La France pousse le Mali Ă  un accord avec les Touaregs   
19/05/2013

Adulée au Mali depuis qu’elle a chassé militairement les djihadistes du nord du pays, la France commence à voir son étoile pâlir en raison de son insistance à voir Bamako conclure un accord politique avec les rebelles touaregs. La frustration est montée...



...d’un cran cette semaine, le gouvernement malien n’ayant pas réussi, comme il se l’était promis, à rassoir son autorité sur Kidal, ville de l’extrême-nord du pays contrôlée depuis l’opération "Serval" par les séparatistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).
   L’armĂ©e malienne a fait mouvement en direction de Kidal mais la France, dont un contingent stationne Ă   l’entrĂ©e de la ville, s’est opposĂ©e Ă© ce qu’elle y pĂ©nètre de force de peur que cela ne dĂ©clenche des affrontements interethniques.
   "Paris bloque l’armĂ©e aux portes de Kidal", Ă©crivait cette semaine l’hebdomadaire malien Le Matin.
   Beaucoup de ministres et d’habitants de Bamako tiennent le MNLA pour responsable des catastrophes qui se sont abattues sur leur pays, du coup d’Etat militaire Ă   la chute du nord du pays aux mains des islamistes. Les plus nationalistes ne cachent pas leur souhait de voir l’armĂ©e dĂ©sarmer les Touaregs.
   Les sĂ©paratistes ont de fait Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’offensive victorieuse des rebelles dĂ©but 2012, avant d’être marginalisĂ©s par leurs anciens partenaires islamistes, puis de se retourner contre eux pendant la contre-offensive lancĂ©e par la France et ses alliĂ©s africains.
   Beaucoup de Maliens du sud du pays ne comprennent pas pourquoi Paris ne rĂ©serve pas au MNLA le mĂŞme traitement qu’aux djihadistes liĂ©s Ă  Al-Qaida.
   Mais la France soutient au contraire des nĂ©gociations secrètes qui se dĂ©roulent au Burkina Faso afin de permettre la tenue d’une Ă©lection prĂ©sidentielle au Mali cet Ă©tĂ©, tout en encourageant Bamako Ă  rĂ©pondre Ă© l’aspiration Ă© l’autonomie des Touaregs.
   Au sein de l’armĂ©e malienne, animĂ©e par un sentiment de revanche après avoir Ă©tĂ© mise en dĂ©route par les islamistes l’an dernier, la frustration grandit.
   "Nos hommes sont prĂŞts mais nous n’avons pas reçu l’ordre d’entrer dans la ville. C’est une dĂ©cision politique", dit un officier qui campe prĂ©s de Kidal.
   
    Le prĂ©sident par intĂ©rim Dioncounda TraorĂ©, soutenu par la France face aux pressions de l’ex-junte militaire du capitaine Amadou Sanogo, s’est dit ouvert au dialogue avec le MNLA lors d’une visite Ă  Paris vendredi.
    Il a cependant rappelĂ© que Bamako entendait rĂ©tablir son autoritĂ© sur l’ensemble du pays avant l’élection prĂ©sidentielle programmĂ©e en juillet, et a prĂ©fĂ©rĂ© parler de "dĂ©centralisation" plutĂ´t que d’autonomie pour les Touaregs.
   Encore lui faudra-t-il convaincre ses compatriotes du bien fondĂ© d’une telle initiative, alors que le compte de Twitter de la prĂ©sidence qualifie lui-mĂŞme les rebelles du MNLA de "terroristes".
   Paris conteste cette appellation et rappelle que les Touaregs ont aidĂ© les troupes françaises et tchadiennes Ă  chasser les islamistes du nord du pays, en particulier de la rĂ©gion de l’Adrar des IfĂ´ghas, en fournissant notamment des renseignements sur leurs positions.
   Si le prĂ©sident François Hollande a dit cette semaine soutenir un retour de l’administration civile malienne Ă   Kidal pour organiser les Ă©lections, il a donc insistĂ© pour que cela se fasse Ă  travers "un dialogue politique".
   La rĂ©gion de Kidal n’hĂ©berge que 0,5% de la population malienne, mais si l’élection ne pouvait pas y ĂŞtre organisĂ©e, cela reviendrait Ă© une "sĂ©paration de facto", met en garde Gamer Dicko, porte-parole du ministère de l’Administration territoriale Ă© Bamako. "Kidal doit voter comme le reste du pays", insiste-t-il.
   Selon des sources diplomatiques, des nĂ©gociations sont en cours au Burkina Faso pour trouver une solution, en attendant qu’un gouvernement Ă©lu puisse entamer de vraies nĂ©gociations avec les Touaregs.
   "Il s’agit de trouver un compromis pour que les Ă©lections puissent avoir lieu Ă  Kidal", explique un diplomate ouest-africain. "Le gouvernement intĂ©rimaire ne trouvera pas de solution dĂ©finitive au problème."
    Le souhait de Paris de voir le Mali accorder une certaine autonomie aux Touaregs ne fait cependant pas l’unanimitĂ© chez les autres pays de la rĂ©gion, souligne un autre diplomate qui a participĂ© Ă© de rĂ©centes discussions Ă© Bamako.
   "Les reprĂ©sentants africains n’ont pas critiquĂ© directement la France", raconte-t-il. "Mais ils ont eu des mots très durs envers le MNLA." (Reuters)


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