Un califat islamique au Nigeria   
25/08/2014

Dans une vidéo, le chef de Boko Haram a placé Gwoza, ville du nord-est du Nigeria, sous le règne du "califat islamique". Depuis avril, le groupe islamiste armé contrôle des zones entières du nord-est du pays.



Après l’organisation de l’État islamique (EI), au tour de la secte Boko Haram de proclamer son califat ? Un mois Ă  peine avoir apportĂ© son soutien Ă  l’autoproclamĂ© "calife" Abou Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe islamiste armĂ© implantĂ© au Nigeria, Abubakar Shekau, a peut-ĂŞtre dĂ©cidĂ© de franchir le pas.

Dans une vidĂ©o obtenue dimanche 24 aoĂ»t par l’AFP, Abubakar Shekau a dĂ©clarĂ© que la ville de Gwoza faisait dĂ©sormais "partie du califat islamique". Cette ville de l’État de Borno, dans le nord-est du pays, Ă©tait tombĂ©e en aoĂ»t aux mains de Boko Haram, selon l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha). "Merci Ă  Allah qui a donnĂ© Ă  nos frères la victoire Ă  Gwoza", dĂ©clare Shekau dans une vidĂ©o de 52 minutes – dont 25 de monologue. Mais il ne mentionne pas Al-Baghdadi dans cette vidĂ©o, et n’explique pas plus prĂ©cisĂ©ment s’il se range sous sa bannière ou s’il crĂ©e un nouveau califat au Nigeria.


Boko Haram cherche à contrôler des territoires, comme l’EI

Cette nouvelle vidéo a été tournée en plein air et présente des images de mauvaise qualité. Shekau s’exprime alternativement en arabe et en haoussa, principale langue du Nord. "Nous n’allons pas quitter la ville. Nous sommes venus pour rester", explique Shekau, comme en écho à l’EI, qui construit peu à peu le début d’une administration en Syrie et en Irak. "Ils appellent (ce pays) le Nigeria". "Nous sommes dans le califat islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigeria", déclare encore Shekau donnant raison à plusieurs analystes qui estiment que la stratégie de Boko Haram a évolué, passant de la guérilla à une logique de conquête de territoires.

>> À lire sur France 24 : Abou Bakr al-Baghdadi, le nouveau maĂ®tre du jihad

Après le monologue du chef de Boko Haram, la vidĂ©o montre des combattants tirant des roquettes depuis des picks-up, et d’autres militants lourdement armĂ©s tirant dans les rues d’une agglomĂ©ration. On voit ensuite des scènes atroces d’exĂ©cution, similaires Ă  celles vues sur des vidĂ©os de l’État islamique. Par exemple, une vingtaine d’hommes habillĂ©s en civil, les mains liĂ©s dans le dos et allongĂ©s sur une route, sont exĂ©cutĂ©s chacun Ă  leur tour d’une balle dans la tĂŞte.

10 000 morts depuis 2009

Shekau est qualifiĂ© de "terroriste Ă  l’échelle mondiale" par les États-Unis qui ont mis Ă  prix sa tĂŞte pour 7 millions de dollars. Depuis avril, son groupe s’est emparĂ© de nombreuses localitĂ©s et contrĂ´le des zones entières du nord-est du pays oĂą l’armĂ©e a disparu, selon les tĂ©moignages d’habitants, de responsables de la sĂ©curitĂ© et d’experts.

L’insurrection armée de Boko Haram, et sa répression féroce par l’armée nigériane, ont fait plus de 10 000 morts depuis 2009, selon des estimations. Quelque 4 000 personnes ont été tuées depuis début 2014 d’après Amnesty international, et 650 000 chassées de leurs foyers selon l’ONU.

Quant aux centaines de jeunes filles enlevées en avril par la secte islamiste, elles sont encore pour la plupart otages des jihadistes.



(Avec AFP)



FRANCE24


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