A LA MEMOIRE DE CEUX TOMBES SUR LE CHAMPS DE BATAILLE LE 2 FEVRIER 1978!   
24/05/2022

LIEUTENANT MOCTAR OULD HAMOUD
BRIGADIER BA MAMADOU ALI
NOUS NE VOUS OUBLIERONS JAMAIS!
L’ATTAQUE III DE TICHLA



Le 02 Février 1979, la base de Tichla, commandée par le Lieutenant Mohamed Salem Ould Mah dit Clitis est attaquée par un ennemi de la valeur de deux katibas renforcées, une attaque en règle menée par un ennemi agressif, puissamment armé, confiant en lui et, en perspective, bénéficiant de l’effet de surprise.
La garnison de Tichla était défendue par quatre positions : au nord-ouest, au sud-ouest, au sud-est et au nord-est, dont les secteurs de tirs se croisent. Au niveau de chacun des deux fortins, il y avait une Mitrailleuse de 12,7 m/m (Mit 50). Celle du premier fortin, servi par le soldat de 2 Cl Thiam Moussa colmatait la brèche entre la position nord-ouest et la position sud-ouest. La Mit 50 du 2ème fortin, servi par le soldat de 2 Cl Thioye Hamat, balayait le billard entre la position sud-ouest et la position sud-est. Les deux mitrailleuses lourdes croisaient leurs secteurs de tirs au-delà du cimetière de la petite localité, situé à 500 mètres au sud du premier fortin. Une troisième Mit 50, jumelée avec un Canon de 106 m/m Sans recul, prenait en enfilade le thalweg emprunté par l’ennemi qui débouchait sur le cimetière. Les deux pièces de 105 m/m HM2, dont disposait la garnison et une SML de 120 m/m, étaient en batterie dans la cour du domicile du Préfet.
Un peloton motorisĂ©, en transit dans la garnison, sous le commandement du Lieutenant Brahim Ould Mokhtayer prendra part aux combats, en  assure les arrières des sonnettes en esquive et, grâce Ă  sa mobilitĂ©, arrivera Ă  rĂ©duire le dĂ©sĂ©quilibre des forces en intervenant par alternance au profit des positions.
Avec les interventions des jaguars à partir du mois de Décembre 1977, le Fpolisario adopte une nouvelle stratégie qui consiste à ne se déplacer que de nuit et n’attaquer qu’à une à deux heures avant la tombée de la nuit, pour éviter les poursuites. Prenant en compte la nouvelle stratégie de l’ennemi, les unités redoublent de vigilance et, désormais la mise en alerte est déclenchée à partir de 17:00 et dure jusqu’à la tombée de la nuit.
En vue de faire irruption par surprise au plus près des fortins de la garnison, l’ennemi utilise le couvert d’un thalweg au sud-ouest de la localité pour s’infiltrer sans être décelé et déboucher au niveau du cimetière.
A la surprise générale vers 17 heures, le bruit d’une rafale retentit. C’était le guetteur du fortin ouest qui, très vigilant, alertait de la présence de véhicules de combats qui s’approchaient de la localité.
La riposte amie ne se fait sans attendre Au sud-est et au nord-est, les hommes rejoignent leurs emplacements de combat, en utilisant les tranchées. Les positions dans lesquelles les hommes étaient abrités, bien que se trouvant sur un billard, étaient des emplacements de combat très bien aménagés par le génie de l’armée royale marocaine. Les sonnettes réagissent, en mettant en oeuvre leurs armes collectives et individuelles disponibles, tous calibres confondus et, partant, interdisent à l’ennemi le franchissement de leur dispositif et donnent à la garnison le temps nécessaire pour déclencher les tirs de l’artillerie de campagne et des armes d’accompagnement.
A peine arrivé au domicile du préfet, le Sous-Lieutenant Moctar Ould Hamoud, alerté par les coups de feu, embarque dans son véhicule de commandement et se dirige à toute allure vers ses positions au nord-ouest et au sud-ouest de la garnison, juste au moment où l’ennemi se préparait à les investir, et déclenche la réaction de ses hommes, faisant échouer la tentative d’un débarquement sur objectif de l’ennemi. Grâce à son courage et sa ténacité, il conduira la riposte à l’action ennemie et fera résister ses hommes pendant près de trois heures d’horloge.
Surpris par la réaction de la garnison, et après un flottement momentané, l’ennemi réagit par le mouvement et par le feu, en déployant deux forces de manœuvre. Vers 18:30 la première attaque la garnison par l’ouest et tente d’enlever une position statique. Les sonnettes résistent et tiennent leurs positions.
Du haut des fortins, des personnels en position sur les esplanades, utilisant les meurtrières et les deux Mit 50 tiendront l’ennemi à distance et feront échouer toutes ses tentatives de pénétration de la localité et de prise d’assaut des deux fortins.
A partir du domicile du préfet, les deux pièces de la demi-batterie d’artillerie de campagne, commandés par le Sergent-Chef Dechagh Ould Abdel Malik, combinent sans relâche pendant toute la durée de l’accrochage des tirs de destruction sur les arrières de l’ennemi et des tirs de barrages devant ses éléments d’assaut, lui infligent de lourdes pertes et créent la confusion parmi ses rangs en l’empêchant de s’organiser et de coordonner les actions de ses éléments de manœuvre.
Accompagnant les pièces d’artilleries, les mortiers de 120m/m, servis par les sergents Alpha Abderrahmane, Sid’Ahmed Ould Ebnou Oumar, Joumoua Ould Imigine, et Ba Satigui effectuent des tirs de destructions par fauchage latéraux et verticaux, provoquant la dispersion des moyens de l’ennemi et, ce faisant, empêchent la concentration de ses efforts.
Malgré sa blessure, le Lieutenant Ould Mah, en véritable meneur d’hommes, continue à tenir fermement ses éléments en main, faisant preuve d’un sang-froid exemplaire et coordonne les actions des armes d’appui, des positions statiques et du peloton motorisé.
Avec la rĂ©action de la base, l’ennemi voyant sa   manĹ“uvre Ă©chouer, continue le forcing en tentant de mener des assauts sur les positions nord-ouest et sud-ouest qui constituaient le verrou interdisant l’accès Ă  la garnison, mais sans succès.
Au cours des combats, l’une des sonnettes avancées perd pied et se retire vers les positions aménagées, permettant à l’ennemi une infiltration par le thalweg, mais les hommes sur les fortins et dans les positions continuent à tenir tête à l’ennemi qui n’arrivera pas à investir la localité malgré ses multiples tentatives.
Apres l’échec de sa première attaque, l’ennemi engage son 2eme en élément en attaque par le côté nord de la localité, en utilisant toute la panoplie de ses armes, canons de 75m/m, B 10, Douchkas, mitrailleuses légères et armes d’assaut. A cette attaque, la garnison répond par les tirs de l’artillerie et de la Section des Mortiers Lourds brisant net l’élan ennemi .
Dans la position nord-ouest, le Sous-lieutenant Moctar Ould Hamoud se montre inflexible face à un ennemi enragé qu’il contiendra pendant toute la durée de l’attaque. Lorsque son tireur de Mit 50 tombera sous les coups de l’ennemi, il le remplacera au manchon de la redoutable arme et continuera à repousser toutes les attaques et manœuvres d’un ennemi enragé, ayant perdu l’initiative du combat, mais plus que jamais obstiné à faire aboutir une mission pour laquelle, il a parcouru près de 1200 kilomètres.
Après un combat héroïque, le Sous-lieutenant Moctar Ould Hamoud, le Brigadier Ba Mamadou Aly tomberont sur le champ d’honneur. La sonnette Nord-ouest, sous la formidable pression de l’ennemi décroche et se replie vers les positions statiques mieux abritées.
Les combats deviennent de plus en violents, de plus en plus meurtriers. Bloqué sur ses lignes avancées, sur un terrain défavorable, l’ennemi tente des débordements, mais de nouveau la garnison réagit efficacement en repoussant les assauts répétés.
Vers 20:30, face à la résistance farouche de la base et acculé par l’arrivée imminente des ténèbres, l’ennemi ne trouvant aucune faille à exploiter dans le système de défense de la garnison, ruminant sa défaite, se regroupe et replie en direction de l’Adrar Soutouf, mettant ainsi fin à son attaque avortée.
Malgré la supériorité numérique ennemie et l’effet de surprise, tout de même réduit par l’alerte précoce donné par le guetteur, les unités de la garnison, particulièrement aguerries et s’appuyant sur un dispositif étanche, imposeront leur rythme tactique et infligeront une défaite cinglante à un ennemi déboussolé, démoralisé et incapable de reprendre l’ascendant sur des positions statiques, malgré sa très grande mobilité et la fluidité de ses éléments.
Un sous-groupement, commandé par le Capitaine Diop Abdoullaye, en position à Inal a été mobilisé pour intervenir au profit de la garnison de Tichla, mais les délais d’intervention ayant été réduits par la tombée de la nuit, le mouvement sera reporté au lendemain.
Mohamed lemine Ould Taleb Jeddou
Extrait de « La guerre Sans Histoire »


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés