Tensions à Kidal et vulnérabilité persistante du Sahel   
11/07/2013

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, M. Saïd Djinnit, a prévenu mercredi devant le Conseil de sécurité, que la fragilité de la région du Sahel était encore persistante, tout en relevant l’importance de la Stratégie intégrée...



...des Nations Unies pour cette région.
   Dans sa présentation du rapport du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA) au cours du 1er semestre 2013, le diplomate algérien a affirmé que la région du Sahel représentait l’une des ’’zones de vulnérabilité’’ en Afrique de l’Ouest, comme cela s’est manifesté à travers la crise du Mali.
    Cette région, a-t-il fait observer, enregistre ’’une concentration importante d’indicateurs de vulnérabilité qui se traduisent, notamment, par la dégradation de l’environnement, la désertification, l’insécurité alimentaire, les trafics d’armes et de drogue et le terrorisme’’.
   Les tentatives récentes faites par des groupes terroristes pour déstabiliser le Niger montrent le risque d’un débordement de la crise malienne sur les pays voisins du Mali, a-t-il mis en garde.
    Ces tentatives, a-t-il poursuivi, ’’rappellent aussi la nécessité de demeurer vigilants au sujet du Sahel et d’aider les pays de la région à éliminer les causes profondes de l’instabilité.’’
    Dans ce sens, il a précisé que la fragilité de la région du Sahel confirmait ’’toute la pertinence de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui vise à compléter les efforts des pays de la région et des organisations régionales afin de remédier aux causes profondes de l’instabilité le long de la bande sahélo-saharienne et ses conséquences.’’
Au Mali  les tensions restent vives à Kidal entre partisans et opposants du retour de l’armée il y a près d’une semaine. Celui-ci s’est fait parallèlement au cantonnement des combattants du MNLA, conformément à un accord de paix signé en juin à Ouagadougou.
   Plusieurs manifestations des deux camps ont eu lieu depuis. Deux soldats de la Minusma, la force de l’ONU au Mali, et un Français, également présents dans la ville, ont été blessés par des jets de pierres et des dizaines d’habitants, affirmant craindre des violences de la part des Touareg, se sont réfugiés dans un camp militaire.
   Deux civils, grièvement blessés par balles mercredi 10 juillet par des hommes armés, ont dû être évacués vers Gao, la grande ville du nord du Mali située à 300 km au sud de Kidal.
   Déjà mauvaises avant le début du conflit, les relations entre communautés noires majoritaires au Mali et les "peaux rouges", membres des communautés arabe et touareg, se sont depuis considérablement dégradées, ces derniers étant assimilés aux groupes jihadistes, considérés comme les responsables des malheurs du pays.
   Le premier tour de la présidentielle, censée amorcer la réconciliation et rétablir l’ordre constitutionnel interrompu par un coup d’Etat en mars 2012, doit en principe se tenir à Kidal à la fin du mois comme dans le reste du Mali.
   Mais les tensions actuelles et l’impréparation du scrutin dans la ville font craindre que le scrutin ne puisse avoir lieu comme prévu. Selon un haut responsable malien, "si la situation continue à se dégrader à Kidal, on peut se demander si on peut envisager sur le terrain une campagne électorale, et même des élections".
   L’armée malienne a accusé le MNLA de violer l’accord de paix de Ouagadougou et le MNLA exige la libération de détenus conformément à cet accord et le départ de Kidal des "milices" anti-touareg qui, accuse-t-il, sont entrées dans la ville avec les soldats maliens.
   L’émissaire de l’ONU au Sahel, Romano Prodi, s’est dit inquiet mercredi pour le déroulement de la campagne présidentielle, soulignant en particulier le problème du vote des réfugiés et déplacés - environ 500.000 dont on ne sait pas s’ils pourront voter - et la nécessité de meilleures conditions de sécurité.
   Une délégation de la Commission dialogue et réconciliation (CDR), mise en place en mars mais qui n’a pour l’instant pas beaucoup avancé dans ses travaux, est arrivée jeudi matin à Gao, mais il n’est pas prévu qu’elle aille à Kidal, a constaté un journaliste de l’AFP. Un signe supplémentaire que, dans cette ville, la réconciliation n’est pas encore à l’ordre du jour. Il est à rappeler que l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi, avait présenté récemment au Conseil de sécurité cette Stratégie régionale afin d’aider les gouvernements des pays concernés à maintenir la paix et la sécurité à long terme.
   En évoquant l’Afrique de l’Ouest en général, M. Djinnit a soutenu que cette sous-région de l’Afrique dont fait partie le Sahel était, plus que jamais, à la croisée des chemins dans sa quête de paix et de sécurité, et qu’elle méritait une attention accrue des Nations Unies.
   Par ailleurs, il s’est dit encouragé par l’engagement manifesté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de renforcer l’architecture collective de paix et de sécurité, tirant ainsi les leçons des défis rencontrés dans la réponse régionale à la crise au Mali.
   Pour M. Djinnit, les dirigeants des pays de l’Afrique de l’Ouest et de leurs institutions régionales, telle la CEDEAO, comptent sur ’’l’attention et le soutien continus’’ de l’ONU et de son Conseil de sécurité aux efforts qu’ils déploient en vue de promouvoir la paix, la stabilité et le développement à long terme dans la sous-région.
   Dans son exposé, il a aussi souligné que la situation humanitaire dans la sous-région continuait d’être caractérisée par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, face à une diminution des ressources financières.
   Il a encore fait part de ses graves préoccupations concernant le caractère complexe et transfrontalier des défis posés par les groupes extrémistes et des organisations terroristes.
   A ce propos, il a fait valoir que la récente adoption par le Sommet de la CEDEAO de la stratégie sur la lutte contre le terrorisme et le renouvellement du Plan d’action régional contre le trafic de drogues, la criminalité transnationale organisée et l’abus de drogues représentaient des développements encourageants qui doivent désormais être traduits en actions concrètes, avec le soutien de la communauté internationale.
   Evoquant notamment les attaques terroristes de Boko Haram au Nigeria, M. Djinnit a souligné ’’la détermination des groupes terroristes à semer la terreur et la désolation’’, tout en relevant ’’la complexité du problème’’.
   Selon lui, les relations avérées entre les groupes terroristes opérant dans la sous-région exigent une action concertée et d’ampleur régionale face à cette menace, en précisant qu’une telle action doit également se pencher sur les causes profondes de l’instabilité et inclure naturellement la dimension des droits de l’homme.


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés