AQMI, un groupe terroriste estampillé Al-Qaïda   
12/06/2009

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien qui a annoncé récemment l’assassinat d’un otage britannique au Mali, est le symbole de la capacité du réseau d’Oussama ben Laden à se développer à travers des "filiales" locales conservant une grande autonomie.



Implantés en Algérie, où ils se livrent à divers trafics, à l’extorsion de fonds et commettent enlèvements et attentats, les militants d’AQMI ont créé au moins une demi-douzaine de cellules en Europe, selon les services de renseignement français, italien et belge. Le groupe terroriste a annoncé récemment sur Internet l’exécution au Mali d’un otage britannique enlevé en janvier, et il détient encore un otage suisse. AQMI recrute des extrémistes islamistes dans le nord et l’ouest de l’Afrique, leur dispense un entraînement avant de les envoyer combattre dans la région ou en Irak, selon des responsables du renseignement occidentaux et nord-africains. La relation entre Al-Qaïda et le groupe maghrébin s’apparente à celle qui peut exister entre une multinationale et une filiale locale, explique l’ancien juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière. Il y a un lien idéologique fort entre les deux, mais la filiale fonctionne de manière autonome, ajoute-t-il. Des membres des services de renseignement en Europe sont convaincus qu’AQMI cherche à se développer en Europe. Un haut responsable français de la lutte antiterroriste a confié à l’Associated Press sous le couvert de l’anonymat que ses services travaillaient "quotidiennement, constamment" avec l’Algérie pour contrecarrer cette menace. Au moins six cellules liées à AQMI, dormantes ou se préparant à entrer en action, ont été démantelées en Europe ces dernières années, a-t-il précisé. Le mois dernier, la justice espagnole a annoncé l’arrestation de 12 Algériens soupçonnés d’appartenir à une cellule de soutien. L’Italie a de son côté lancé il y a deux semaines des mandats d’arrêt contre deux Tunisiens, deux Marocains et un Algérien soupçonnés de préparer des attentats contre une église et une ligne de métro. Issu de la guerre civile des années 1990 en Algérie, le GSPC était en perte de vitesse il y a quatre ans lorsque son "émir", Abelmalek Droukdel, a décidé de se tourner vers Al-Qaïda. Ses émissaires ont rencontré le No2 de la nébuleuse terroriste, Ayman al-Zawahri, ou d’autres collaborateurs de Ben Laden dans des pays comme le Soudan, le Liban et le Yémen, soulignent des responsables occidentaux du renseignement. Al-Qaïda n’était pas prêt à céder l’utilisation de son nom à n’importe quel groupe. Même en fonction des standards du "djihad", les militants algériens avaient une réputation de violence excessive. Mais après une année de tractations, Al-Zawahri a annoncé dans un communiqué, le 11 septembre 2006, l’union bénie" avec le GSPC. AQMI a cherché à se concentrer davantage sur des cibles occidentales en Algérie ou à s’en prendre aux touristes ou aux juifs au Maroc. Il a également adopté des techniques d’Al-Qaïda, comme les bombes sur le bord de la route contrôlées à distance ou les attentats-suicides. AQMI a commis ses premiers attentats-suicides le 11 avril 2007, une date choisie semble-t-il en référence aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le 11 décembre 2007, le groupe a tué 37 personnes, dont 17 employés des Nations unies, dans un attentat qui a dévasté le siège algérien de l’ONU. L’influence d’Al-Qaïda sur l’ex-GSPC concerne également les relations publiques. Plusieurs fois par mois, AQMI utilise des forums djihadistes sur Internet pour publier des communiqués politiques et des vidéos d’attentats ou d’embuscades. Le groupe, qui semble s’autofinancer sans l’aide du réseau Ben Laden, cherche à élargir un nouveau front du "djihad" en Afrique du Nord, qui pourrait également servir de poste avancé pour frapper l’Europe. Pour le moment, c’est toujours en Algérie qu’AQMI mène l’essentiel de ses activités: attentats, trafic de marchandises, automobilistes dévalisés à de faux barrages, enlèvements contre rançons, extorsion de fonds... Les autorités algériennes décrivent les militants comme étant en déroute. Plusieurs cellules ont certes été démantelées et des "émirs" locaux se sont rendus. Il ne resterait plus "que" 500 à 800 combattants, selon les autorités. Mais la violence demeure. Selon des chiffres obtenus par l’AP auprès de diplomates occidentaux, 85 attentats importants ont eu lieu en Algérie en 2008. Et 639 personnes ont été tuées dans le pays l’an dernier dans des violences liées au terrorisme: 409 militants présumés, 158 membres des forces de sécurité et 72 civils. Pour cette année, on dénombre 64 attentats rien qu’entre janvier et avril, et la mort de 19 civils, 61 membres des forces de sécurité et 167 militants présumés. (AP)


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