Visite du Chef de l’Etat au Trarza : Le «Boss» ne tourne pas autour du pot!    
07/06/2006

Dans le cadre de ses visites de prise de contact avec les populations des wilayas de l’intérieur du pays, le Chef de l’Etat s’est rendu le 3 juin à Rosso. La capitale du Trarza était la 11ème étape d’un périple qui avait mené Ely Ould Mohamed Vall à Nema, Aioun, Kiffa, Sélibaby, Kaédi, Aleg, Zouerate, Nouadhibou, Atar et Akjoujt.



A Rosso, à l’instar des autres chefs lieux de wilaya, la visite de Ely a été marquée par une grande mobilisation sur fond de concurrence entre le PRDR et le RFD, deux partis politiques voulant prouver leur ancrage dans cette wilaya symbole. Le meeting organisé dans l’après- midi, non loin de la résidence du Wali sera un excellent baromètre de popularité du «Boss». Il sera ovationné tout au long de son discours avec la foule qui scandait «Ely ! Ely ! Ely !».
On ne pouvait pas en dire autant pour Sow Mohamed Deina, maire de Rosso qui se fera hué tout au long de son allocution avec des «Zéro! Zéro! Zéro!».
Cette scène résume à elle seule, le sentiment dominant dans la capitale du Trarza : les Rossossois soutiennent le programme du 3 août et rejettent tout ce qui symboliserait l’avant 3 août. Venu en début de matinée à la capitale du Trarza, Ely bénéficiera d’un accueil haut en couleurs à l’entrée de la ville de Rosso. Tout ce que le Trarza compte de personnalités, seront au rendez vous pour la cérémonie protocolaire. Par la suite, le président et sa délégation iront se reposer à Rosso-Ville, avant les trois événements prévus durant la journée : la réunion des cadres, le meeting populaire et la soirée culturelle.

Les agriculteurs placés devant leur responsabilité
Il est environ 15 heures, Ely Ould Mohamed Vall, présidé la réunion des cadres qui regroupe les membres de la délégation présidentielle, les chefs de services régionaux et les maires du Trarza. Les ministres de l’équipement et des transports, de l’hydraulique de la culture, de la jeunesse et des sports, du développement rural et de l’environnement, le commissaire à la sécurité alimentaire, celui des droits de l’homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion présentent les politiques et stratégies de leurs secteurs. Notamment celles relatives à la Wilaya du Trarza.
Ba Ibrahima Demba ministre de l’Equipement et des Transports, Abdellahi Ould Ahmed Damou Commissaire à la Sécurité Alimentaire et Mehla mint Ahmed ministre de la Culture réussiront l’examen dans lequel ont lamentablement échoué des ministres comme celui de l’Hydraulique et celui du Développement Rural.
Recentrant les débats, le «Boss» interviendra à plusieurs reprises notamment par rapport à la problématique foncière soulevée dans cette région agricole par excellence. Dans ce sens il indiquera que l’ensemble des demandes de régularisation foncière en règle a été traité au niveau du Ministère des Finances.
En plus, il a demandé au ministre du Développement Rural et de l’Environnement et au directeur des domaines de se réunir avec les agriculteurs autour de cette question. Concernant la campagne agricole, le président a déclaré que toutes les mesures ont été prises et les moyens dégagés pour rendre disponibles les engrais, les pesticides et préparer la lutte anti-aviaire. Néanmoins, il a lancé à l’adresse des agriculteurs : «il vous revient maintenant d’être productifs.» Le président touche ici le noeud du problème. Car les agriculteurs mauritaniens n’arrivent pas à être productifs depuis le lancement de l’«irrigué» dans les années 90.
Ils excellent plutôt dans l’art d’exiger toujours plus, de l’Etat et s’abritent derrière des arguments brumeux genre: absence d’engrais, de produits phytosanitaires, d’encadrement, de crédit ,de politique de commercialisation. Ils évoquent souvent les oiseaux granivores, les problèmes de mécanisation, la remontée des eaux ou la concurrence du riz importé. Et à chaque fois ils obtiennent tout, sans pour autant devenir productifs. La balle est maintenant dans leur camp.

L’islamisme et l’abolitionnisme passés au vitriol
En fin d’après-midi, le «Boss» présidera un meeting populaire à Rosso au cours duquel il reviendra -sous un déluge d’applaudissements sincères- sur les perspectives offertes aux mauritaniens par la Constitution soumise au référendum le 25 juin prochain, mais aussi sur les dangers que font courir au pays, les phénomènes comme le salafisme et l’instrumentalisation politique de la demande d’abolition de l’esclavage.
Concernant la constitution, Ely dira qu’«il est inacceptable qu’un président reste au pouvoir pendant 20 ans, que des générations vieillissent sous le même système politique et économique. Et que pour se prémunir contre une telle propension, la réponse se trouve dans les amendements proposés par le référendum constitutionnel : un président élu pour 5 ans, un mandat non renouvelable plus d’une fois.» Il s’agit ainsi de verrouiller pour toujours le système politique mauritanien pour qu’il puisse y avoir alternance pacifique. La Constitution proposée offre la possibilité de changements sans coup d’Etat, ni guerre civile.
Ensuite -et toujours sous un tonnerre d’applaudissements- le président est monté au créneau contre l’islamisme et particulièrement le salafisme appelant «à protéger la spécificité de l’Islam mauritanien de rite malékite dans un pays musulman à 100%, qui vit la religion dans le cadre de confréries multiples, de manière pacifique.» Le Président dira que «si nos ulémas ont pu propager l’Islam partout, c’est parce qu’ils n’ont jamais politisé l’Islam, parce que notre islam est basé sur le savoir, le savoir véritable, loin de toute politisation». Autrement dira Ely, il s’agira de voies nouvelles (salafistes, djihadistes, ou takfir ou kalachnikov) sans rapport avec nos traditions. Et le Président du CMJD de lancer une sévère mise en garde aux tenants de la légalisation d’un parti islamiste (Réformateurs centristes) dont les banderoles étaient présentes au meeting et sur lesquelles on pouvait lire: «oui à la constitution du 25 juin.»
Le «Boss» martèlera : « Il n’est pas question de parti islamiste en République Islamique de Mauritanie. Il n’existe pas d’Islam extrémiste ou modéré, il n’y a qu’un seul Islam. Prôner l’existence d’un parti islamiste en République Islamique de Mauritanie, c’est tourner autour du pot». Le message est on ne peut plus limpide. Et c’est cela la force de Ely : Ne pas tourner autour du pot.
Le second thème soulevé par le président devant ses compatriotes à Rosso -et qu’il avait d’ailleurs d’aborder à Akjoujt- était relatif au slogan de l’abolition de l’esclavage. Ici encore, Ely ne tournera pas autour du pot. «Je voudrais dire à ceux qui parlent de l’abolition de l’esclavage que celui-là n’a jamais été légalisé, qu’il a certes existé dans une situation d’anarchie, mais jamais sous le drapeau de l’Etat mauritanien. Nous avions une société de classes, tel qu’il en existe dans toute la région, une situation qui ne nous était donc pas particulière. Mais aucun Etat, aucun pouvoir n’a jamais légalisé cette situation, et cela doit être clair». Le président ajoute : « En 1905, nous vivions sous le droit français qui ne reconnaît pas l’esclavage. En 1960, notre Constitution a reconduit les mêmes lois. Elle a proclamé clairement l’égalité entre tous les citoyens. En 1981, une ordonnance a interdit l’esclavage. La Constitution de 1991 a proclamé l’égalité. La Mauritanie a signé toutes les conventions internationales contre le travail forcé. L’Etat mauritanien a signé la convention internationale contre la traite des personnes.
Sur le plan légal, depuis 40 ans, nous avons aboli l’esclavage, et nous n’avons jamais cessé de l’abolir sur le plan juridique. Nous sommes donc tout à fait abolitionnistes ». Et le président de s’écrier : « Ceux qui parlent d’esclavage sur le plan de la forme et sur le plan juridique sont ceux là mêmes qui veulent l’entretenir comme slogan pour aboutir à d’autres choses que l’abolition, car ce n’est pas un problème juridique.
Ils posent le problème de l’esclavage afin de faire condamner notre pays comme esclavagiste. Nous ne sommes ni des esclavagistes ni des esclaves et nous ne l’avons jamais été !». Ces thèses passéistes -conclura le président- ne servent ni notre pays ni notre peuple. Nous devons oeuvrer pour l’égalité économique, sociale et politique.
Travailler ensemble pour conduire notre pays à un avenir meilleur. C’est cela le vrai défi et non pas l’abolition de ce qui a déjà été aboli en 1960, en 1981, en 1991. « Nous n’avons pas le droit de profiter de la misère et de l’ignorance de notre peuple pour faire ce commerce. On ne commercialise pas la misère d’un peuple. Les problèmes de l’égalité et de citoyenneté sont nos problèmes à tous et nous ne devons les concéder ni à des groupes ni à des groupuscules » assénera le président sous les applaudissements de la foule en délires.
Décidément, Ely est en train de remuer les âmes, d’agir sur les consciences. Tout ce qu’il faut pour qu’un chef d’Etat gagne l’adhésion de son peuple.
Hélas, il a décidé de partir après la transition !
IOM


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