Les femmes mauritaniennes, gardiennes du temple culturel    
18/04/2006

 

L’expérience de la femme, quelle qu’en soit la forme fait partie de " l’expérience " de sa société mais cette "expérience" varie d’une société à l’autre en fonction des habitudes, des traditions et de la vision culturelle dominante… Le discours islamique étant le fondement de la culture mauritanienne dans l’ancienne société, la femme n’étant point marginalisée mais a toujours senti qu’elle assume une part de la responsabilité culturelle. Partant de cela, la femme mauritanienne a récité le Coran, appris les sciences juridictionnelles, et la grammaire. Elle a fondé de grandes mahdras, de célèbres écoles coraniques et participé à tous les domaines de la renaissance culturelle.



L’intérêt de la femme pour son ménage ne s’est jamais focalisé uniquement sur la science mais plutôt conformément aux règles sociales habituelles, axé essentiellement sur l’éducation des enfants, la gestion des affaires de son foyer. Toutefois, malgré la multiplicité de ces tâches, la femme n’en demeure pas moins partie prenante de sa société. La tâche d’enseignement du Coran aux enfants en bas âge constituerait une prise de conscience par la société de la capacité infinie de la femme.
Sur le plan de la culture, comme toute décoration en Afrique occidentale, la peinture est une tâche collective dans les villages Soninkés. Cette activité est quasi réservée aux femmes. Pendant que se déroule le travail, des discussions amicales débouchent sur des suggestions et des critiques constructives.
" Au contraire des méthodes de construction, oeuvres des hommes et qui ont tendance à être moins novatrices, la décoration des parois par les femmes témoigne d’un style plus personnalisé. La pratique la plus commune est l’utilisation de pigments naturels en application sur une surface fraîchement enduite, souvent en plusieurs couches. Cette accumulation de couches ralentit le processus de séchage de la peinture et la fait aussi craqueler, créant ainsi un effet de macule, une "confusion" entre le motif et la surface.
L’artisanat dans le monde bidhane
Oualata est un îlot culturel dont la tradition de construction est unique, Ceci est mis en valeur par les splendides décorations murales des femmes. Aucun autre village maure en Mauritanie ne présente, même de loin, de telles particularités.
Avec un doigt, une femme étend alors de la couleur terreuse rouge foncé, abondante dans la région, pour créer une décoration enchevêtrée en filigrane. Le nombre des motifs sur les murs et autour des portes et des fenêtres varie selon l’utilisation de l’espace ou de la pièce. Les locaux des serviteurs et les pièces réservés aux tâches domestiques, comme la cuisine, ne sont ornés que de dessins simples, dans des teintes légèrement ocre, tandis que les pièces principales, telle la chambre à coucher, ont des décorations élaborées de couleur rouge. C’est dans les cours intérieures que les femmes de Oualata exécutent les décorations murales les plus étonnantes et les plus riches.
Par ailleurs, les femmes pulaar de Mauritanie décorent principalement les murs intérieurs de leurs maisons. Des formes géométriques autant audacieuses dans des couleurs estompées sont peintes sur des murs secs, les faisant ressembler à des tableaux accrochés, et ne sont pas intégrés à la structure architecturale.

Tannage traditionnel et l’esthétique
" En Mauritanie, les travaux du cuir et de la laine sont exclusivement féminins. Le tannage est très dévalorisé en raison de son odeur et de la nature des produits manipulés. Traditionnellement, les tanneuses sont principalement des Maures de la caste des forgerons. Les femmes négro-africaines affranchies se sont progressivement intéressées à cette activité. Avec l’évolution des moeurs et les bouleversements dus à la sécheresse, certaines femmes maures de caste guerrière se sont également intéressées au tannage afin d’en tirer des revenus. Bien que pratiqué avec un outillage rudimentaire, il apporte tout de même des revenus réguliers à près d’un millier de femmes. On rencontre des tanneuses maroquinières sur l’ensemble du territoire de la Mauritanie. Dans chaque village et dans certains quartiers des centres urbains, elles se sont regroupées en corporations traditionnelles ou en pré-coopératives d’une vingtaine de membres en moyenne.
Traditionnellement, c’étaient les forgeronnes qui étaient chargées de l’embellissement des femmes dans les campements. Elles ont conservé cette spécialisation en ville, tout en l’adaptant à la fois aux conditions de la vie urbaine et aux nouveaux impératifs techniques. Ainsi se sont créés des salons de beauté dans lesquels elles officient souvent à plusieurs, le temps nécessaire à l’exécution des réserves requérant l’intervention de quatre d’entre elles pour une même cliente. Elles sont pour beaucoup membres de la Chambre des métiers de l’artisanat féminin".
La bibliographie concernant les femmes africaines en tant que source d’histoire locale et de réceptacle des valeurs culturelles traditionnelles est d’une extrême pauvreté. Ce vide s’explique du fait que le milieu étudié est dominé par les hommes y compris dans les sociétés matrilinéaires. De même que les études africaines restent profondément marquées par le point de vue des hommes.


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