SecrĂ©taires, on vous tient !   
03/12/2008

Lorsque vous devez aller à l’assaut de l’Administration de ce pays pour le moindre petit bobo, vous en prenez déjà un sacré coup au moral avant de bouger. Tout monde ne le sait que trop. Pour obtenir le moindre papier d’un quelconque service, il faut «motiver», entendez par là, débourser 500UM pour le prix du timbre fiscal qui vaut 200UM quand vous avez eu la malchance de perdre cette pièce d’identité tellement minuscule qu’on ne sait pas trop où la ranger et qu’il faille la dupliquer.



LĂ , ça passe tant que c’est le blĂ© qui parle, c’est lorsque vous devez rencontrer un haut fonctionnaire pour la raison que vous voulez que les choses se gâtent. Ici, vous devez passer au crible des secrĂ©taires. Celles lĂ  ! Elles ont toute une batterie de subterfuges pour entamer le moral des demandeurs d’audience les plus teigneux. Cela commence par un casting en règle. Dès que vous avez pointĂ© votre tronche dans le secrĂ©tariat, elles vous fusillent du regard et vous jaugent. En un coup d’un coup d’œil, c’est pliĂ©. Ou vous avez tapĂ© dans son Ĺ“il, dans ce cas, votre requĂŞte est sollicitĂ©e, Ă©tudiĂ©e et traitĂ©e dans la minute ou bien, votre entrĂ©e en scène a Ă©tĂ© un cuisant fiasco et dans ce cas, l’attitude la plus probable est que la maĂ®tresse des lieux vous joue le coup de la myope et vous ĂŞtes tout simplement transparent ! Alors, pour ceux qui ont lu les prĂ©ceptes du parfait yogi, il faut faire montre d’esprit. Ils ont vite fait d’établir une connexion spirituelle en dissertant sur tout et de prĂ©fĂ©rence sur les thèmes fouettant l’ego de ces dames qui ne tarderont pas craquer. Ça y est, c’est dans la poche ! D’autres, plus sanguins libĂ©reront toutes leurs frustrations sur place et intenteront un procès bruyant et sans concession Ă  l’Administration. Comme ce fut le cas la semaine dernière dans le cabinet du Directeur du MatĂ©riel oĂą un citoyen certainement frustrĂ© de se voir ballottĂ© d’un service Ă  un autre s’est vĂ©ritablement lâchĂ© en dĂ©versant un chapelet de noms d’oiseaux Ă  l’endroit de tous ceux qui bossent dans la chaĂ®ne du circuit administratif et qui bloquent l’entrĂ©e des bureaux des hauts cadres et jettent dans les tiroirs les dossiers des petites gens. Pour contourner cette muraille, les citoyens ont depuis trouvĂ© une parade parfaitement au point. Il s’agit tout simplement de se mettre sur son 31 !  Oui, la sape, rien que ça pour faire impression. Tout le monde s’est passĂ© le mot : si vous voulez rencontrer un SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral ou son boss, habillez-vous du boubou bazin le plus flamboyant que vous aurez empruntĂ© au blanchisseur moyennant ristourne, aspergez-vous de quelques gouttes d’un de ces parfums capiteux dont les Français ont le monopole, mettez-vous aux pieds, des chaussures italiennes de pur cuir, celles qui refilent la migraine si  l’on a  le culot de demander le prix au MarchĂ© de la Capitale, enfin, ça c’est pour ceux qui vivent de budgets fermĂ©s, et pour finir, munissez-vous du tĂ©lĂ©phone portable dernier de la sĂ©rie du haut de gamme et priez pour qu’il sonne Ă  cĂ´tĂ© du planton. Et le tour est jouĂ© ! Le phĂ©nomène s’est tellement  rĂ©pandu que la Direction du Budget vers oĂą convergent chaque matin une horde de personnes aux attentes les plus surprenantes ressemble de plus en plus Ă  une piste oĂą se tient un dĂ©filĂ© de mode. Dans les couloirs des ministères, il vous arrive souvent de pouffer de rire en croisant une vielle connaissance d’infortune vĂŞtue d’un costard, fuuuuuuut ! Et les pompes, je ne vous dis pas ! Mais, que voulez-vous ? C’est la carte qu’il  faille abattre. C’est Ă  qui aura gagnĂ© la palme de la sĂ©duction. Si cela n’est pas atterrant….  
Biri N’Diaye


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