Pour vaincre le terrorisme en Afrique, il faut une synergie des actions   
10/12/2013

La question de l’instabilité et le terrorisme islamique dans la zone du Sahel africain s’étendant de la Mauritanie jusqu’à Somalie, a été examinée largement à New York par l’Assemblée générale de l’Onu.



 Les rĂ©centes attaques des terroristes au Kenya et au Nigeria, avec leur lot de victimes ont servi de prĂ©texte Ă  ces discussions sur ces sujets essentiels pour l’Afrique.

L’attaque du 21 septembre dernier par les combattants du groupe islamique radical somalien dénommé « Shebab » qui est, en fait, une cellule d’Al-Qaïda, sur le centre commercial « Westgate » à Nairobi, a été un choc pour les habitants de cette ville de paix, réputée capitale touristique de l’Afrique orientale. Près de 70 personnes ont péri au cours de cette opération. Les leaders de ce groupe ont menacé qu’ils ne s’arrêteront pas à cette action meurtrière mais frapperont d’autres coups encore plus graves, puisque le pouvoir du Kenya a rejeté leur exigence d’évacuer ses troupes de Somalie. Ils ont promis « de transformer les villes kenyanes en ruine et remplir les rivières de sang, qui inondera Nairobi ».

Une semaine après la tragédie kenyane, il y avait une attaque sur un collège au Nigeria, où les terroristes ont fusillé quelques dizaines d’élèves. Un énième coup qui porte la signature du groupe radical islamique « Boko Haram », avec qui le pouvoir fait la guerre depuis déjà quelques années. Créé en 2002 au nord du Nigeria, (où la grande partie de la population est musulmane), ce groupe prône l’application d’une version de la Charia et du djihad sur la base d’une idéologie qui soutient que tout individu qui ne s’y conforme pas est un ennemi d’Allah à abattre.

« Boko Haram » qui n’était qu’une petite organisation marginale en 2011, a été transformé en un puissant mouvement antigouvernemental. Les attentats se réalisent pratiquement chaque jour. Les explosions se passent au nord du pays, et dans la capitale. En août 2011, ces diaristes ont fait exploser la représentation de l’Onu à Abuja, où 24 personnes ont péri. Au total, le nombre de victimes des attaques a franchi le nombre de douze mille personnes tuées.

Les attentats au Kenya et au Nigeria ont jetĂ© l’émoi dans la communautĂ© internationale, qui a exprimĂ© son inquiĂ©tude face Ă  la montĂ©e en puissance de l’activitĂ© des groupements religieux militarisĂ©s en Afrique, et dans le monde entier. À l’Ag de l’Onu, les africains ont soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de l’approche coordonnĂ©e pour l’élimination des menaces dans le domaine de la sĂ©curitĂ©. Le prĂ©sident du Nigeria Goodluck Jonathan a relevĂ© l’importance de la conjonction des efforts pour la lutte contre le terrorisme en soutenant que « le terrorisme n’a pas de frontières, par consĂ©quent, il faut une synergie des actions.

Le président du Sénégal, Macky Sall a reconnu que malgré la victoire des troupes de l’Afrique de l’ouest, avec le soutien de la France, face aux islamistes au Mali, on n’en a pas encore fini avec le terrorisme dans la région si l’on sait que les djihadistes se sont repliés dans divers endroits. Il a indiqué que même si la menace du terrorisme n’est pas liquidée, « avec des opérations communes, nous pourrons résister à cette menace sur la sécurité en Afrique ». Selon le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, « la zone du Sahel est devenue le refuge des trafiquants de drogues et des terroristes dont la présence représente une menace réelle sur la sécurité régionale ».

Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon a souligné l’importance de « l’élaboration de la stratégie, à long terme, selon l’élimination des menaces dans le domaine de la sécurité dans cette région africaine ». Il a prévenu du danger de ce que « le radicalisme et l’idéologie violente peuvent se montrer attrayant à la jeunesse de la région ».

Les événements sanglants au Kenya ont obligé les pouvoirs de l’Ouganda voisin à accepter les mesures de sécurité accrues, puisque les forces armées du pays participent activement aux opérations africaines de maintien de paix en Somalie. La protection s’est intensifiée autour d’importants sites dans la capitale Kampala et ses banlieues.

Le 5 octobre, les États-Unis ont entrepris les opĂ©rations de liquidation des leaders d’Al-QaĂŻda et "Shebab", qui, selon leur affirmation, sont impliquĂ©s dans les explosions des ambassades amĂ©ricaines en 1998, en Tanzanie et au Kenya, qui avaient coĂ»tĂ©es la vie Ă  224 personnes. Si les agents des unitĂ©s spĂ©ciales amĂ©ricaines ont rĂ©ussi Ă  prendre Ă  Tripoli le libyen Abou Anas Al-Libi, que la Police judiciaire fĂ©dĂ©rale avait inscrit sur la liste des terroristes les plus recherchĂ©s, l’opĂ©ration en Somalie a par contre Ă©chouĂ©. En reprĂ©sailles Ă  la capture d’Al Libi, les islamistes de Libye ont annoncĂ© « le dĂ©but de la chasse aux AmĂ©ricains », qu’ils ont l’intention d’utiliser comme otages, en l’échange de la libĂ©ration d’Al-Libi.

En Somalie les militaires américains n’ont pas réussi à prendre le terroriste Abdelkader Mohamed Abdelkader. L’assaut sur la villa supposée l’abriter s’est terminé sans succès suite au repli des américains du fait de la forte résistance des combattants somaliens retranchés dans la maison avec une puissance de feu inouïe qui a obligé les agents des unités spéciales à battre en retraite.

L’intensification de ces groupements religieux terroristes dans de nombreux pays africains est surtout liée à des contextes sociaux intérieurs. Selon le directeur du Centre des études du radicalisme au Collège britannique royal Alexander Meleagrou-Hitchens, « la pauvreté, la corruption, les crises politiques constituent un terreau favorable à la diffusion des idées radicales. Le terrorisme africain a un lien avec l’islamisme radical militant, tout au moins, au niveau de l’idéologie ». De l’avis de l’expert, « la tendance à la propagation des idées du djihad en Afrique se poursuivra tant que les sources du mal que sont la pauvreté et la corruption, ne disparaîtront pas.
Par Malick Coumba Seck

Source : lesoleil.sn


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