Après les critiques de l’Opposition : Le Gouvernement sur la défensive    
22/10/2007

Après la conférence de presse du 9 octobre de l’opposition démocratique, les membres du gouvernement plutôt somnolents ces derniers temps (mis à part les titulaires des portefeuilles de l’Education, de la société civile, de la Santé et de l’Emploi) sont montés au créneau pour donner la réplique.
D’abord ce fut le ministre du Pétrole et des Mines, qui, le 10 octobre a parlé en pur technocrate. Puis ce fut le ministre secrétaire général de la Présidence Yahya Ould Ahmed Waghef le pilote du parti présidentialiste qui a apporté le 14 octobre une réponse politique aux préoccupations politiques de l’opposition.



Ensuite, ce sont les ministres de l’Economie et des Finances et celui du Commerce et de l’Industrie qui ont tenté de démentir le 15 octobre ensemble -et assez tièdement du reste- la hausse des prix. Enfin ce fut la grosse artillerie. Le 16 octobre, Kane Ousmane, Gouverneur de la BCM a mis sur le tapis une baisse de 2% du taux directeur en vue de relancer l’économie. Pratiquement tous les ministres ou assimilés concernés par les critiques de l’opposition sont montés au charbon, sauf un seul : le ministre de la Défense lequel n’a pas daigné organisé une conférence de presse pour apporter un démenti aux informations relatives à l’installation du futur quartier général de l’Africom en Mauritanie.

 

Les parlementaires vont se prononcer sur l’ouverture du capital de la SNIM 

Comme pour réagir à la conférence de presse organisée par l’Opposition démocratique qui a dénoncé le 9 octobre -entre autres- l’ouverture envisagée du capital de la SNIM, M. Mohamed El Moctar Ould Mohamed El Hacen,ministre du Pétrole et des ¨Mines a déclaré le 10 octobre que la conjoncture internationale favorable de la vente du fer liée à la forte demande des pays asiatiques et la concurrence des pays producteurs ont conduit la SNIM à entreprendre, l’année dernière , une étude stratégique de son développement.
Les conclusions de l’étude demandée auprès du cabinet Corporate Value Associated (CVA) soumises au Gouvernement l’ont amené -selon le ministre- à demander auprès du même cabinet, une deuxième étude dont les termes n’ont été finalisés que mardi 9 octobre afin de prendre des mesures nécessaires, pour tenir compte de la situation mondiale.
"Tout choix arrêté à l’issue des recommandations de l’étude ne pourra être exécuté sans les consultations des deux chambres du Parlement. La vente de la SNIM n’est pas la question de l’heure" a insisté le ministre des Mines pour qui le temps est plutôt la recherche des meilleures voies pour préserver la SNIM de la concurrence à laquelle se livrent les producteurs à l’ère de la mondialisation. Le ministre a indiqué que le processus engagé par le gouvernement tiendra compte de intérêts de la SNIM et du peuple mauritanien
«La SNIM ne sera pas bradée, ni vendue, mais pour les besoins de son développement dans une conjoncture mondiale extrêmement favorable, elle réexaminera les conclusions de l’étude stratégique faisant état des retombées positives et nombreuses opportunités qu’elle peut tirer en s’associant à un des plus célèbres leaders mondiaux» a ajouté le ministre.
Selon des analystes et prévisionnistes, la période de fastes actuelle avec l’envolée des cours du fer n’est pas éternelle et s’estomperait vers les horizons 2010/2013.
La SNIM emploie plus de 4000 agents permanents et participe fortement au produit intérieur brut de la Mauritanie, son capital est détenu à 78 % par l’Etat mauritanien. En 1987, elle a traversé une période crise après une période de fastes. L’Etat Mauritanien était venu à son secours en finançant à l’époque son premier plan social. Avec des perspectives annonçant la fin de l’embellie, l’Etat songe peut être à prendre les devants.

 

La majorité présidentielle évolue vers une nouvelle coalition

Quelques jours après une conférence de presse entièrement consacrée à la SNIM et animée par Mohamed El Moctar Ould Mohamed El Hacen, le ministre du Pétrole et des Mines, Yahya Ould Ahmed El Waghef le ministre secrétaire général de la Présidence et coordinateur du parti de la mouvance présidentielle organisait le 14 juillet une conférence pour défendre la création d’un parti de la majorité présidentielle taxé de futur «parti-Etat» par l’opposition.
Ould Ahmed El Waghef plutôt combatif, a voulu de répondre à deux questions: le pourquoi de la création d’un tel parti et la «campagne» véhiculée contre ce projet.
Selon lui, la création de ce parti est une nécessité car il va constituer le cadre idéal pour l’exercice de la politique dans une scène marquée par l’existence d’une large éventail des «forces centristes modérées» qui ont prouvé leur grande popularité aux élections législatives et présidentielles (allusion aux Indépendants et aux partis du Mithagh).
Ces forces a-t-il plaidé, se sont mobilisées derrière le programme du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi au cours des 1er et 2ème tours, programme qui enracine l’unité nationale, consolide la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance.
En réaction aux critiques formulées contre ce parti, Ould Ahmed El Waghef a indiqué qu’il s’agit d’une façon de «juger les intentions et constitue une pratique contraire à la démocratie et aux règles de la tolérance». «Ces critiques ne nous feront pas reculer, nous allons créer notre parti pour consolider la majorité au pouvoir» a-t-il lancé
Il a rappelé que les auteurs de ces critiques sont des présidents des partis et se sont présentés sous l’étiquette de leurs partis à la magistrature suprême. S’ils avaient remporté les élections, allaient-ils dissoudre leurs partis, s’est-il demandé?
Concernant l’avenir de la relation entre les composantes de la majorité présidentielle notamment l’APP, Ould Ahmed Waghef a indiqué que la majorité présidentielle (partis politiques et indépendants) est en train de s’organiser pour créer une coalition, précisant que l’APP reste membre de cette coalition et partenaire à part entière de celle-ci. D’ailleurs a-t-il ajouté : «Nous partageons le point de vue du président de l’APP, notre parti ne sera jamais un parti-Etat, il sera un parti au pouvoir».

 

L’argument des «effets externes»

Toujours dans la même lancée, les ministres de l’Economie et des Finances et du Commerce et de l’Industrie, ont organisé le 15 octobre une conférence de presse conjointe. Il s’agissait pour le duo ministériel d’éclairer la presse sur la situation économique du pays marquée selon l’Opposition par les hausses des prix. Abordant cette question, le ministre de l’Economie et des Finances Mohamed Abderrahmane Ould Hama Vezzaz s’est justifié en déclarant qu’il n’est pas possible de «mentir dans ce domaine». Il a reconnu que des prix ont effectivement connu une hausse pour certaines denrées précises comme des céréales qui parviennent de l’étranger ainsi que les hydrocarbures dont les prix s’étaient envolés à l’échelle mondiale, expliquant qu’il s’agit d’une question de marchés mondiaux qui concerne toute la planète.
«Ces effets externes, nous les ressentons en Mauritanie puisque nous importons les céréales que nous ne produisons pas» a-t-il dit.
A son tour, Sid’Ahmed Ould Rayess le ministre du Commerce et de l’Industrie, a déclaré que les marchés mauritaniens abondent de produits de consommation, au moment où certains pays connaissent des déficits d’approvisionnement en produits essentiels.

 

La BCM Ã  la rescousse de l’économie
Dans ce qui s’apparente à un bouée de sauvetage jetée pour le gouvernement, la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) a décidé mardi 16 octobre de baisser de 2% son taux d’intérêt directeur afin de stabiliser les prix et de contribuer à la relance de l’économie. C’est Kane Ousmane le gouverneur de la BCM qui l’annoncera au cours d’une conférence de presse organisée à la BCM. Le taux directeur de la BCM passe de 14% à 12%, une baisse décidée le conseil de politique monétaire qui peut avoir un effet significatif sur la stabilisation des prix, notamment des hydrocarbures et des céréales dont les prix ont fortement augmenté ces derniers mois.
La BCM a voulu ainsi accompagner les efforts du gouvernement visant à maîtriser l’évolution des prix surtout que l’une de ses missions principales est de contribuer à leur stabilité à travers ses deux instruments: la politique monétaire et la politique de change. M. Kane, qui a reconnu que certains produits avaient augmenté, a toutefois assuré que "sur un panier général de produits de consommation, on peut affirmer que l’évolution des prix est relativement faible" en Mauritanie par rapport aux pays voisins.
IOM

 

Banques privées :L’application de la loi bancaire pour bientôt
Le Gouverneur de la BCM a évoqué dans sa conférence de presse deux questions importantes : la situation de la Bacim Bank et l’application de la loi bancaire promulguée en mars 2007.
Concernant la Bacim Bank pratiquement en faillite et mise sous contrôle la BCM a décidé de la sauver à travers un plan visant la stabilisation de sa trésorerie, l’élaboration d’un plan de recouvrement de ses créances et la recherche d’un partenaire technique et financier pour cette banque privée.
Le patron de l’institut d’émission s’est exprimé également un autre sujet important, celui de l’élaboration des textes d’application de la loi bancaire promulguée en mars 2007 et qui tarde à être appliquée. Cette loi devrait contribuer à assainir les banques privées gangrenées par l’intrusion de flibustiers dans la profession et la gestion familiale et artisanale. Selon des observateurs économiques les banques privées Ã©tablies pour la plupart sur les cadavres des banques publiques bradées, constituent un obstacle plus qu’un vecteur du développement.


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