Le démocrate Barack Obama était assuré depuis mardi soir de devenir le premier président noir des Etats-Unis après avoir pris un avantage insurmontable sur son rival républicain John McCain à l’occasion d’une élection présidentielle historique. A O3H30 GMT, il avait déjà remporté 207 grands électeurs dans 19 Etats sur les 35 pour lesquels des projections avaient été annoncées par les grandes chaînes de télévision américaines.
Plusieurs blogs comme The Page, The Huffington Post ont annoncé que M. Obama était le président élu des Etats-Unis.. Obama, 47 ans, était donné gagnant également en Pennsylvanie, dans le Vermont, l’Illinois, le New Jersey, dans le Massachusetts, le Maryland, le Connecticut, le New Hampshire, le Maine, le Delaware et dans la capitale Washington. Le républicain John McCain avait mis beaucoup d’espoir dans la Pennsylvanie et le New Hampshire, deux Etats remportés par John Kerry en 2004, et qu’il espérait ravir. M. McCain est donné vainqueur dans le Kentucky, la Caroline du sud, le Tennessee, l’Oklahoma, l’Arkansas, l’Alabama, la Géorgie, le Dakota du Nord, le Wyoming, la Louisiane, la Virginie-Occidentale, le Texas, le Missouri, l’Utah et le Kansas. Le prochain président, qui entrera en fonction le 20 janvier, héritera d’une situation économique extrêmement difficile. Les Etats-Unis, et le monde dans leur sillage, traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Le pays est engagé dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan. M. Obama le premier président noir des Etats-Unis, a promis de baisser les impôts pour 95% des salariés, d’engager une politique de grands travaux et de garantir une couverture santé pour tous. Sur le plan international, M. Obama a promis de retirer les soldats américains d’Irak "de façon responsable" dans un délai de 16 mois et de concentrer les efforts à la lutte contre Al-Qaïda et les talibans. Le taux de participation a atteint un niveau "sans précédent" dans les Etats clés susceptibles de basculer d’un camp à un autre, ont indiqué des responsables des Etats concernés. Certains experts estiment qu’entre 130 et 135 millions d’électeurs pourraient voter, contre 120 millions en 2004. Avant mardi, près de 31 millions d’électeurs s’étaient déjà prononcés dans la trentaine d’Etats où le vote anticipé était autorisé. Aucun incident majeur n’a été signalé. M. Obama et son colistier Joe Biden se sont retrouvés en soirée à Chicago, au Grant Park, où 65.000 personnes ont commencé à faire la fête sans attendre les résultats. Côté républicain, John McCain était à Phoenix (Arizona, sud-ouest) et sa colistière Sarah Palin se trouvait en Alaska. Les Américains étaient aussi appelés à renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants. Selon des résultats partiels, les démocrates avaient ravi quatre sièges mardi soir aux républicains au Sénat américain ce qui leur permettrait d’être majoritaires. Les démocrates étaient également donné majoritaires à la Chambre des représentants. Les Afro-Américains ont célébré la victoire historique du candidat noir Dans les églises et les bars, dans la rue et dans les foyers, les Afro-Américains ont célébré mardi soir la victoire historique du candidat noir Barack Obama à l’élection présidentielle. A Atlanta, ville du Sud, une veillée à la bougie avait été organisée sur la tombe de Martin Luther King, l’ancien leader du mouvement des droits civiques assassiné en 1968. Dans l’ancienne église baptiste d’Ebenezer, où officiait le pasteur Luther King, une clameur assourdissante a accueilli la victoire d’Obama. Des milliers de personnes avaient patienté tout au long de la soirée en écoutant de la musique gospel alors que deux écrans retransmettaient la soirée électorale de CNN. Après de longues minutes d’effusion de joie, le pasteur Raphael Warnock a demandé le calme: "La nuit avant son assassinat, (Luther) King a dit: ’Je suis allé en haut de la montagne, j’ai regardé de l’autre côté et j’ai vu la terre promise. Je ne pourrai peut-être pas y aller avec vous’. Ce soir, nous avons saisi la promesse de l’Amérique." Au Grant Park de Chicago, des dizaines de milliers de partisans d’Obama ont sauté de joie à l’annonce des résultats. Le révérend Jesse Jackson, figure majeure du mouvement des droits civiques et candidat à l’investiture démocrate à deux reprises, s’était joint à la foule. Il était en larmes. A New York, des milliers de personnes s’étaient réunies pour suivre les résultats des élections sur un écran géant à Times Square. Des milliers d’autres avaient préféré la 125e avenue à Harlem, la capitale officieuse de l’Amérique noire. A Washington, les partisans d’Obama ont célébré la victoire pendant des heures dans un concert de klaxons. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sous une pluie fine sur Pennsylvania Avenue, devant la Maison blanche. Des manifestations de joie ont eu lieu dans plusieurs autres villes de la côte Est, dont Boston et Miami, où les jeunes étaient nombreux à faire la fête. "LA GUERRE CIVILE A PRIS FIN" Pour tous ceux qui ont à l’esprit l’histoire de l’esclavage et de la guerre de Sécession aux Etats-Unis, la victoire de Barack Obama représente un moment historique. L’esclavage puis la ségrégation en vigueur dans les Etats du Sud jusque dans les années 1960 ont longtemps terni les idéaux démocratiques qui font la fierté des Américains. "Et donc ce moment est arrivé, le 4 novembre 2008, peu après 23h00, heure de la côte Est, la guerre civile américaine a pris fin lorsqu’un homme noir, Barack Hussein Obama, a remporté suffisamment de voix de grands électeurs pour devenir président des Etats-Unis", écrit l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman. Les éditorialistes ne sont pas les seuls à saisir le caractère historique de cette élection. "L’histoire est en marche", a déclaré Sheneka Mayes, professeur à Atlanta. "Cette nuit restera gravée dans ma mémoire et dans la mémoire de mes enfants."Pour beaucoup, la victoire fut d’autant plus douce à célébrer que les craintes de voir les sondages pré-électoraux favorables à Obama être désavoués en raison de "l’effet Bradley" étaient grandes. Tom Bradley, candidat noir au poste de gouverneur de Californie, fut battu en 1982, alors qu’il était donné vainqueur dans les sondages. "C’est une grande soirée. C’est une soirée incroyable", s’est enthousiasmé le représentant de Géorgie John Lewis, qui fut violemment battu par la police dans les années 1960 lors d’une marche en faveur des droits civiques à Selma, dans l’Alabama. "Martin Luther King doit nous regarder du paradis et dire ’alléluia’." (REUTERS)
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