La question de l’instabilité et le terrorisme islamique dans la zone du Sahel africain s’étendant de la Mauritanie jusqu’à Somalie, a été examinée largement à New York par l’Assemblée générale de l’Onu.
Les rĂ©centes attaques des terroristes au Kenya et au Nigeria, avec leur lot de victimes ont servi de prĂ©texte Ă ces discussions sur ces sujets essentiels pour l’Afrique. L’attaque du 21 septembre dernier par les combattants du groupe islamique radical somalien dĂ©nommĂ© « Shebab » qui est, en fait, une cellule d’Al-QaĂŻda, sur le centre commercial « Westgate » Ă Nairobi, a Ă©tĂ© un choc pour les habitants de cette ville de paix, rĂ©putĂ©e capitale touristique de l’Afrique orientale. Près de 70 personnes ont pĂ©ri au cours de cette opĂ©ration. Les leaders de ce groupe ont menacĂ© qu’ils ne s’arrĂŞteront pas Ă cette action meurtrière mais frapperont d’autres coups encore plus graves, puisque le pouvoir du Kenya a rejetĂ© leur exigence d’évacuer ses troupes de Somalie. Ils ont promis « de transformer les villes kenyanes en ruine et remplir les rivières de sang, qui inondera Nairobi ». Une semaine après la tragĂ©die kenyane, il y avait une attaque sur un collège au Nigeria, oĂą les terroristes ont fusillĂ© quelques dizaines d’élèves. Un Ă©nième coup qui porte la signature du groupe radical islamique « Boko Haram », avec qui le pouvoir fait la guerre depuis dĂ©jĂ quelques annĂ©es. CrĂ©Ă© en 2002 au nord du Nigeria, (oĂą la grande partie de la population est musulmane), ce groupe prĂ´ne l’application d’une version de la Charia et du djihad sur la base d’une idĂ©ologie qui soutient que tout individu qui ne s’y conforme pas est un ennemi d’Allah Ă abattre. « Boko Haram » qui n’était qu’une petite organisation marginale en 2011, a Ă©tĂ© transformĂ© en un puissant mouvement antigouvernemental. Les attentats se rĂ©alisent pratiquement chaque jour. Les explosions se passent au nord du pays, et dans la capitale. En aoĂ»t 2011, ces diaristes ont fait exploser la reprĂ©sentation de l’Onu Ă Abuja, oĂą 24 personnes ont pĂ©ri. Au total, le nombre de victimes des attaques a franchi le nombre de douze mille personnes tuĂ©es. Les attentats au Kenya et au Nigeria ont jetĂ© l’émoi dans la communautĂ© internationale, qui a exprimĂ© son inquiĂ©tude face Ă la montĂ©e en puissance de l’activitĂ© des groupements religieux militarisĂ©s en Afrique, et dans le monde entier. À l’Ag de l’Onu, les africains ont soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de l’approche coordonnĂ©e pour l’élimination des menaces dans le domaine de la sĂ©curitĂ©. Le prĂ©sident du Nigeria Goodluck Jonathan a relevĂ© l’importance de la conjonction des efforts pour la lutte contre le terrorisme en soutenant que « le terrorisme n’a pas de frontières, par consĂ©quent, il faut une synergie des actions. Le prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal, Macky Sall a reconnu que malgrĂ© la victoire des troupes de l’Afrique de l’ouest, avec le soutien de la France, face aux islamistes au Mali, on n’en a pas encore fini avec le terrorisme dans la rĂ©gion si l’on sait que les djihadistes se sont repliĂ©s dans divers endroits. Il a indiquĂ© que mĂŞme si la menace du terrorisme n’est pas liquidĂ©e, « avec des opĂ©rations communes, nous pourrons rĂ©sister Ă cette menace sur la sĂ©curitĂ© en Afrique ». Selon le prĂ©sident du Burkina Faso, Blaise CompaorĂ©, « la zone du Sahel est devenue le refuge des trafiquants de drogues et des terroristes dont la prĂ©sence reprĂ©sente une menace rĂ©elle sur la sĂ©curitĂ© rĂ©gionale ». Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Onu Ban Ki-Moon a soulignĂ© l’importance de « l’élaboration de la stratĂ©gie, Ă long terme, selon l’élimination des menaces dans le domaine de la sĂ©curitĂ© dans cette rĂ©gion africaine ». Il a prĂ©venu du danger de ce que « le radicalisme et l’idĂ©ologie violente peuvent se montrer attrayant Ă la jeunesse de la rĂ©gion ». Les Ă©vĂ©nements sanglants au Kenya ont obligĂ© les pouvoirs de l’Ouganda voisin Ă accepter les mesures de sĂ©curitĂ© accrues, puisque les forces armĂ©es du pays participent activement aux opĂ©rations africaines de maintien de paix en Somalie. La protection s’est intensifiĂ©e autour d’importants sites dans la capitale Kampala et ses banlieues. Le 5 octobre, les États-Unis ont entrepris les opĂ©rations de liquidation des leaders d’Al-QaĂŻda et "Shebab", qui, selon leur affirmation, sont impliquĂ©s dans les explosions des ambassades amĂ©ricaines en 1998, en Tanzanie et au Kenya, qui avaient coĂ»tĂ©es la vie Ă 224 personnes. Si les agents des unitĂ©s spĂ©ciales amĂ©ricaines ont rĂ©ussi Ă prendre Ă Tripoli le libyen Abou Anas Al-Libi, que la Police judiciaire fĂ©dĂ©rale avait inscrit sur la liste des terroristes les plus recherchĂ©s, l’opĂ©ration en Somalie a par contre Ă©chouĂ©. En reprĂ©sailles Ă la capture d’Al Libi, les islamistes de Libye ont annoncĂ© « le dĂ©but de la chasse aux AmĂ©ricains », qu’ils ont l’intention d’utiliser comme otages, en l’échange de la libĂ©ration d’Al-Libi. En Somalie les militaires amĂ©ricains n’ont pas rĂ©ussi Ă prendre le terroriste Abdelkader Mohamed Abdelkader. L’assaut sur la villa supposĂ©e l’abriter s’est terminĂ© sans succès suite au repli des amĂ©ricains du fait de la forte rĂ©sistance des combattants somaliens retranchĂ©s dans la maison avec une puissance de feu inouĂŻe qui a obligĂ© les agents des unitĂ©s spĂ©ciales Ă battre en retraite. L’intensification de ces groupements religieux terroristes dans de nombreux pays africains est surtout liĂ©e Ă des contextes sociaux intĂ©rieurs. Selon le directeur du Centre des Ă©tudes du radicalisme au Collège britannique royal Alexander Meleagrou-Hitchens, « la pauvretĂ©, la corruption, les crises politiques constituent un terreau favorable Ă la diffusion des idĂ©es radicales. Le terrorisme africain a un lien avec l’islamisme radical militant, tout au moins, au niveau de l’idĂ©ologie ». De l’avis de l’expert, « la tendance Ă la propagation des idĂ©es du djihad en Afrique se poursuivra tant que les sources du mal que sont la pauvretĂ© et la corruption, ne disparaĂ®tront pas. Par Malick Coumba Seck Source : lesoleil.sn
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