Le gouvernement japonais révise la Constitution pacifiste   
01/07/2014

Le gouvernement japonais a adopté mardi une résolution levant le garde-fou constitutionnel qui empêche le Japon de mener des opérations militaires à l’étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, un choix diversement accueilli dans le pays et à l’étranger



Ce projet de révision de la doctrine pacifiste du pays, à l’initiative du Premier ministre Shinzo Abe, marque le tournant le plus important depuis la création, il y a 60 ans, d’une force armée qui est restée cantonnée depuis cette date à un rôle purement défensif.
  La nouvelle interprétation de la Constitution de 1947, adoptée à l’époque pour enterrer les visées expansionnistes du Japon, pourrait également faciliter l’intervention de troupes nippones dans le cadre de missions de l’Onu ainsi que dans la "zone grise" des conflits de faible ampleur.
   La résolution du gouvernement, qui propose de mettre fin à l’interdiction du droit à l’"auto-défense collective", va être à présent soumise au Parlement.
  Les conservateurs jugent que l’article 9 de la Constitution - celui que propose de modifier le gouvernement Abe - empêche le pays de se défendre correctement et jugent que les nouveaux équilibres géopolitiques dans cette région du monde, où la Chine prend une place croissante, exigent un dépoussiérage de la doctrine héritée de l’immédiat après-guerre.
  Shinzo Abe plaidait en faveur de cette nouvelle lecture depuis son arrivée au pouvoir il y a un an et demi, et ce malgré l’hostilité d’une grande partie de la population toujours attachée à l’article 9.
  Un sondage publié lundi dans le quotidien financier Nikkei relevait que 50% des électeurs se disent opposés à ce projet - contre 34% de partisans - et une manifestation a rassemblé lundi plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tokyo. Parmi les mots d’ordre: "Je ne veux pas voir mourir nos enfants et nos soldats."
    Mardi, de nouveau, des centaines de manifestants ont défilé près du bureau du Premier ministre pour tenter de s’opposer à l’adoption du projet.
  Le projet de Shinzo Abe est par ailleurs susceptible de dégrader encore les relations avec Pékin, qui entretient déjà des relations houleuses avec Tokyo en raison de contentieux territoriaux et du souvenir de la Deuxième Guerre mondiale.
   L’agence officielle de presse chinoise Chine nouvelle a estimé mardi que Shinzo Abe "jou(ait) avec le spectre de la guerre".
   Au cours de son point de presse quotidien, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, qui s’exprimait avant la réunion du gouvernement Abe, a appelé le Japon à prendre en compte les inquiétudes des pays de la région.
  "Les concurrents du Japon pourront plus facilement le dépeindre comme le loup dans la bergerie", estime Richard Samuels, directeur du Centre d’études internationales au Massachusetts Institute of Technology. Mais, ajoute le chercheur, "ce n’est pas parce que le Japon est fort qu’il sera agressif."
    En revanche, cette révision devrait satisfaire les Etats-Unis, également inquiets des ambitions de Pékin et soucieux de traiter avec un partenaire plus solide en Asie.


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