FNDU : ConfĂ©rence de presse   
31/07/2014

La Mauritanie est entrĂ©e dans une crise politique sans prĂ©cĂ©dent depuis le coup d’état menĂ© par le gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz le 6 Aout 2008. En effet, ce coup d’état a, non seulement mis fin, par la force, Ă  un pouvoir dĂ©mocratiquement Ă©lu, mais ...



...  il a Ă©galement inaugurĂ© une ère marquĂ©e par un recul incontestable de la dĂ©mocratie, la banalisation des institutions constitutionnelles, l’instauration du pouvoir personnel et l’obstruction de toutes les voies pouvant mener Ă  une alternance du pouvoir Ă  travers les urnes.

 Ce coup d’état a Ă©galement avortĂ© les mesures salutaires qui avaient Ă©tĂ© entamĂ©es pour rĂ©concilier le pays avec lui-mĂŞme, pour jeter les bases d’une sociĂ©tĂ© plus juste et plus Ă©galitaire oĂą toutes les couches, composantes et catĂ©gories sociales vivent ensemble dans le respect et la bonne entente.

 Ces rĂ©formes, qui continuent de constituer une prioritĂ© de premier plan, doivent aboutir Ă  l’éradication de toutes les formes de discrimination qui se manifestent dans les domaines de la vie nationale et en particulier a celles touchant les problèmes de l’unitĂ© nationale et de l’éradication de l’esclavage et de ses sĂ©quelles (rĂ©partition Ă©quitable de la richesse nationale, Ă©galitĂ© devant la loi, inviolabilitĂ© de la propriĂ©tĂ© privĂ©e, Ă©ducation, passif humanitaire, etc.)

 Les dernières Ă©lections prĂ©sidentielles ont encore aggravĂ© cette crise et donnĂ© la preuve de l’entĂŞtement du pouvoir Ă  mener le pays vers l’inconnu, tout comme la campagne de boycott de ces Ă©lections a donnĂ© la preuve du refus de l’écrasante majoritĂ© des forces dĂ©mocratiques et du peuple mauritanien de telles Ă©lections unilatĂ©rales.

1. Les origines de la crise :

 Après plusieurs annĂ©es de soubresauts du processus dĂ©mocratique, la Mauritanie a connu, enfin, des Ă©lections prĂ©sidentielles libres et consensuelles, qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du consensus de l’ensemble de la classe politique nationale et d’une observation internationale crĂ©dible et de qualitĂ©.

 Ces Ă©lections s’étaient dĂ©roulĂ©es en deux tours, les 11 et 25 Mars 2007, et leurs rĂ©sultats avaient Ă©tĂ© reconnus par l’ensemble des partenaires et des candidats, ce qui reprĂ©sente un cas rare dans notre environnement arabe et africain. L’investiture du prĂ©sident Ă©lu a Ă©tĂ© marquĂ©e par une prĂ©sence massive et qualitative de la communautĂ© internationale, qui a exprimĂ© ainsi sa satisfaction et son soutien pour le nouveau pouvoir.

 Moins d’une annĂ©e et demi après, au moment oĂą le Continent Africain avait cru avoir tournĂ© la page des coups d’état, et au moment oĂą les mauritaniens avaient cru voir leur pays prendre le chemin de la dĂ©mocratie et de la stabilitĂ©, le gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz, alors chef de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle, fomenta un coup d’état militaire, plaça le PrĂ©sident de la RĂ©publique en prison et se proclama Chef de l’Etat.

 Les forces dĂ©mocratiques s’étaient alors dressĂ©es contre ce coup de force et avaient mobilisĂ© l’opinion nationale et internationale pour faire Ă©chouer le coup d’état.

 Après plusieurs mois de luttes acharnĂ©es, et avec l’intervention de la communautĂ© internationale, le GĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz s’est vu contraint Ă  signer avec l’opposition dĂ©mocratique un accord qui prĂ©voit le retour Ă  la lĂ©galitĂ© constitutionnelle, l’organisation d’élections prĂ©sidentielles consensuelles et l’ouverture d’un dialogue inclusif Ă  l’issue de ces Ă©lections, quel qu’en soit le vainqueur.

 Cet accord dit "Accord de Dakar" a Ă©tĂ© conclu sous la supervision et le parrainage de toutes les organisations rĂ©gionales, continentales et internationales, qui l’ont signĂ© et se sont engagĂ©es Ă  en suivre l’exĂ©cution. Cependant, le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz renia immĂ©diatement les engagements contenus dans cet accord et ordonna Ă  son premier ministre de convoquer le collège Ă©lectoral contre la volontĂ© du gouvernement d’union nationale, et d’organiser des Ă©lections unilatĂ©rales dans lesquelles le pouvoir et les moyens de l’Etat ont Ă©tĂ© utilisĂ©s sans compter au profit du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz.

 Une fois Ă©lu, celui-ci refusa d’entamer avec l’opposition le dialogue prĂ©vu par l’accord. L’Accord de Dakar n’était pas seulement une feuille de route pour l’organisation d’élections consensuelles, mais aussi un cadre pour fonder un vĂ©ritable partenariat politique en vue de la construction de l’état de droit et des institutions.

 Et il est incontestable que la trahison de cet accord par le gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz, avec la bĂ©nĂ©diction, sinon la connivence, de certains pays influents de la communautĂ© internationale, qui s’étaient pourtant engagĂ©s Ă  en garantir l’exĂ©cution, constitue l’une des origines de la profonde crise politique que la Mauritanie vit encore aujourd’hui.

2.Les manifestations de la crise :

 La Mauritanie vit depuis six ans une crise politique multidimensionnelle, qui se manifeste Ă  travers le pouvoir personnel et l’usage abusif de l’autoritĂ© et des moyens de l’Etat pour maintenir et perpĂ©tuer ce pouvoir, en dehors de toutes les normes dĂ©mocratiques et de toutes les formes lĂ©gales, dans un dĂ©dain total des institutions constitutionnelles.

 Cette crise se manifeste Ă©galement Ă  travers le recul patent de la dĂ©mocratie : aucune institution ne joue le rĂ´le qui lui est imparti, aucune institution n’a Ă©tĂ© renouvelĂ©e dans les dĂ©lais lĂ©gaux. Le pays a vĂ©cu plus de deux ans avec une AssemblĂ©e Nationale et des Conseils municipaux sans mandat Ă©lectif, il vit toujours avec un SĂ©nat dont le mandat des deux tiers a expirĂ© depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ  et qui, pourtant, continue Ă  lĂ©gifĂ©rer.

 Cependant, la manifestation la plus grave de cette crise demeure l’obstruction de toutes les voies pouvant dĂ©boucher sur une alternance pacifique du pouvoir, en l’absence des conditions les plus Ă©lĂ©mentaires pour l’organisation de consultations Ă©lectorales crĂ©dibles, et ce au moment oĂą le pays a le plus besoin d’un changement dĂ©mocratique vĂ©ritable pour conjurer les dangers qui le guettent et les menaces qui pèsent de plus en plus sur son unitĂ© nationale et sa cohĂ©sion sociale.

 La persistance de ce blocage et l’aggravation de la crise qui en rĂ©sulte exposent le pays Ă  tous les dangers et Ă  tous les dĂ©rapages, dans un contexte international lourd de toutes les menaces.

 A cela s’ajoute l’entĂŞtement du pouvoir Ă  refuser d’apporter des solutions acceptables aux problèmes majeurs qui menacent l’unitĂ© nationale et la cohĂ©sion sociale. En effet, au lieu d’assurer une application rigoureuse des lois qui incriminent l’esclavage et de promouvoir des programmes viables pour en Ă©radiquer les sĂ©quelles, le rĂ©gime en place nie jusqu’à l’existence mĂŞme de ce flĂ©au social et se contente de calmants dĂ©magogiques qui n’ont aucun impact rĂ©el sur la rĂ©alitĂ© des choses.

 Au lieu de rĂ©gler le lourd passif humanitaire, en donnant Ă  chacun son droit en concertation avec les reprĂ©sentants authentiques des victimes et des rapatriĂ©s, le pouvoir s’est contentĂ© de mesures partielles et unilatĂ©rales, destinĂ©es Ă  l’exploitation politique plutĂ´t qu’à la solution de ceux douloureux problème. C’est ainsi que le pouvoir a laissĂ© le champ libre aux voix discordantes et extrĂ©mistes qu’il a choisi comme partenaires, au lieu de celles de la sagesse et de la pondĂ©ration.

3. Le dialogue avorté :

 Pour conjurer ces dangers et ces menaces, le Forum National pour la DĂ©mocratie et l’UnitĂ© (FNDU), qui regroupe la majoritĂ© des partis de l’opposition dĂ©mocratique, les organisations de la sociĂ©tĂ© civile et les centrales syndicales les plus reprĂ©sentatives, ainsi que des personnalitĂ©s nationales indĂ©pendantes, a toujours exprimĂ© sa disponibilitĂ© pour un dialogue sĂ©rieux avec le pouvoir afin de parvenir Ă  un accord pour sortir le pays de la crise Ă  travers des Ă©lections crĂ©dibles et consensuelles afin de normaliser les rapports entre les diffĂ©rents partenaires politiques nationaux.

 Ces conditions se rĂ©sument dans la mise en place d’une supervision politique consensuelle qui garantit la neutralitĂ© de l’Administration et empĂŞche l’usage de l’autoritĂ© et des moyens publics au profit d’un candidat contre les autres, la dĂ©signation d’institutions crĂ©dibles et aptes Ă  organiser les Ă©lections, ainsi qu’une bonne prĂ©paration matĂ©rielle et technique de celles-ci.

 Ayant enfin acceptĂ© d’aller au dialogue, le pouvoir a choisi la fuite en avant en refusant d’entrer dans des nĂ©gociations sĂ©rieuses autour ces conditions ainsi que sur les voies et moyens et les dĂ©lais d’application des mesures qui feraient l’objet d’un accord entre les deux parties. C’est ainsi qu’il a commencĂ© par tracer des lignes rouges infranchissables pour se rĂ©fugier, enfin, derrière le dĂ©lai constitutionnel imparti Ă  l’élection prĂ©sidentielle.

 Or, il est de notoriĂ©tĂ© publique que le pouvoir n’a acceptĂ© le dialogue quelques semaines seulement avant les Ă©lections et que, depuis la prise du pouvoir par Mohamed Ould Abdel Aziz, aucune institution n’a Ă©tĂ© renouvelĂ©e dans les dĂ©lais constitutionnels. C’est ainsi que le pouvoir a fait avorter le dialogue qui a prĂ©cĂ©dĂ© les Ă©lections prĂ©sidentielles, exactement comme il a fait avorter le dialogue qu’il a acceptĂ© de mener deux semaines seulement avant les dernières Ă©lections lĂ©gislatives et municipales.

 La rĂ©alitĂ© est que les mĂ©thodes putschistes qui fondent la mentalitĂ© du chef du pouvoir actuel font qu’il refuse tout ce qui peut affaiblir sa mainmise totale sur tous les dĂ©membrements des mĂ©canismes Ă©lectoraux qu’il manipule Ă  sa guise et utilise Ă  son profit et Ă  celui de son parti.

 C’est ainsi qu’il a tenu Ă  organiser des Ă©lections prĂ©sidentielles unilatĂ©rales le 21 Juin 2014, qui n’ont pas Ă©tĂ© boycottĂ©es par le seul FNDU, mais aussi par d’autres forces politiques et sociales significatives, dont les partis qui avaient participĂ© avec lui aux dernières Ă©lections lĂ©gislatives et municipales et qui ont Ă©tĂ© douloureusement mordus par l’ampleur de la fraude, de l’abus du pouvoir et des biens publics, ainsi que par l’incapacitĂ© et l’absence de neutralitĂ© des instances en charge de l’organisation de ces Ă©lections.

 4. Les Ă©lections :

a. La campagne Ă©lectorale :

 La campagne Ă©lectorale du prĂ©sident candidat Ă  sa propre succession avait dĂ©butĂ© des mois avant l’échĂ©ance lĂ©gale. Elle n’a pas dĂ©rogĂ© aux pratiques auxquelles s’est toujours adonnĂ© le rĂ©gime en place, Ă  savoir l’usage abusif de l’autoritĂ© de l’état et de ses moyens au service d’un seul candidat, celui du pouvoir.

 Nous avons vu comment l’état est descendu dans l’arène, avec ses ministres, ses hauts fonctionnaires, ses gĂ©nĂ©raux, ses finances, ses moyens d’information, pour exercer toutes sortes de pressions, Ă  travers les menaces, la corruption et l’achat des consciences.

 Nous avons vu comment les moyens d’information officiels ont Ă©tĂ© embrigadĂ©s au service de la campagne du candidat du pouvoir, au moment oĂą l’opposition dĂ©mocratique a Ă©tĂ© privĂ©e de s’exprimer Ă  travers ces mĂ©dias prĂ©tendument publics. Le conseil des ministres menait une vĂ©ritable course contre le temps pour approuver des centaines de nominations, toutes en guise de prĂ©bendes et de cadeaux politiques.

 Le candidat Ould Abdel Aziz distribuait lui-mĂŞme, publiquement, des dons, par dizaines de millions, Ă  des individus, des collectivitĂ©s et des institutions, Des centaines de terrains ont Ă©tĂ© distribuĂ©s juste avant et au cours de la campagne Ă©lectorale. Nous en citerons, Ă  titre d’exemple, 74 terrains Ă  l’ilot A R1 et 100 terrains au secteur 17 d’Arafat au profit des imams, 24 terrains Ă  l’ilot A1 au profit des ulĂ©mas et 400 terrains au profit des officiers et sous-officiers sur la route d’El-Mouqawama.

 Des institutions publiques se sont impliquĂ©es directement dans la campagne du candidat du pouvoir. C’est ainsi que la CommunautĂ© urbaine de Nouakchott et la SOMELEC ont pris en charge l’amĂ©nagement du stade de ’’Tarhil’’ dans lequel devait se tenir le meeting de clĂ´ture de la campagne du PrĂ©sident-candidat. Des dizaines d’officiers, de hauts fonctionnaires et autres dignitaires du rĂ©gime, pourtant expressĂ©ment dĂ©signĂ©s par la loi relative aux incompatibilitĂ©s, battaient campagne au grand jour pour ce mĂŞme candidat.

 Pour la première fois dans l’histoire du pays, on mobilisait les Ă©lecteurs au nom de la tribu, de la race et de la caste, Ă  travers des ’’moubadara’’ organisĂ©es et supervisĂ©es par les hommes du pouvoir et largement couvertes par les moyens d’information officiels.

 Tout au long de cette campagne Ă©lectorale, le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a dĂ©montrĂ©, Ă  travers ses discours et ses gestes, que son vĂ©ritable challenger n’était autre que le FNDU et que l’enjeu de ces Ă©lections n’était autre que le taux de participation, dĂ©montrant ainsi, Ă  travers le dĂ©dain qu’il a affichĂ© pour ses vĂ©ritables concurrents, le caractère non concurrentiel de cette compĂ©tition.

 En dĂ©finitive, cette campagne n’aura Ă©tĂ© qu’une nouvelle illustration du pouvoir personnel et et l’usage abusif et exclusif des moyens de l’état pour perpĂ©tuer ce pouvoir.

b. Le scrutin :

 Le scrutin est venu corroborer le caractère taillĂ© sur mesure de ces Ă©lections. C’est ainsi que la machine de la fraude s’est mise en marche au profit du candidat du pouvoir, profitant de l’absence des reprĂ©sentants des autres candidats dans la plupart des bureaux vote, surtout dans les localitĂ©s de l’intĂ©rieur du pays. La Commission Electorale Nationale ’’IndĂ©pendante’’ est rentrĂ©e dans la danse Ă  son tour.

 C’est ainsi que beaucoup de membres des bureaux de vote ont Ă©tĂ© changĂ©s Ă  la veille du scrutin afin de s’assurer un personnel Ă©lectoral aux ordres. La porte a Ă©tĂ© largement ouverte Ă  toutes sortes de fraude et d’irrĂ©gularitĂ©s : votes multiples, vote par procuration, bourrage des urnes, manipulation des listes Ă©lectorales, etc. Des moyens colossaux ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour racoler les Ă©lecteurs, qui avec des menaces, qui avec des promesses, qui en Ă©voquant la parentĂ© et la solidaritĂ© tribale, qui moyennant espèces sonnantes et trĂ©buchantes.

 Les hauts fonctionnaires, les hauts officiers, les hommes d’affaires, les notables-prĂ©sidents de conseils d’administrations, rivalisaient au vu et au su de tous Ă  qui bourraient le plus les urnes desquelles il est comptable.

 MalgrĂ© cela, tout le monde s’accorde sur le fait que la frĂ©quentation des bureaux de vote a Ă©tĂ© des plus faibles et sur le dĂ©sintĂ©rĂŞt total affichĂ© par l’écrasante majoritĂ© des mauritaniens pour cette farce Ă©lectorale, ce qui Ă´te toute crĂ©dibilitĂ© au taux de participation dĂ©clarĂ© par le pouvoir et les institutions qui lui sont infĂ©odĂ©es.

 C’est ainsi que l’atmosphère dans laquelle les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© proclamĂ©s s’apparentait plus au deuil qu’à la liesse, et que la victoire annoncĂ©e avait un gout de dĂ©faite, Ă  tel point que les supporteurs du candidat Ă©lu ont eu honte de la cĂ©lĂ©brer.

 L’ampleur de l’abus de l’autoritĂ© et des moyens de l’état, le niveau de la fraude, la manipulation des rĂ©sultats et la connivence des institutions chargĂ©es d’organiser et de superviser ces Ă©lections ont dĂ©montrĂ© la justesse de la position adoptĂ©e par le FNDU, consistant Ă  boycotter ces Ă©lections prĂ©fabriquĂ©es par le pouvoir et dont les rĂ©sultats Ă©taient connus Ă  l’avance.

5. Le boycott :

 Suite Ă  l’échec du dialogue et face Ă  l’entĂŞtement du pouvoir Ă  organiser des Ă©lections unilatĂ©rales, le FNDU a dĂ©cidĂ©, avec d’autres forces politiques et sociales, dans une unanimitĂ© sans prĂ©cĂ©dent, de boycotter ces Ă©lections et de mener une campagne nationale en vue d’en dĂ©montrer le caractère non crĂ©dible et puĂ©ril.

 C’est ainsi que les Ă©lections du 21 Juin 2014, au lieu d’être une compĂ©tition entre candidats Ă  la prĂ©sidence de la rĂ©publique, se sont transformĂ©es en un duel entre la participation et le boycott ; un duel entre la volontĂ© d’un peuple qui refuse de prendre part Ă  une parodie dont le seul but est de consacrer et perpĂ©tuer un pouvoir personnel et un gouvernant qui s’emploie Ă  lĂ©galiser un nouveau coup d’état Ă  travers les urnes ; un duel entre les forces dĂ©mocratiques nationales qui refusent de participer Ă  des Ă©lections dĂ©pourvues de toute crĂ©dibilitĂ© et un système qui a pris en otage le pays et mis ses institutions et ses ressources au service du pouvoir d’un individu.

 C’est ce qui est apparu clairement dans toutes les phases de ces Ă©lections, quand le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a pris pour seule cible le FNDU contre lequel il a menĂ© une campagne des plus virulentes faite d’insultes, d’invectives et de menaces. A leur tour, les autres candidats se sont ignorĂ©s les uns les autres et se sont tous liguĂ©s contre le boycott qui est, ainsi, devenu le seul enjeu de ces Ă©lections.

 Cependant, le peuple mauritanien a tenu, Ă  travers la marche dĂ©ferlante organisĂ©e le 4 Juin 2014 Ă  Nouakchott et celle organisĂ©e le 18 du mĂŞme mois, Ă  exprimer haut et fort son refus du putsch Ă©lectoral, ce refus qu’il a rĂ©affirmĂ© le jour du scrutin en boycottant le vote.

 Il est incontestable que le FNDU, qui a pu mobiliser les mauritaniens par dizaines de milliers contre ces Ă©lections, pouvait organiser un boycott actif le jour du vote sur toute l’étendue du territoire national. Cependant, il a dĂ©cidĂ© de s’abstenir d’organiser toute manifestation le jour du scrutin afin d’éviter toute confrontation qui aurait pu menacer l’ordre public et la paix civile.

 Ainsi donc, malgrĂ© la disproportion flagrante des moyens, l’abus outrancier des moyens et de l’autoritĂ© de l’état par le candidat du pouvoir et la connivence des institutions sensĂ©es ĂŞtre indĂ©pendantes, le boycott l’a largement remportĂ© sur la participation et les forces dĂ©mocratiques nationales ont rĂ©ussi Ă  mettre Ă  nu le caractère futile et sans crĂ©dibilitĂ© aucune de ces Ă©lections.

6. Conclusion :

 Le rideau a Ă©tĂ© tirĂ© sur la parodie Ă©lectorale du 21 Juin 2014 et la crise politique est demeurĂ©e avec toutes ses origines et toutes ses manifestations. Ces Ă©lections, au lieu d’y apporter une solution n’ont fait que l’aggraver.

 Le boycott de ces Ă©lections par l’écrasante majoritĂ© du peuple et leur rejet de la part de toutes les forces dĂ©mocratiques du pays lui ont Ă´tĂ© la crĂ©dibilitĂ© et la lĂ©gitimitĂ© que le pouvoir tente vainement aujourd’hui de compenser en invitant le maximum de reprĂ©sentants de pays Ă©trangers Ă  l’investiture de son Ă©lu. Mais, faut-il le rappeler, la crĂ©dibilitĂ© et la lĂ©gitimitĂ© s’acquièrent Ă  l’intĂ©rieur et non Ă  l’extĂ©rieur du pays.

 Les forces dĂ©mocratiques nationales avaient Ĺ“uvrĂ© pour que les Ă©lections municipales, lĂ©gislatives et prĂ©sidentielles passĂ©es soient une occasion pour sortir le pays de la crise dans laquelle il se dĂ©bat, afin d’ouvrir la voie Ă  la normalisation de la vie politique et Ă  la construction de l’état de droit et des institutions. Pour ce faire, l’opposition dĂ©mocratique n’a jamais cessĂ© d’appeler Ă  un dialogue sĂ©rieux et responsable afin d’aboutir Ă  un accord sur les conditions nĂ©cessaires pour l’organisation d’élections libres, transparentes et crĂ©dibles.

 Cependant, le rĂ©gime en place, fidèle Ă  sa nature putschiste, a toujours refusĂ© toute nĂ©gociation vĂ©ritable autour des conditions dans lesquelles peuvent ĂŞtre organisĂ©es de telles Ă©lections, comme si le pouvoir Ă©tait un butin qu’il a acquis par la force et qu’il ne lâchera que par la force.

 Une telle logique, qui fait fi des règles dĂ©mocratiques les plus Ă©lĂ©mentaires et ferme la voie devant toute possibilitĂ© d’alternance pacifique du pouvoir, reprĂ©sente une menace rĂ©elle Ă  la paix civile et Ă  la stabilitĂ© et expose le pays aux dĂ©rapages les plus incontrĂ´lables, dans un contexte rĂ©gional et international des plus dangereux.

 En s’entĂŞtant Ă  suivre cette voie, le pouvoir en place en porte seul la responsabilitĂ© devant le peuple et devant l’histoire.


Nouakchott, le 30 Juillet 2014


FNDU


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