Présentation de l’Epître al-ghallaouiya de Cheikh Sidi Muhammad Al-Khlifa Al Kunti (1242 h /1826) : Par Hamahou Allah Ould Salem, professeur d’Histoire   
23/07/2007

«Errissala al-aghallaouiya»: l’Epître al-ghallaouiya (en français) s’inscrit dans la littérature épistolaire qui est devenue un genre autonome depuis le 11e s H (17e s) dans le Maghreb extrême avant d’atteindre son apogée en Mauritanie, avec les érudits et les cheikh de la confrérie mukhtariya, Ã  partir du 12e H. Depuis lors, ce genre littéraire a délimité son domaine, ses règles et son contexte. L’Epître était devenue un moyen de communication, de dialogue, de négociations, de plaidoirie entre les groupes en conflit. Elle était devenue également un outil pédagogique aux mains des oulémas pour diffuser leurs orientations, échanger leurs opinions au sujet des grandes questions juridiques et religieuses (al-nawazil)



La prose développée par cette école de l’Epître s’est répandue dans tout l’espace mauritanien à cette époque. Ce fut l’un des résultats les plus significatifs de l’essor intellectuel de cette contrée, au point que le Hodh et l’Azaouad étaient devenus de brillants foyers de culture islamique au 12e et 13e s. H. (18e -19e JC). L’Epître al-gallaouiya est une illustration de cet essor intellectuel; elle avait un effet considérable auprès de la puissante tribu de laghlal qui avait observé la neutralité dans le conflit qui opposait alors la tribu de Kunta et celle d’Ehel Sidi Mahmoud. Mais elle reste un texte très particulier parce qu’écrit au faîte du conflit entre les deux parties. Pour cette raison, nous restons extrêmement prudents, du point de vue historique- sur tout ce que le Cheikh Kunta attribue au chef Abdullah Ibn Sidi Mahmoud al-hadji, qui avait lui aussi, des arguments pour justifier la guerre et ses effets, parce qu’il était un grand savant et un guerrier redoutable.
Cependant, l’Epître est restée le texte le plus expressif de la pensée religieuse et politique des tribus Zouaya dans l’ensemble du pays maure traditionnel : «le pays des bidhanes», le plus grand répertoire du caractère culturel arabe et islamique de la zaouiya d’Ehel Cheikh Sidi al-Moukhtar al- kunti et des éléments constitutifs de leur pensée réformiste et politique en général et de la pensée de Cheikh Sidi Mohamed al-khlifa en particulier.

 

Contexte et contenu de l’Epître al-ghallaouiya

L’Epître a été écrit en 1240/1824, au cours du conflit entre les Kunta et les Ehel Sidi Mahmoud. Mais son titre se rapporte aux Laghlal, auxquels elle a été adressée. La tribu des Laghlal fait partie des tribus de Chinguitti avant que certaines parmi ses branches émigrent vers le Sud et deviennent puissants au 12e /18e, sous la direction de Talib Mustaf et de ses fils. Le fait que l’Epître était adressée exclusivement à Laghlal est dû peut-être à leur proximité géographique avec la zone du conflit. Ils étaient répandus dans le Hodh et Rgueiba (Est Mauritanien).
Cheikh Sid Mohamed al-Khalifa al Kunti a introduit l’Epître al-ghallaouiya par un long développement mettant en garde contre la guerre et ses mobiles, qui relèvent de tentations stanniques.
Puis il a exposé l’histoire des Kunta et des Idawalhaj, le point de vue religieux sur le conflit qui les opposait, et conclut son Epître par une critique de la confrérie Ghodfiya, qui est une branche de la Chadhiliya, développés par des Cheikh soufis de la tribu Deiboussat. Bien que l’auteur n’ait pas divisé son texte en chapitres, sa manière d’organiser le contenu permet de le diviser en plusieurs parties scindées, sans beaucoup de peine ; ce que nous avons tenté dans notre effort d’analyse. Le premier chapitre est une longue introduction. Le chapitre suivant, nous l’avons intitulé : «le mouvement de Abdallah Ibn Sidi Mahmoud Â» parce qu’il se limite à la relation des conditions ayant entouré la genèse de ce mouvement et son évolution politique et militaire. Le chapitre suivant, nous l’avons intitulé : «l’histoire des Kunta et des Idawalhaj» puisqu’il aborde cette histoire et la prééminence des deux tribus. La troisième partie est consacrée à l’avis des malékites au sujet des conflits armés à l’intérieur des communautés musulmanes et au lien avec « al-ahkam al-sultaniya Â». Cette partie, nous l’avons intitulée : «de la pratique de la guerre et de la tyrannie Â».
Quant à la dernière partie nous l’avons intitulée : «la question de la confrérie ghodfiya Â», puisqu’il s’agit d’une critique sévère à l’égard ce cette confrérie chadhiliya qui s’est épanouie dans la tribu des Deiboussat, dont les Cheikhs et leurs disciples l’avaient répandue dans différentes régions de la Mauritanie. Cette confrérie avait joué un rôle religieux et commercial et joui d’une certaine popularité. Nous ne trouvons pas d’explication à la critique que lui fait l’auteur de l’Epître al-ghallaouiya. Avait-elle participé indirectement au conflit ?

 

Qui est l’auteur?

Sidi Mohamed (Cheikh Sidi Mohamed Al-khlifa) Ibn al-Mukhtar Ibn Ahmed Ibn Abi Bakr Ibn Mohamed Ibn Alwafi Ibn Sid Amar Ibn Cheikh Ibn Sid Ahmed Ibn Sid Mohamed al Kunti, est l’ancêtre éponyme de la tribu des Kunta. Il est le 5e fils de Cheikh Sid al-Mukhtar al kunti ( 1729-1811), qui est considéré comme l’une des plus grandes figures du savoir au Sahara, à son époque. Sa mère s’appelle Lala Aicha Mint Si al-Mukhtar Ibn Sid Elemine Lazrag, elle aussi des Kunta (1160-1224 H).
Sidi Mohamed al khalifa est né en (1179 /1765) dans la région de l’Azaouad, (dans le Nord de l’actuel Mali), dans l’extrême Est de l’espace maure. Il avait grandi dans sa famille qui était connue par son savoir et sa grande dignité dans tout l’Ouest saharien. Nous connaissons peu de choses sur son enfance et sa jeunesse. On sait seulement que sa piété et son intelligence avaient très tôt retenues l’attention de son père qui l’avait choisi pour lui succéder (khalifa) après sa mort en 1226 /1811. Mais Cheikh Sid Mohamed al khalifa n’est resté dans cette position de khalife que peu de temps, soit 15 ans seulement. Sa mort était intervenue en 1242 /1826, à la suite d’une maladie.
On lui doit des dizaines de titres couvrant divers domaines (fiqh, politique, science occulte) et ses disciples comptent parmi les plus grands érudits tels Cheikh Sidiya al-Abyari et d’autres pôles du sufisme et du fiqh, appartenant aux tribus de Kunta, Idawali, Laghlal , Deiboussat, Tagat, Tajakanet, etc.
Son influence religieuse avait atteint le Soudan, Utmane Dan Fodio et ses successeurs à Sokoto et avec Ahmed Bello au Macina. Au Sahara il avait une grande influence chez les Touaregs et les tribus maures des Brabish, des Oulad Mbareck, des Ould Daoud et des Mechdouf.

Traduit de l’Arabe par M. Boba OULD MOHAMED NAFFE


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Commentaires
Dirlactinia
newmexicocity@gmail.com
2010-06-27 11:11:13

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