Manifestations contre le coût de la vie en Mauritanie : 2 morts, le ministre de l’intérieur présente les condoléances et parle de manipulation    
09/11/2007

Deux personnes sont mortes à Djiguenni (Hodh Charghi) et Kankossa (Assaba) et une dizaine d’autres personnes ont été blessés dont des membres des forces de l’ordre, lors de violentes manifestations contre la hausse des prix des produits alimentaires dans plusieurs villes du Sud-Est Mauritanien.
C’est de Nema que sont parties les premières manifestations en début de semaine écoulée quelques jours après le discours du Premier Ministre Zeine Ould Zeidane dans lequel il a parlé d’une situation économique excellente.



Une quarantaine de personnes ont été arrêtées par la suite à Timbedra, dans de violentes manifestations. Une autre manifestation a eu lieu lundi dernier à Kiffa (à 600 km de Nouakchott) pour protester contre la hausse des prix.
A Kankossa moughataa de l’Assaba, située à la frontière malienne, un manifestant de 18 ans a été abattu par les forces de l’ordre alors que la foule tentait de pénétrer dans la maison Hakem (préfet) de la ville absent au moment des faits, a rapporté un témoin joint par téléphone par la chaine de Télévision Al Jazira de plus en plus prise pour cible par les sympathisants de Zeine Ould Zeidane.
Le jeune Cheikhna Ould Taleb Navee, 19 ans, a été touché à la tête par une balle tirée par un garde (Wane Hamidou) chargé de la protection de la préfecture de Kankossa, prise pour cible par des manifestants. A Djigueni, plus à l’Est, des témoins ont indiqué que la maison du Hakem avait été attaquée, de même que les bureaux de la société de téléphone Mauritel. Le chef local de la gendarmerie aurait également été blessé. L’un des blessés de Diguenni est mort jeudi, des suites de ses blessures.
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A Aioun capitale du Hodh El Gharbi des affrontements ont opposé vendredi la police à des manifestants en colère à Aïoun. Les manifestants ont razzié les magasins du commissariat à la protection sociale alimentaire et ont procédé à des distributions de vivres aux populations
A Nouadhibou, une manifestation dirigée par les élèves des établissements scolaires s’est produite le 10 novembre. Quelques dizaines de lycéens ont jeté des pierres sur des bâtiments publics et brûlés des pneus dans plusieurs quartiers de la capitale, Nouakchott, avant d’être dispersés par les forces anti-émeute. Des manifestations sont également signalées à Adel Begrou, Ould Yengé et Guerou.

L’opposition appelle au calme
L’opposition démocratique mauritanienne a réaffirmé "la poursuite des contacts et du dialogue avec les autorités », comme «le meilleur moyen de résoudre les problèmes, d’alléger la souffrance des citoyens, de réaliser la sécurité, la stabilité et la prospérité et de surmonter la grave situation que connaît le pays actuellement".
Le communiqué de insiste toutefois sur l’attachement des partis de l’opposition au "droit des citoyens à militer pour exprimer leur souffrance et réclamer leurs droits fondamentaux légitimes, en utilisant tous les moyens et méthodes pacifiques garantis par la constitution et par la loi"."Nous rejetons catégoriquement tout agissement exposant au danger, la sécurité des citoyens et celle de leurs biens publics et privés, tout en mettant en garde contre les mouvements conduits par les forces suspectes, en vue de perturber la stabilité dans le but de reprendre leur rôle dans l’orientation du pays", a déclaré l’opposition.
Les 5 partis ont en outre appelé «les pouvoirs publics à empêcher l’usage excessif et non justifié de la force (…) à l’encontre des citoyens, et à ouvrir une enquête» au sujet d’actes graves dont se sont rendus coupables, «certains citoyens et éléments des forces de sécurité, dans certaines zones du pays».
Parallèlement à cela, des partis d’opposition notamment le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et le Parti Mauritanien pour l’Unité et le changement (PMUC) ont rapporté l’arrestation de leurs responsables locaux dans le département de Kobenni (880 km au Sud-Est de Nouakchott). Une source sécuritaire a indiqué que les deux hommes étaient soupçonnés d’attiser la grogne sociale dans cette localité.
Les cinq principaux partis d’opposition a dénoncé vendredi dans un communiqué "les anciennes méthodes et le manque d’intérêt face aux souffrances des populations" de la part du gouvernement, qu’il a appelé au "dialogue".

Le Ministre de l’Intérieur invoque la manipulation
Dans un point de presse sommaire et solennel le ministre de l’Intérieur Yall Zakaria Alassane a prévenu vendredi 10 novembre que le gouvernement resterait ferme pour maintenir l’ordre public e dénonçant à l’occasion une "manipulation" des élèves par des «individus étrangers» à la famille scolaire. "Les manifestations qui partaient des écoles ont été récupérées par des individus étrangers à la famille scolaire qui, pour des raisons obscures, manipulaient et orientaient les manifestants en les incitant à s’attaquer aux biens et aux symboles de l’Etat", a déclaré le ministre de l’Intérieur M. Yall Zakaria Alassane. M. Yall n’a pas nommément identifié "ces individus étrangers à la famille scolaire". Il a la regretté la mort d’un manifestant à Kankossa "lorsque des éléments des forces de l’ordre ont procédé à des tirs de sommation pour stopper les élans velléitaires de la foule qui déferlaient vers les édifices publics et les menaçaient directement". "Je saisi cette occasion pour exprimer au nom du président de la république les condoléances à la famille du défunt", a poursuivi le ministre.
Un peu plus tôt dans la journée du vendredi, le conseiller du premier ministre Sidi Ould Zeine, avait déclaré à l’AFP que "le gouvernement regrette les victimes mais restera ferme sur la garantie de la sécurité des personnes et des biens, (...) il ne restera pas les bras croisés devant tout extrémisme ou dérapage". «Le fait que ce sont les jeunes lycéens et non les ménages qui manifestent prouve qu’il y a manipulation", avait estimé Ould Zeine dans donner plus de détails, rappelant que "toute manifestation doit faire l’objet d’une autorisation préalable». A noter enfin que Abdel Aziz Ould Dahi ministre de la fonction publique et de la modernisation de l’Administration porte ^parole du Gouvernement organise le samedi 10 novembre à 16heures (GMT) une conférence de presse dans laquelle des mesures destinées à alleger les souffrances des populations seront annoncées.

 


 


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