Les enfants sont en train de payer le prix du conflit au Mali. C’est le constat dressé par plusieurs organisations internationales, dont l’ONU, à l’origine de rapports alarmistes sur les enfants et les conflits armés.
Le dernier en date, rendu publique mercredi 19 juin, est le fruit d’une enquĂŞte de plusieurs mois menĂ©e par Watchlist, un rĂ©seau d’organisations non gouvernementales international spĂ©cialisĂ© dans la protection des droits des enfants. " Des groupes armĂ©s actifs au Mali sont en train de commettre des violations graves contre les enfants et les actions de protection et de prĂ©vention menĂ©es par le gouvernement, l’ONU, les acteurs humanitaires et les forces armĂ©es qui interviennent au Mali sont lentes et insuffisantes ", dĂ©plore la chercheuse Laylal Sarrouh, auteur du rapport. Le Mouvement pour l’unicitĂ© et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le Mouvement national de libĂ©ration de l’Azawad (MNLA) et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) sont visĂ©s. A l’instar de Human Rights Watch et d’Amnesty International, qui au dĂ©but du mois faisaient Ă©tat de recrutement d’enfants soldats et de viols de mineures, Watchlist convient de la difficultĂ© d’évaluer le nombre d’enfants victimes de ces exactions, en raison du manque de donnĂ©es prĂ©cises. Ces ONG s’accordent toutefois Ă parler de "centaines" de garçons recrutĂ©s et utilisĂ©s par les groupes armĂ©s, y compris lors de combats. "Des garçons de 7 ans aux uniformes trop longs, pendouillant, sont si petits et frĂŞles qu’ils doivent traĂ®ner derrière eux des fusils trop lourds Ă porter", explique Mme Sarrouh. Pire, en fĂ©vrier, le Mujao a commencĂ© Ă utiliser des enfants pour des attentats-suicide. Le viol et le mariage forcĂ© de dizaines de filles sont Ă©galement citĂ©s, ainsi que la fermeture et la destruction d’écoles. 200 000 ÉLÈVES MALIENS NE SONT PLUS SCOLARISÉS, SELON L’ONU Selon l’ONU, 200 000 Ă©lèves maliens ne sont plus scolarisĂ©s. Dans son rapport annuel dĂ©battu par le Conseil de sĂ©curitĂ© lundi 17 juin, la reprĂ©sentante spĂ©ciale des Nations unies pour les enfants et les conflits armĂ©s, Leila Zerrougui, dit "recevoir des informations prĂ©occupantes sur des enfants dĂ©tenus par les forces de sĂ©curitĂ© maliennes pour association prĂ©sumĂ©e avec des groupes armĂ©s, ainsi que sur des enfants qui se cachent dans leurs communautĂ©s par peur d’être arrĂŞtĂ©s" pour la mĂŞme raison. Elle dĂ©nonce Ă©galement le recrutement d’enfants soldats, mais accuse autant les groupes islamistes, les rebelles touareg que les milices progouvernementales. C’est la première fois que le Mali apparaĂ®t sur la "liste d’infamie" de l’ONU, dressĂ©e pour les responsables d’exactions contre des enfants. La publication de tous ces rapports intervient alors que le Conseil de sĂ©curitĂ© s’apprĂŞte Ă valider, mardi 25 juin, le dĂ©ploiement de casques bleus au Mali. L’ONU assure que ses soldats seront ’’sensibilisĂ©s Ă la protection des enfants et accompagnĂ©s par des conseillers spĂ©cialisĂ©s de l’ONU’’. Watchlist prend acte mais demande l’exclusion des troupes tchadiennes de la force en passe d’être dĂ©ployĂ©e, "tant que le Tchad, citĂ© sur la liste d’infamie, n’aura pas finalisĂ© son plan d’action relatif aux enfants dans les conflits armĂ©s", engagĂ© en 2012. Alexandra Geneste source: lemonde.fr
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