould Abdi, puis du capitaine de la Garde Nationale Sidi Mohamed Ould Né, du capitaine Bedde Ould Sidi, du sous-lieutenant Mohamed Ould Cheibani et de tous les autres. Il en sera de même pour le sous-lieutenant Didi Ould Mhamed, qui reviendra sur ses aveux quand il avouait devant la presse qu’il n’avait pas été torturé lors de son rapatriement du Sénégal le 13 juin 2003. "Avant d’être livré à la presse pour dire que je n’ai pas été torturé et que j’étais en bonne santé et bien traité, j’avais reçu la visite du commandant Ould Mhaimed qui a passé avec moi un pacte dont la teneur était que si je disais à la presse exactement ce que je n’ai pas été torturé, que je me porte bien et que je suis en bonne santé, je serai remis renvoyé dans mon unité pour reprendre service car rien n’a été trouvé contre moi. Il m’a d’ailleurs donné une brosse à dent et un dentifrice pour faire ma toilette. Mais à peine cette rencontre avec la presse est-elle finie que j’ai été roulé par terre, déshabillé et remis en taule. J’avais fui au Sénégal parce que je savais que je serai arrêté rien que parce que je suis un cousin de Saleh Ould Hanena." Pendant leurs auditions les sous-lieutenant Mohamed Ould Hama Vezzaz et Moussa Ould Salem nieront également toute participation au putsch.
Les prévenus maintiennent l’argument des «attaques terroristes»
Au septième jour du procès de OuadNaga, l’ambiance était quelque peu dominée par la "grève de faim" annoncée par certains prévenus et la nouvelle du déferrement de neuf femmes, du collectif des familles des présumés putschistes. Ces dernières ont été déferrées par parquet de Rosso pour être incarcérées mardi à Nouakchott, à la prison civile de Beila. Elles répondront selon une source judiciaire de Rosso contactée par NouakchottInfo de plusieurs accusations dont "la menace de mort", "la possession de documents incitant à la violence" et l’ "outrage à magistrat". Des accusations qui tombent sous le chapiteau des articles 281, 282, 283 et 284 du Code Pénal. Ces femmes, dont des mères, des épouses et des soeurs d’accusés, avaient été interpellées en deux vagues, entre les 21 et le 22 novembre à Ouad Naga au moment de l’ouverture du procès.
Le 1er décembre, les auditions des militaires et civils accusés de putschs se sont poursuivies devant la Cour criminelle du Trarza. Les prévenus continuent à nier toute implication dans la tentative de putsch du 8 juin 2003 déclarant avoir été entraînés par les dirigeants des mutins pour faire face à attaques terroristes, dans ce qui s’apparente de plus en plus à une recherche de circonstances atténuantes. Retour sur la minute d’une audience.
Adjudant Chef Moustapha Ould Mohamed Lemine
Le premier prévenu à être présenté devant la Cour fut l’adjudant chef Moustapha Ould Mohamed Lemine qui a déclaré avoir été entraîné à son insu dans la tentative de putsch, qu’il avait eu un parcours militaire modèle, accumulant une grande formation dans le domaine des blindés et que c’est le matin du 8 juin qu’il apprit aux abords du "Carrefour Madrid" qu’un putsch a eu lieu. Parti au bataillon Blindé (BB ) où il est en service, il fut accueilli par le Capitaine Ould Saleck qui lui dit : "l’Etat est attaqué!" avant de le présenter au Capitaine Ould Mini qui lui a ordonné de prendre un char . Il s’est exécuté avant de découvrir que le char en question n’était pas opérationnel. Après il reçut des ordres de prendre des casques et de les amener à l’état Major national. Mission qu’il n’a pu accomplir et il est retourné au BB où Ould Mini l’a blâmé et sanctionné de n’avoir pas mené à bien sa mission. L’après -midi, il déclare avoir été chargé par Ould Mini de sécuriser à l’aide d’ un char, un coin du bataillon blindé . Il déclare avoir fui et être revenu après l’échec du putsch pour se voir confier la mission de ramener les épaves de chars détruites et la réparation des chars endommagés. C’est le 13 juillet 2003 plus d’un mois après l’échec de la tentative de putsch qu’il déclare avoir été arrêté après qu’il fut convoqué par la commission d’enquête à la base marine de Nouakchott. Moustapha considère qu’il a rendu d’énormes services au bataillon blindé quand il s’est privé au cours d’une formation en chine d’acheter des cadeaux à sa famille pour payer des ouvrages pour les offrir à son commandement.
Adjudant Naji Ould Mohamed Abdellahi
L’Adjudant Naji Ould Mohamed Abdellahi fut le deuxième prévenu présenté à la barre. Son récit devant la cour est tout simple : Infirmier à la direction de l’armée de l’Air il déclare avoir été convoqué la nuit du 8 juin 2003 par le Capitaine Ould Ahmed Abd qui lui a dit qu’il y a des opérations terroristes en préparation avec des voitures piégées lui ordonnant de prendre des éléments et de monter au poste d’observation. Le lundi matin il fut appelé par le Capitaine Mahfoudh Ould SidM’Hamed qui lui dit de venir. A son arrivée il fut cueilli par les éléments des Commandos Paras qui avaient libéré l’aéroport militaire.
Lieutenant Sidina Ould Mboirick
Après ce fut le tour du Lieutenant Sidina Ould Mboirick qui se rendit dés les premières heures de la tentative de putsch à la direction de l’Air où il travaille. Il déclare y avoir rencontré les capitaines Ould Ahmed Abd, Ould Saadboud et Ould SidM’hamed qui lui ont dit que Nouakchott est en proie à des attaques terroristes. C’est le lendemain qu’il comprit dit-il qu’il s’agit d’un putsch et il décida avec ses éléments de se rendre. Il déclare porter plainte contre l’état major national parce qu’il a été arrêté et maltraité à tort.
Adjudant Mohamed Ould Mohamed Cheikh Ould Abidine
A son tour, l’Adjudant Mohamed Ould Mohamed Cheikh Ould Abidine a déclaré être venu au BB en provenance de Arafatt. Au BB, il trouva Mohamed Ould Cheikhna qui lui dit que la ville était sous une menace terroriste et lui ordonna de prendre deux chars pour aller sécuriser l’état Major de la Gendarmerie Nationale. Un échange de propos assez vif, l’a l’opposé au président de la Cour criminelle au sujet de ses déclarations sur la situation de l’Armée et sur le fait que "les dirigeants de l’état Major ont remis Nouakchott sur un plateau d’argent aux putschistes". Il dit avoir arrêté le Colonel Cheikh Ould Chrouf "car il aurait tenu des propos défaitistes devant moi" précise-t-il . Interrogé sur la libération des prisonniers de droit commun de la prison civile de Nouakchott, il a nié en être responsable, déclarant : " ce jour là , Savwane et Ikimeh ont pris la fuite) : (Varra Savwanou We Varra Ikrimeh).Ould Abidine est revenu par la suite sur ses problèmes personnels déclarant que depuis quatre années il était position d’évacuation sanitaire pour l’étranger et que chaque année son évacuation était délaissée pour absence de provision budgétaire alors que déclare t-il, l’argent est mis à la disposition des femmes, des enfants et des boys qui se promènent avec en Europe, alors que nous vivons dans la misère !. D’ailleurs il déclare avoir écrit dans la Presse locale, un article relatif à la question sous le titre : "A qui profite du régime du Colonel ? " Et d’ajouter : " J’ai été alors mis aux arrêts et traité de fou" . D’ailleurs le président de la Cour ne put s’empêcher de lui demander s’il n’est pas encore fou ? Réponse de Ould Abidine : " Non je suis plutôt un "Hajjab" (NDLR guérisseur)", ajoutant à l’adresse du président de la Cour: " Si vous avez un fou, amenez le moi ". En outre, Ould Abidine a déclaré avoir mentionné sous la contrainte, dans son interrogatoire, des personnalités civiles supposées être en relation avec les putschistes alors que tel n’est pas le cas. C’est ainsi dit-il que je tiens à dire que ces civils sont sans aucun rapport avec nous.
Adjudants Sidina Ould Ahmed Beya et Mohamed Lemine Ould Ahmed Taleb
A son tour l’Adjudant Sidina Ould Ahmed Beya qui travaille au BB où il s’est rendu après la tentative de putsch déclare brièvement avoir retrouvé Ould Mini qui l’a fait monter sur un char qu’il a abandonné pour se rendre au Colonel Ould Chrouf qui l’a mis aux arrêts. Puis ce fut le tour de l’adjudant Mohamed Lemine Ould Ahmed Taleb qui a aussitôt tiré une feuille de sa poche devant la Cour où il énonçait des articles de la loi militaire ordonnant l’obéissance aux supérieurs .Contrairement à ces prédécesseurs Ould Ahmed Taleb déclare avoir été informé dés le début par le Capitaine Ould Mini qu’il s’agissait bien d’un coup d’état. Il reconnaît avoir pris un char à bord duquel se trouvait Saleh Ould Hannena qui s’était dirigé directement à la présidence de la République. A la présidence, Saleh descend du char pour des raisons inexpliquées et Ould Ahmed Taleb déclare y être entré grâce à une connaissance pour demander de rentrer en contact avec la sécurité présidentielle ou avec le président de la république. A cet instant déclare-t-il le téléphone de l’un des éléments de la sécurité présidentielle a sonné. A bout du fil, il y avait le Colonel Mohamed Ould Abdi l’ex-aide de camp du président de la République auquel il rendu compte de la mise à exécution d’un putsch lui demandant comment peut-il se tirer d’affaire ? Il déclare avoir été arrêté par la sécurité présidentielle. Ould Ahmed Taleb s’est plaint par ailleurs de sa situation personnelle déclarant que son salaire a été interrompu et que sa famille a été chassée du logement qu’elle occupait.
Adjudant Sid’Ahmed Ould Deddach
Quand à l’Adjudant Sid’Ahmed Ould Deddach, il déclare s’être rendu au BB où il a trouvé les Capitaines Mohamed Ould Saleck et Moustapha Ould Sidi et qu’il était resté au BB jusqu’à son occupation par le Colonel Moctar Ould Mohamed Mahmoud. Puis ce fut le tour du Sergent chef Mohamed Lemine Ould Abdel Haye qui reconnaît être allé au BB après avoir entendu des détonations pour retrouver le Capitaine Ould Mini qui lui a dit que la ville était en proie à une attaque terroriste. il a alors reçu l’ordre de prendre un char et de suivre un autre dirigé par Saleh Ould Hannena . Il a reconnu que son char a tiré un obus. Interrogé sur la cible de ce tir, il déclara ne pas la connaître mais a donné le nom de l’équipage qui a effectué le tir. Cet equipage comprenait Boubacar Ould Ahmed, Ahmed Ould Sidi et Ahmed Ould Mbareck. Après le tir, Boubacar Ould Ahmed a déclaré à Saleh Ould Hannena que le char était tombé en panne et est parti. Puis Ould Abdel Haye déclare lui aussi avoir fui.
Sergents Moctar Ould Bilal et Cheikh Ould Sid’El Abd
Même son de cloche chez le Sergent Moctar Ould Bilal qui est monté au BB où il travaille pour rencontrer Ould Saleck qui lui déclaré la fable de l’attaque terroriste et lui a ordonné de prendre un char pour sécuriser des points névralgiques. Après s’être rendu compte de la nature de sa mission il déclare avoir regagné le BB où il est resté jusqu’à son arrestation. Puis ce fut le tour du Sergent chef Cheikh Ould Sid’El Abd qui lui aussi est venu au BB pour se faire informer de cette histoire d’attaques terroristes avant de se faire embarquer sur un char commandé par le Lieutenant Moussa Ould Salem pour se rendre à l’état Major National . A l’état Major il retrouvera le Sous lieutenant Saadna Ould Hamadi auquel il a été placé sous ses ordres. A l’état Major ils ont été ravitaillés en munitions par une Toyota blanche . Au crépuscule ils ont été pris sous le feu d’une terrible contre-attaque des forces loyalistes .Après rupture des munitions il s’est replié et a pris la fuite aux environs du BB. A noter que pour la journée du 2 décembre il est prévu l’audition des Sous Lieutenants Tijani Ould Mohamed Moussa , Seddoum Ould Bahhah, Saadna Ould Hamadi et des sergents Mohamed Ould Sid’Ahmed Vall, Sidi Boubacar Ould Mohamed et Sid’El Moctat Ould M’Bareck.
Au 9ème Jour du Procès de OuadNaga : Toujours le Niet aux accusations ! Le jeudi 2 décembre, au neuvième jour du procès de OuadNaga, au cours de l’audience de la Cour Criminelle du Trarza siégeant depuis le 21 novembre pour juger les prévenus accusés de participation à la tentative de putsch du 8 juin 2003, les accusés convoqués à la barre ont continué comme leurs prédécesseurs, à plaider non coupables et à se présenter comme victimes d’une manipulation par laquelle on leur avait fait croire, la nuit du 8 juin 2003, que les centres de décisions étaient victimes d’attaques terroristes et qu’il leur était demandé de défendre la République. Aucun prévenu parmi la quarantaine d’accusés ayant défilés à cette date, devant la Cour, n’a accepté d’assumer. Tous se présentent comme de bons soldats ayant accompli leur devoir. Il s’agit vraisemblablement d’une stratégie concoctée avec la Défense en attendant le réquisitoire du Parquet qui doit fournir les preuves aux graves accusations formulées contre les prévenus. Somme toute, l’audience du 3 décembre 2004 n’aura pas dérogé à la règle. Les prévenus ont plaidé non coupables et certains d’entre eux ont déclaré s’être désolidarisés de l’action dés son déclenchement quand ils ont compris la tournure des événements. Le premier prévenu à comparaître cette journée du 3 décembre, fut le Sous Lieutenant Tijany Ould Mohamed Moussa du Centre de Formation de l’Armée Nationale de Rosso.
Sous Lieutenant Tijany Ould Mohamed Moussa : Cet officier en service au Centre de Formation de l’Armée de Rosso a plaidé non coupable. Il déclare avoir été à Nouakchott la veille de la tentative de putsch dans le cadre d’une mission qui consistait à ramener à Rosso un câble GPS qu’il a pris le jeudi 5 juin 2003 des magasins de l’Eta Major National et qu’il fut contacté par Saleh Ould Hannena qui lui dit avoir besoin de lui, le rappelant le samedi soir, pour l’entraîner au Bataillon Blindé (BB) où il trouva un groupe d’officiers dont le Commandant Mohamed Ould Cheikhna qui lui ordonna de rentrer au BB, ce qu’il refusa avant de s’exécuter sous la menace d’une arme. Il déclare avoir quitté le BB une heure après le déclenchement de la tentative de putsch, qu’il essaya d’entrer en contact avec son supérieur hiérarchique sans réussir à le joindre, qu’il est allé à la gare routière de Riyadh où il est resté toute la nuit, avant de prendre un taxi tôt le matin du 8 juin, pour revenir à Rosso aux environs de midi. A Rosso, il déclare être allé directement rendre compte à son chef pour rester par la suite sur son lieu de travail jusqu’à son arrestation.. Ould Mohamed Moussa a indiqué que des officiers supérieurs en charge de l’enquête lui ont dit : " Nous savons que tu es innocent mais ton problème, c’est que tu es parent à Saleh Ould Hannena" avant de souligner qu’il a été torturé et d’indexer à ce sujet, le Commandant Ould M’Haimed. A signaler que le Sous lieutenant Tijany avait été arrêté le 20 juin 2003 à Rosso et qu’il est accusé d’avoir pris part à l’organisation de la tentative de putsch du 8 juin. En effet, le procès verbal de la commission d’enquête mentionne qu’il a pris part à la réunion préparatoire qui s’est tenue la soirée du 7 juin 2003, dans le domicile du Capitaine Ould Mini au Bataillon Blindé. Les enquêteurs ont mentionné qu’au cours de la dite réunion le sous lieutenant Tijany avait "un sachet contenant une tenue militaire à la main".
Sous Lieutenant Saadna Ould Hamadi : Le Sous Lieutenant Saadna Ould Hamadi commandait une unité au Bataillon du Commandement et des Services (BCS). Il a nié toute implication dans la tentative de putsch déclarant qu’il était chez lui quand il entendit des déflagrations et qu’il a aussitôt rejoint son unité à l’état Major National où il retrouva son chef le Lieutenant Colonel Cheikh Ould Chrouf en compagnie de plusieurs autres officiers. Il déclare être resté sous les ordres de son chef, jusqu’au déclenchement de l’offensive menée par les mutins contre l’état Major National suite à la quelle tous les officiers dont le Lieutenant Colonel Cheikh Ould Chrouf, les Colonels Limam Ould Toueilib et le Ndiaye Ndiawar ont pris la fuite, selon les dires de Ould Hamadi et qu’il a cherché vainement son chef le Lieutenant Colonel Cheikh Ould Chrouf qu’il déclare avoir retrouvé terré dans une minuscule pièce de réparation de pneus.Il déclare que malgré cette attitude, il est resté sous ses ordres et lui a demandé la conduite à tenir. Selon ses déclarations, ce dernier lui a donné l’ordre de rassembler les hommes en attendant que le Colonel El Hadi Ould Seddigh leur envoie des chars. Et d’ajouter : " Au moment où je m’apprêtais à exécuter les ordres, je constatais que Ould Chrouf était en train d’escalader le mur séparant l’état Major National et celui de la Gendarmerie et que ses habits étaient restés suspendus aux barbelés".Il déclare également que le Colonel Moctar (l’un des jurésde la Cour Criminelle ) qui avait libéré Ould Chrouf ,le samedi 8 juin au soir du BB où il était détenu, peut témoigner que la tenue militaire de Ould Chrouf était déchirée .Le Président de la Cour criminelle lui rétorqua : " Ould Chrouf a fui à cause de toi !". Réponse de Saadna : " Regardez moi, est ce que je suis en mesure de faire fuir Ould Chrouf ?" Par la suite, le Sous lieutenant Saadna Ould Hamadi à déclaré avoir été arrêté de façon humiliante le dimanche matin, qu’il a été torturé par Ould Chrouf au cours de l’enquête préliminaire, qu’il n’a jamais rencontré Saleh Ould Hannena depuis sa radiation l’année 2000 et qu’il n’avait pas arrêté Ould Chrouf le 8 juin 2003. Des déclarations qui s’inscrivent donc en porte- à - faux contre les conclusions de l’enquête préliminaire menée par la commission d’enquête sur le putsch du 8 juin. Le Sous lieutenant Saadna Ould Hamadi est accusé par cette commission d’avoir été en contact avec Saleh Ould Hannena avant le déclenchement du putsch, qu’il avait pris le contrôle de l’état Major National durant plus de vingt quatre heures et qu’il avait séquestré plusieurs officiers.
Sergent Chef Mohamed Ould Sid’Ahmed Vall : Ce sous -officier en service à la Direction de l’Air (DirAir) n’a pas été prolixe: " j’ai été convoqué par le Capitaine Mahfoudh Ould Sid M’hamed qui m’a confié la garde du magasin de munitions où je suis resté jusqu’à mon arrestation" et de poursuivre : " je n’ai pas tiré une seule balle".
Sergent Chef Sidi Boubacar Ould Sidi : Ce très vieil sous-officier était en service à la Dir Air. La nuit du 8 juin, il déclare avoir été appelé par le Capitaine Ould Ahmed Abd à la Direction de l’Air où il lui a retiré son portable avant de l’informer qu’il y avait des voitures piégées recherchées. Il déclare que le Capitaine Mahfoudh Ould SidM’hamed lui a donné une arme lui ordonnant de rester dans la base aérienne. Il y est resté jusqu’à son arrestation. Par la suite, ce vieil homme qui a ému la salle a déclaré devant la Cour que deux de ses enfants sont morts durant sa détention : Faute de soins. Le président de la Cour lui a répondu : "Tu es responsable de leur mort, tu t’es engagé dans des opérations illégales qui ont entraîné ton emprisonnement, tu as donc privé tes enfants de ton assistance!".
Sergent Chef Sid’El Moctar Ould M’bareck: Son récit est simple. Evidement, il nie toute implication. Il déclare que son chef, le Capitaine Mohamed Ould Saleck lui a ordonné de prendre un char et de partir avec une formation de trois chars commandée par le Lieutenant Moussa Oud Salem pour libérer la Présidence, l’état Major et la Radio occupés par des groupes terroristes et de riposter en cas d’attaque. Ce qu’il fit dit-il en tirant en l’air. Il est revenu, toujours selon ses dires, avec son char au BB, le dimanche matin pour repartir chez lui. Le lundi matin il est revenu au BB se faire arrêter. Naturellement les conclusions de la commission d’enquête qui sont la base de l’accusation retenue par le Parquet, sont toutes autres. Au terme des ses conclusions, le sergent chef Sid’El Moctar Ould M’Bareck était artificier à bord d’un char appartenant à la formation dirigée par le Lieutenant Moussa Ould Salem .C’est à ce titre qu’il aurait effectué un tir de couverture pour couvrir la progression des chars vers l’état Major National. Son char est supposé par la commission être l’auteur de la destruction du mur de clôture du Bataillon de Commandement et des Services(BCS) et de plusieurs autres tirs effectués sur le restaurant du BCS. La commission d’enquête souligne en outre que le sergent Chef Sid’El Moctar ne s’est pas "ému" de la mort du Chef d’Etat Major National et qu’il n’a pas rendu compte à son chef de cet évènement.
Sous Lieutenant Seddoum Ould Bahah: Comme ses predecesseurs, le Sous lieutenant Seddoum Ould Bahah a plaidé non coupable. Il déclare qu’il était l’officier de permanence au BB, la nuit du 8 juin, que le Capitaine Ould Mini avait insisté à deux reprises qu’il vienne dîner avec lui et qu’arrivé au domicile de ce dernier, il trouva chez lui, un groupe d’officiers dont le Capitaine Mohamed Ould Saleck qui lui ont dit, qu’ils sont sur le point de mettre à exécution un putsch dirigé par les meilleurs officiers de l’Armée. Il déclare avoir pris la nouvelle pour une plaisanterie ! D’ailleurs, le Capitaine Ould Mini l’avait confirmé dans son audition devant la commission d’enquête sur le dossier RP 140 relatif aux tentatives de putsch depuis le 8 Août 2004. Ould Mini avait bien déclaré au cours de son interrogatoire à l’école de police : " Quand j’ai informé l’officier de permanence Ould Bahah du déclenchement du putsch, il l’avait pris pour une farce : (MOUZHA)". Ould Bahah a en outre déclaré qu’après la reunion-diner, le groupe d’officiers est sorti du domicile de Ould Mini pour se diriger vers les hangars des armements .Ould Mini lui a alors confisqué son téléphone portable et l’a obligé sous la menace d’une arme à les accompagner. Il dit avoir donné ordre à un sous- officier d’aller prévenir Ould Moilih, mais ce sous- officier est revenu pour lui dire que les putschistes l’ont précédé et que Ould Moilih a déjà été arrêté. Il ordonna de nouveau à ce sous- officier d’aller prévenir l’adjoint au Commandant du BB Sid’Ahmed Ould Abdellahi. D’ailleurs, il affirme avoir pris le portable du sergent Sidi Ould Salem avec lequel il a contacté l’adjoint au Commandant du BB pour le tenir informé de la situation qui prévalait au niveau du BB. Pourt
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