Museveni revoit sa copie concernant l’homosexualité   
03/10/2014

Le président ougandais Yoweri Museveni a implicitement mis en garde vendredi contre un nouveau vote d’une loi antihomosexualité ayant suscité un tollé international avant d’être annulée par la justice, mettant en avant les risques pour le commerce extérieur de l’Ouganda.



 La loi, qui avait conduit plusieurs bailleurs de fonds à geler leurs aides publiques, a été annulée le 1er août par la Cour constitutionnelle pour des raisons techniques, le quorum n’étant pas atteint lors de son adoption au Parlement.
   Si le gel des aides n’a pas eu de conséquences, affirme M. Museveni dans une tribune parue vendredi dans le principal quotidien du pays, New Vision, "un problème bien plus sérieux est apparu, la possibilité d’un boycott commercial par les gouvernements occidentaux sous la pression des lobbies homosexuels en Occident".
   Accusant les Etats-Unis et l’UE de "politiser l’accès à leurs marchés", le président ougandais a estimé qu’il "s’agit désormais du problème du serpent dans le pot d’argile. Nous voulons tuer le serpent, mais sans casser le pot. Nous voulons protéger nos enfants de l’homosexualité, mais nous ne voulons pas tuer nos débouchés commerciaux".
   La loi controversée ajoutait notamment la répression de la "promotion de l’homosexualité" et l’obligation de dénoncer les homosexuels aux dispositions du Code pénal datant de l’époque coloniale britannique et punissant depuis plus d’un demi-siècle les relations "contre nature" de la prison à vie.
   Les dispositions de ce Code pénal restent en vigueur et les partisans de la loi antihomosexualité ont annoncé leur intention de faire re-voter par l’Assemblée le texte annulé, la Cour ne s’étant pas prononcée sur son contenu.
   L’homophobie, relayée par les puissantes Eglises évangéliques, est largement répandue en Ouganda et la loi avait reçu un accueil favorable dans la population.
  
    - "Choix et conviction" -

    Sans évoquer explicitement l’éventuel nouveau vote de la loi, M. Museveni estime que la législation existante est suffisante, notamment pour "protéger" les mineurs et les jeunes que selon le président ougandais, des groupes homosexuels cherchent à "recruter" ou "appâtent" avec de l’argent.
   Après avoir varié sur la question de la nature innée ou acquise de l’homosexualité, M. Museveni estime dans cette tribune que certains homosexuels le sont "par choix et conviction".
   "Ils sont simplement attirés par leurs semblables - hommes ou femmes - selon ce qu’ils disent, aussi difficile que ce soit à imaginer pour moi", a-t-il expliqué.
   "Devons nous impliquer interminablement l’Ouganda dans des guerres sans fin avec nos potentiels partenaires commerciaux à cause de ce groupe d’homosexuels volontaires, même après avoir protégé nos enfants? C’est ce dont nous devons débattre et que nous devons résoudre", poursuit Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, dans sa tribune.
   "Désormais, la question n’est donc pas ce que les autres gouvernements nous disent", ajoute le chef de l’Etat ougandais, soucieux de ne pas apparaître comme cédant aux pressions extérieures, dans un pays où l’homosexualité est largement considérée comme une pratique "importée" et "imposée" à l’Afrique par l’Occident.
   "Il s’agit pour nous de décider ce qui est le mieux pour notre pays dans le domaine du commerce extérieur, qui est un moteur de croissance et de transformation sans égal", souligne-t-il avant de poser la question: "quelle est la marche à suivre?".
   Les partisans de la loi antihomosexualité avait critiqué son annulation, dictée selon eux par des pressions américaines, à la veille du départ du président Museveni pour un sommet USA-Afrique à Washington, ce que l’intéressé avait démenti.
   Une majorité de députés a signé une requête demandant un nouveau vote de la loi et le gouvernement a fait appel de la décision de la Cour constitutionnelle devant la Cour suprême.
   Selon ses détracteurs, le président Museveni avait promulgué la loi antihomosexualité essentiellement en vue de la présidentielle de 2016, qui marquera sa 30e année au pouvoir.
   Mi-septembre, après des pression de défenseurs de la cause homosexuelle, un grand hôtel a annulé la réservation d’une chambre pour M. Museveni au Texas, où le chef de l’Etat ougandais devait rencontrer de potentiels investisseurs. L’Ouganda a découvert en 2006 d’importantes réserves de brut susceptibles de profondément modifier l’économie du pays.
   En septembre, le principal conseiller politique de M. Museveni, Moses Byaruhanga, avait lui aussi publié une tribune dans la presse, expliquant que le code pénal actuel était suffisant et estimé inutile une nouvelle loi "qui provoque des antagonismes avec nos partenaires commerciaux". (Afp)


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