Aidez cette pauvre ville de Kiffa   
17/04/2014

Les Ă©lections municipales et lĂ©gislatives ont pris fin après la lutte âpre menĂ©es par les parties engagĂ©es dans un duel qui a fini par dĂ©partager les prĂ©tendants Ă  notre reprĂ©sentation sur l’échiquier  politique rĂ©gional et national.

Assisterions-nous comme d’habitude...



...Ă  la politique des sièges vides dans un parlement oĂą les plus influents ont le dernier mot quant aux orientations des projets ? Ou participerions-nous une fois encore aux minables demandes de petits projets pour un petit village par lĂ  , un puits quelque part, des distributions de vivres pour quelques unes des «khaima» ou aux  tentes Ă©parpillĂ©es sur une superficie d’environ 36 000 km²(superficie de la Wilaya) ?
Cette grande ville de kiffa continue de grandir, s’élargir, d’accueillir de nouveaux arrivants comme Ă  l’accoutumĂ©e dans l’anarchie et dans une totale indiffĂ©rence et insouciance de nos vaillants politiciens,  qui se vantent d’entendre les Ă©loges : cadres, hommes politiques, « woujeha » (je n’ai pas d’explication pour ce dernier mot je demanderai volontiers Ă  tout en chacun de l’expliquer comme il le trouve).
                  
Pour rafraichir un tout petit la mĂ©moire de certains d’entre nous, qui avaient votĂ© par le passĂ© pour des personnes censĂ©es  reprĂ©senter  la Moughataa de Kiffa pour laquelle ils ont Ă©tĂ© Ă©lus  mĂŞme,  si nous savons qu’en gĂ©nĂ©ral, il y a un forcing de candidats potentiels pour certains partis politiques, nous avions assistĂ© honteusement la plupart du temps Ă  des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs clouĂ©s dans leurs fauteuils sans un mot et si rarement mot il y’avait, c’était juste pour demander certaines choses qu’eux-mĂŞmes pouvaient financer par leur propres moyens (juste pour dire que c’était insignifiant).
Aujourd’hui, notre Moughataa dispose de 3 dĂ©putĂ©s au lieu de 2, n’est-ce pas, une occasion pour nous, de lever le ton, de ne plus accepter  cette politique de suivisme, d’exposer les vrais problèmes de cette ville, la deuxième plus grande après Nouakchott, de les diagnostiquer et de trouver les solutions qui s’imposent ou me diriez vous que les problèmes ne sont pas identifiĂ©s ? Si cette question est posĂ©e je ne tarderais pas, Ă  Ă©numĂ©rer certains problèmes de cette ville :
- Manque crucial d’eau
- Absence d’infrastructures urbaines
- DĂ©labrement gĂ©nĂ©ralisĂ© des infrastructures scolaires (Ă©coles, collèges, lycĂ©es vĂ©tustes)
- Augmentation de la PauvretĂ© Ă  un degrĂ© très Ă©levĂ© (la plus grande partie de la population est rĂ©ellement pauvre)
- Destruction massive de  notre culture (nous avons malheureusement par l’influence politique perdu nos valeurs culturelles qui autrefois faisaient notre fiertĂ©)
- Insuffisance d’infrastructures routières (peu ou pas de goudron dans une grande partie de la ville),
- Insuffisance voir inexistence de l’électricitĂ© (ne couvre pas la ville, l’éclairage public  1/20 (essayer de rentrer Ă  kiffa pendant la nuit vous n’aurez mĂŞme l’impression que vous ĂŞtes dans une ville), 
- Absence d’assainissement (ordures, canalisation pour Ă©vacuation des eaux)
- DĂ©gradation Ă  une grande Ă©chelle des activitĂ©s culturelles et sportives
- Absence criant de lotissement de la ville  (loin d’être l’image d’une grande ville)
- Manque d’une politique agricole Ă©clairĂ©e  (grand potentiel en phoeniciculture non exploitĂ© et autres appuis agricoles insignifiant)
- Expropriation d’une grande partie de places publiques
- HĂ´pital rĂ©gional vĂ©tuste et gangrenĂ© par la corruption (lĂ  aussi l’espace qui Ă©tait censĂ© rĂ©servĂ© Ă  l’hĂ´pital a Ă©tĂ© en grande partie livrĂ© aux commerçants)
- Le centre de santĂ© et autres postes non fonctionnels (peut ĂŞtre Ă  65%)
- Infrastructures pastorales insuffisantes voire inexistantes
- L’anarchie et le manque d’organisation du secteur du transport.

La liste n’est pas exhaustive, c’est juste pour dire qu’il y a assez de problèmes dans cette ville qui sont restés sans solutions depuis belle lurette.

Le nouveau maire de la commune, qui n’est pas Ă  prĂ©senter pour les citadins de la ville doit, avec l’appui de ses conseillers qui sont pour la plupart de la ville de Kiffa,  s’atteler Ă  donner un nouveau visage Ă  cette ville  qui en a tant besoin.

Nos nouveaux dĂ©putĂ©s fraichement Ă©lus, doivent s’engager Ă  s’investir avec Ă©nergie Ă  dĂ©fendre l’intĂ©rĂŞt de la ville mais aussi penser Ă  la recherche de solutions aux problèmes. Ce travail doit, d’abord commencer par le rapprochement de ces derniers, des populations par l’ouverture de bureaux fonctionnels permettant  de capitaliser les donnĂ©es et de recevoir les dolĂ©ances des populations ciblĂ©es bien sur en prioritĂ© Ă  des intĂ©rĂŞts communs et non individuels.

Kiffa ne doit pas ĂŞtre aussi dĂ©sagrĂ©able, qu’on lui prĂ©fère des petits villages sortis du fond des dunes de sable. Nous ne pouvons passer un jour sans qu’on nous parle sur les mĂ©dias publics et privĂ©s, des rĂ©alisations effectuĂ©es par ci par lĂ , le lotissement pour la modernisation de tel ou tel village, l’extension de telle ville, l’adduction en eau des khaimas de telle zone, la construction d’un HĂ´pital  dans une ville dont la  population ne dĂ©passe pas 20 000 hbts alors que dans l’une des plus petites villes de naissance et grande de population, aucun plan de dĂ©veloppement n’a vu le jour ou du moins n’a Ă©tĂ© mis en Ĺ“uvre . Cette ville a grandi de façon très rapide,  ce phĂ©nomène n’est pas du au hasard, il est tout simplement du Ă  l’afflux des populations venues de partout de la Mauritanie, fuyant les terribles  sĂ©cheresses qui se sont succĂ©dĂ©es dans les annĂ©es 70 et 80. Kiffa est la seule ville qui reflète rĂ©ellement l’image de la Mauritanie. Le brassage ethnique est très dĂ©veloppĂ© en plus du mĂ©tissage, nous avons une reprĂ©sentation je dirai de toutes les tribus de la Mauritanie : Idawaly, Messoume, Chratit, Sidi Mahmoud, Laghlal, Deiboussat, Tejekanet, Smassid, Kounta, Ideichili, Rgueibatt, une importante communautĂ© de Ehel Gueble toutes tribus confondues il y a Ă©galement les negro africains (Pular, Bambara, Wolof, SoninkĂ©, Mossi etc.) engloutis dans un tourbillon de positionnement identitaire : des enfants Ă  père negro africain et de mère mauresque (blanche ou haratine) et vis-versa. Cette ville est parmi les premières qui avaient su lutter contre l’esclavage avant mĂŞme la loi d’abolition de 1981. Tous ces atouts constituĂ©s ne sont-ils pas suffisants pour accorder de l’importance Ă  ce type de cohĂ©sion sociale ?

Mohamed Camara dit Elbane
Email : mohdcamara@yahoo.fr
Tel : 00 222 46 57 39 06 / 22 02 67 76


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