Dialogue National : Situer les responsabilitĂ©s   
15/09/2015

«Les rencontres consultatives Ă©largies prĂ©liminaires au dialogue national inclusif» ont dĂ©marrĂ© le lundi 7 septembre dernier. Ces assises de concertation Ă©largie  devraient ĂŞtre l’aboutissement d’un processus d’apaisement des relations conflictuelles entre la majoritĂ© au pouvoir et l’opposition.



L’appel  au dialogue lancĂ© par le PrĂ©sident de la RĂ©publique Mohamed Ould Abdel Aziz  Ă  Chinghuity, les pourparlers qui les ont suivis ont permis un certain rapprochement entre   les deux parties. Plusieurs rencontres ont Ă©tĂ© tenues, des commissions  constituĂ©es par les deux antagonistes et des correspondances Ă©changĂ©es. Cependant, force est de constater que la forme avec laquelle la convocation aux assises prĂ©paratoires au dialogue a Ă©tĂ© formulĂ©e ne pouvait que rĂ©veiller les vieux dĂ©mons.

En effet, le dĂ©marrage de ses rencontres prĂ©sidĂ©es par le Premier Ministre Yahya Ould Hademine a Ă©tĂ© boudĂ© le FNDU et d’autres partis de l’opposition,  et on risque, si on ne  rectifie par le tir Ă  temps, d’assister Ă  un monologue lequel ramènera directement  Ă  la case de dĂ©part.

A mon avis, au risque de me tromper, cette opportunitĂ© historique  donnĂ©e Ă  la classe politique et aux organisations de la sociĂ©tĂ© civile devrait ĂŞtre exploitĂ©e Ă  bon escient. Pour sortir de la crise que traverse le pays, le bon sens oblige que  les uns et autres se dĂ©partissent des considĂ©rations politico-individualistes et extirper le peuple mauritanien de cette dichotomie. C’est la seule façon qui favorisera l’instauration d’un dĂ©bat public  apaisĂ©, serein et sĂ©rieux.

En effet, tous les acteurs sont quasiment unanimes sur l’urgence du dialogue dĂ©mocratique. De ce fait, crĂ©er un climat de dialogue et d’entente avec des règles de jeu claires et consensuelles nous permettrait d’éviter le pire et  Ă  se consacrer aux vĂ©ritables dĂ©fis  du dĂ©veloppement  notamment (Education, SantĂ©, infrastructures ect…)

Par ailleurs, l’ensemble de la classe politique doit prendre en compte de l’instabilitĂ©  gĂ©opolitique de la sous-rĂ©gion dont les retombĂ©es risquent de nous rendre vulnĂ©rables. De plus, notre environnement immĂ©diat est menacĂ© par les groupes terroristes. La stabilitĂ© interne du pays risque de se dĂ©tĂ©riorer au regard des revendications identitaires et communautaires de plus en plus exprimĂ©es. Notre jeunesse cherche sa place et elle perd tout espoir. Le tissu social est fragilisĂ© par les inĂ©galitĂ©s et les injustices cumulĂ©es par la gabegie et la rĂ©partition inĂ©quitable de nos richesses depuis indĂ©pendance. Toutes ces contradictions ont crĂ©e un environnement social complexe et explosif faisant que notre sociĂ©tĂ© navigue Ă  contre-courant de tout ordre dĂ©mocratique.  Elles justifient, Ă  bien des Ă©gards, que nous sommes jusqu’ici dans l’incapacitĂ© de propulser durant toutes ces annĂ©es, une classe politique et  une sociĂ©tĂ© civile, disposĂ©es Ă  jouer leur rĂ´le. Il faut bien conscientiser et  imposer la bonne voie Ă  suivre.  Ainsi, tout en laissant  aux autoritĂ©s Ă©lues  la responsabilitĂ© de mener la cadence. La fonction gouvernementale est celle de rĂ©aliser son programme et les  projets de sociĂ©tĂ© viables proposĂ©s par les acteurs sociaux et politiques.

C’est l’absence effective de concertations qui ont provoqué entre autres le blocage démocratique et l’impasse politique et institutionnelle. D’où la persistance des crises.
Le statu quo actuel Ă©mane sans doute du système de gouvernance qui nous est imposĂ©. Il est inconcevable que depuis l’indĂ©pendance, une certaine classe politique dirige le dĂ©bat politique et  s’alterne autour du pouvoir selon les intĂ©rĂŞts des lobbies et des cercles influents aux dĂ©pens de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral.

Aujourd’hui, dans le contexte actuel, la responsabilitĂ© de la majoritĂ© qui gouverne  est de  ne pas suivre la logique d’une opposition contre toutes propositions de sortie de crises  d’oĂą qu’elles viennent. En suivant la logique unilatĂ©rale,  le pouvoir risque de multiplier ses erreurs et de commettre l’irrĂ©parable. Adopter cette attitude, c’est tendre vers la gouvernance anti-dĂ©mocratique.
 
De son cĂ´tĂ©, l’opposition  devrait, dans un environnement politique serein et apaiser se consacrer Ă  la remise en cause  des rĂ©alisations, des promesses Ă©lectorales et  programme sur lesquels le PrĂ©sident de la RĂ©publique a Ă©tĂ© Ă©lu. Mais surtout Ă   dĂ©celer les  dĂ©faillances en matière de non respect des lois et l’instauration de l’état de droit pour amĂ©liorer les conditions d’existence de nos populations. C’est son rĂ´le dĂ©mocratique d’exiger l’ancrage de la bonne gouvernance. Mais au contraire, j’ai l’impression Ă  travers les sorties  de cette opposition, on prĂ©fère se concentrer sur le sensationnel et sur tout ce qui, de près ou de loin dĂ©crĂ©dibilise le PrĂ©sident de la RĂ©publique aux yeux de l’opinion nationale et internationale en dehors du respect du politiquement correct.

Dans le camp de la majoritĂ©, on se complait aussi Ă  jouer Ă  ce jeu et de provoquer l’opposition dite radicale dans le seul but de la  dĂ©crĂ©dibiliser davantage tout y ajoutant une certaine arrogance injustifiĂ©e. Par cette attitude, les partis et les leaders de la majoritĂ© mettent de cotĂ© les rĂ©alisations importantes, l’autocritique et l’apaisement. Ce comportement contre productif est loin d’arranger la cause et risque de jouer contre la volontĂ© mĂŞme du PrĂ©sident de la RĂ©publique Mohamed Ould Abdel Aziz lequel  prĂ´ne le dialogue sans tabou ni lignes rouges.

Et c’est par médias interposés que les luttes acharnées que sont menées même si celles-ci ne sont accessibles qu’à une élite. Les invectives et la guerre des communiqués ne favorisent pas à l’instauration d’un climat politique apaisé.

Il est temps de resituer les responsabilités des uns et des autres afin de sortir de cette crise qui constitue un sérieux problème à notre processus démocratique.

Cette occasion devrait ĂŞtre saisie afin d’entamer rapidement un dialogue, entre ces deux ’’minoritĂ©s’’ qui pourrissent notre environnement politique et font de la majoritĂ© des mauritaniens des ’’spectateurs du  dĂ©sespoir’’.


Les jeunes des partis politiques (majoritĂ© et opposition) doivent prendre leurs responsabilitĂ©s et amener leurs dirigeants Ă  faire des choix constructifs. Il est inconcevable que des jeunes qui sont l’espoir de demain soient des simples rĂ©ceptacles ou des relais. Tout au long de l’histoire de notre pays la jeunesse a toujours su se hisser Ă  la hauteur des  Ă©vĂ©nements historiques et a permis Ă  notre sociĂ©tĂ© d’avancer. Il temps  que nous sachions que l’avenir est entre nos mains et que pour notre marche vers le progrès, Il faut Ă  un certain moment savoir  faire le choix et privilĂ©gier l’l’intĂ©rĂŞt collectif.

La  jeunesse de l’opposition et de la majoritĂ© doit incessamment appeler Ă  un dialogue entre les deux camps et rĂ©Ă©valuer les positions et faire leurs choix par la suite.

 D’autre part, la sociĂ©tĂ© civile doit jouer sont rĂ´le et formuler son point de vue qui peut Ă  mon avis ĂŞtre exprimĂ© partout et sur toutes les tribunes. Car, la sociĂ©tĂ© civile par essence, dĂ©fend des valeurs et principes  qui ne sont pas politiques, elle ne doit pas s’aligner sur des positions de circonstances dictĂ©es par des partis politiques. Puisqu’en adoptent un tel positionnement,  elle sera qu’un appendice de l’opposition politique.

Qu’est-ce qui empêcherait la société civile regroupée au sein de la FNDU de prendre part aux assises préliminaires au dialogue et exprimer son point de vue sur des sujets qu’elle a toujours défendu ? Car grâce à son militantisme acharné depuis des années des avancées considérables ont été accomplies.

Enfin, il faut le dire haut et fort, Ă  la veille de clĂ´ture de ses assises prĂ©liminaires, tout le monde a besoin de plus de sĂ©rieux et de crĂ©dibilitĂ©. Evitons la complaisance et donnons un cachet particulier et historique que mĂ©rite  cet Ă©vĂ©nement. Les rĂ©sultats doivent ĂŞtre largement vulgarisĂ©s, et une nouvelle formule doit ĂŞtre  trouvĂ©e  afin de permettre aux autres  d’exprimer leurs opinions. Le choix des thèmes et des participants au prochain dialogue doit aussi ĂŞtre minutieusement observĂ©s.

Donnons la chance Ă  tout le monde de s’exprimer dans un sens constructif et tachons  Ă  Ă©lever le niveau des dĂ©bats. Notre cher pays le mĂ©rite et l’exigence d’éthique et de dĂ©ontologie nous l’impose pour ne plus rater le virage.

Bâ Amadou
Consultant

baamadou884@gmail.com



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