Le Premier ministre britannique David Cameron a de nouveau imploré les Ecossais de renoncer à leurs velléités d’indépendance et de ne pas briser "la famille" que constitue le Royaume-Uni lors du référendum du 18 septembre. Pris de panique comme le reste...
...de la classe politique, David Cameron a fait l’impasse sur la séance hebdomadaire des questions au gouvernement pour se rendre sur place et tenter de convaincre les électeurs de la nécessité de préserver l’acte d’union qui les lie à l’Angleterre depuis 1707. "Cela me briserait le coeur de voir cette famille de nations se déchirer", a dit le Premier ministre à Edimbourg, adressant ensuite une mise en garde contre la tentation d’un vote sanction contre la politique des conservateurs. "Je pense que certains ont un peu l’impression qu’il s’agit d’une élection générale et qu’on peut changer d’avis cinq ans plus tard (...)", a-t-il poursuivi avant de prévenir: "C’est totalement différent d’une élection générale, ce n’est pas une question pour les cinq ans à venir mais pour le prochain siècle". Le chef du gouvernement s’était tenu jusqu’à présent en retrait du débat sur l’indépendance de l’Ecosse, estimant que ses origines aisées et ses opinions conservatrices n’étaient pas des atouts pour s’adresser à un électorat écossais majoritairement de gauche. Mais la publication de sondages laissant entrevoir une possible victoire du "oui" à l’indépendance l’a incité à sortir de sa réserve et à faire campagne pour le "non" avec le soutien du chef de file de l’opposition, le travailliste Ed Miliband. SUEURS FROIDES "S’ils étaient venus en bus, je leur aurais payé le billet", a lancé Alex Salmond, assurant qu’aucun dirigeant conservateur n’avait jamais été aussi impopulaire chez les Ecossais que David Cameron et qu’aucun leader travailliste n’avait jamais suscité plus de méfiance qu’Ed Miliband. Leur visite est contre-productive pour le camp du "non", a-t-il ajouté. Les sondages témoignant de la percée de la cause indépendantiste au cours des dernières semaines ont provoqué la stupeur des milieux financiers et donné des sueurs froides aux banquiers et assureurs écossais, dont le gros de la clientèle est britannique. Mercredi, la diffusion d’une enquête en ligne créditant le camp des indépendantistes de 53,9% des intentions de vote au référendum du 18 septembre a encore accentué la nervosité des investisseurs et fait tomber la livre sterling à son cours le plus bas depuis 10 mois contre le dollar. Si l’Ecosse venait à se prononcer en faveur de l’indépendance après 307 années d’union, s’ouvrirait une période de négociations de 18 mois sur une longue série de sujets, allant du pétrole de la mer du Nord à celle de la livre en passant par la base sous-marine de Faslane. Au delà de la question de la monnaie, des armes nucléaires et du pétrole, c’est la structure même du Royaume-Uni qui est menacée, à commencer par son principal symbole, l’Union Jack, qui réunit la Croix de Saint Georges anglaise, la Croix de Saint Patrick irlandaise et la Croix de Saint André écossaise. RIVALITE HISTORIQUE Le débat sur l’indépendance électrise l’Ecosse où l’on a observé un glissement d’une partie de l’électorat travailliste vers le camp sécessionniste et divise les Ecossais dans les pubs des Highlands et ceux des îles les plus reculées de l’Atlantique. "C’est la chose la plus excitante de ma vie", explique Kate, serveuse dans un restaurant de la vieille ville d’Edimbourg, bracelet "Yes" au poignet. Cherchant à surfer sur la rivalité historique qui oppose Anglais et Ecossais et sur l’opinion selon laquelle Londres néglige l’Ecosse depuis des décennies, les nationalistes cherchent à convaincre qu’indépendante, elle serait plus juste et plus riche. Pour le camp unioniste, la sécession se traduirait par des années d’incertitudes financières, économiques et politiques. Ils ont d’ailleurs prévenu que les Ecossais ne pourraient, en cas de succès du "oui", conserver la livre comme devise. "Si le Royaume-Uni venait à perdre l’Ecosse, il serait affaibli", a prévenu l’ancien Premier ministre John Major. "Nous risquons une révolution constitutionnelle", dit-il, égratignant au passage son successeur Tony Blair, accusé d’avoir attisé les velléités indépendantistes avec le régime de "dévolution" qui donne au Parlement d’Edimbourg le contrôle des politiques de santé ou d’éducation. (Afp)
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