Ô qu’elle est joliment expressive, cette image! Ombre, regard de l’homme et objets vont dans la même direction que le vent qui les emporte. Et tout ce petit beau monde se livrant un combat de volonté acharné. Fantastique, comment ça peut faire rêver...
...fantasmer, philosopher... Un petit pan de tissu majestueux ! Il s’arrache à l’autorité de l’homme. Le turban s’évade, plane, se rebelle… poussé et propulsé par un vent de sable, violent et agressif, qui emporte tout, balayant de ses rafales cette nature austère qui, elle aussi, tape dur de son côté. Les espèces vivantes qui arrivent à s’y adapter, malgré des aléas de plus en plus difficiles, ont énormément de mal aujourd’hui à supporter cette pénibilité inévitable. Une complicité active entre climat et objet, un défi à l’homme. Et monsieur? Eprouvé, certes. Mais il ne se laisse pas faire, comme tout mec des terroirs sahéliens, du désert : endurant et tenace. Il se protège, couvrant les yeux en cachant la tête entre ses deux épaules, les doigts toujours fortement agrippés au turban rebelle, et enfonce les pieds, courageusement, dans ce sable mouvant qui s’étend vers l’infini, chauffé et illuminé par les rayons d’un soleil souvent brûlant. Il y prend de solides appuis …résiste aux assauts et aléas de la nature et …à l’adversité. Il ne lâche pas prise. Il se dit, répondant au défi: ’’Oses-tu me vaincre, pauvre petit vent?’’. Avec une telle volonté de survie, la réponse est naturellement: non, pas quand il est dans cette posture de combativité qui force le respect de l’adversaire. Au plus, le vent pourra le déstabiliser momentanément. Et encore ! Têtu qu’il est, le fils du désert, habitué à ces contrées inhospitalières et à leur climat pénible, ne s’avouera jamais vaincu. Armé d’une foi inébranlable, il ne reconnait pas la défaite: seulement le fatalisme. El Boukhary Mohamed Mouemel
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